CULTURE
Aleksandras Brokas : Le film « Le Couloir sans fin » reflète l'une des douloureuses tragédies humaines dont le monde a été témoin VIDEO

Rabat, 26 février, Chouaib Brhadda, AZERTAC
A l’occasion du trente-troisième anniversaire de la tragédie de Khodjaly, le film documentaire « Le Couloir sans fin » du réalisateur lituanien Aleksandras Brokas a été projeté dans l'une des grandes salles de cinéma de Rabat, la capitale marocaine. Le film met en lumière une tragédie humaine qui a laissé des traces et des souvenirs émotionnellement tristes.
Le correspondant de l’agence AZERTAC a interviewé le réalisateur Aleksandras Brokas, qui a répondu aux questions concernant sa carrière professionnelle et son œuvre, le film « Le Couloir sans fin ».
Q : Parlez-nous un peu de votre expérience en tant que réalisateur de documentaires.
En tant que réalisateur de documentaires, mon parcours a toujours été guidé par la volonté de mettre en lumière les histoires humaines derrière les conflits, l’histoire et les enjeux sociaux. Je considère que le cinéma n’est pas seulement un art, mais aussi un puissant outil de vérité et de sensibilisation.
Mon travail m’a conduit dans différentes régions du monde, notamment en Europe post-soviétique et au Moyen-Orient, où j’ai documenté les souffrances, la résilience et les témoignages des populations affectées par la guerre et l’injustice. J’ai commencé ma carrière à la télévision finlandaise, mais mon profond intérêt pour l’histoire et les relations internationales m’a amené à me consacrer au documentaire.
Ce qui me motive avant tout, c’est de donner la parole à ceux qui ont été réduits au silence. Je vois le cinéma comme un pont qui relie différentes cultures et perspectives, en favorisant le dialogue et la compréhension.
Q : Dans quelles conditions votre film sur le génocide de Khodjaly a-t-il été tourné ?
Le Couloir sans fin a été tourné dans des conditions particulièrement difficiles. Nous avons mené un travail approfondi en Azerbaïdjan, en rencontrant des survivants, des témoins et des journalistes qui avaient couvert le massacre de Khodjaly en 1992.
L’un des plus grands défis a été d’écouter et de retranscrire les témoignages de ceux qui avaient perdu leurs familles et leur foyer. Ce sont des récits d’une douleur indescriptible, et en tant que cinéaste, il était essentiel d’aborder ces histoires avec une grande sensibilité et un profond respect.
Nous avons également consacré beaucoup de temps à la recherche d’archives et à la structuration du récit pour que le film ne se limite pas à un récit tragique, mais qu’il montre aussi la force des survivants et leur quête de justice.
Au-delà des défis techniques et logistiques, la charge émotionnelle de ce documentaire a été un des aspects les plus éprouvants. Être confronté à la douleur des victimes a transformé ce projet en une véritable mission personnelle.
Q : Quel est votre avis sur la projection de votre documentaire dans un pays du monde arabe, en l’occurrence le Maroc ?
C’est un immense honneur de présenter Le Couloir sans fin au Maroc, un pays riche d’une histoire et d’une culture profondément enracinées dans la justice, les droits de l’homme et la quête de paix. Le monde arabe, y compris le Maroc, a connu ses propres conflits, exodes et tragédies humanitaires, ce qui rend ce récit d’autant plus pertinent.
Je suis convaincu que le public marocain, avec son sens aigu de la solidarité et de la justice, sera sensible aux thèmes du film. Cette projection est une occasion importante de rappeler que les tragédies comme celle de Khodjaly ne sont pas seulement des drames azerbaïdjanais ou régionaux, mais qu’elles font partie d’une mémoire humaine collective. Se souvenir et reconnaître ces événements, c’est avancer vers un avenir où de telles atrocités ne se répètent plus.
Le fait que Le Couloir sans fin ait été diffusé sur Al Jazeera pendant cinq années consécutives montre bien l’intérêt du monde arabe pour ces récits et confirme que le cinéma documentaire peut servir de passerelle entre les cultures. Ces films nous permettent d’engager des discussions essentielles sur la paix, la mémoire et la justice.