MONDE
COP29 : le changement climatique constitue une menace croissante pour les personnes fuyant déjà la guerre
Bakou, 13 novembre, AZERTAC
Les personnes contraintes de fuir la guerre, la violence et la persécution se retrouvent de plus en plus souvent en première ligne de la crise climatique mondiale et exposées à une combinaison mortelle de menaces sans pour autant disposer des fonds et du soutien nécessaires pour s’adapter, selon un nouveau rapport de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, présenté ce mardi à la Conférence sur le climat COP29.
« Pour les personnes les plus vulnérables du monde, le changement climatique est une dure réalité qui affecte profondément leur vie », a déclaré le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi.
Sur les plus de 120 millions de personnes déplacées de force dans le monde, les trois quarts vivent dans des pays fortement touchés par le changement climatique. La moitié d’entre eux se trouvent dans des endroits touchés à la fois par des conflits et des risques climatiques graves, comme l’Éthiopie, Haïti, le Myanmar, la Somalie, le Soudan et la Syrie, a détaillé dans le nouveau rapport le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).
Selon ce document le nombre de pays confrontés à des risques climatiques extrêmes devrait passer de 3 à 65 d’ici 2040, la grande majorité d’entre eux accueillant des personnes déplacées. De même, la plupart des installations et des camps de réfugiés devraient connaître deux fois plus de jours de chaleur dangereuse d’ici à 2050.
« La crise climatique provoque des déplacements dans des régions qui accueillent déjà un grand nombre de personnes déracinées par les conflits et l’insécurité, ce qui aggrave leur situation et ne leur laisse aucun endroit sûr où aller », a ajouté M. Grandi.
Par exemple, le conflit dévastateur au Soudan a forcé des millions de personnes à fuir, dont 700.000 ont traversé le Tchad, qui accueille des réfugiés depuis des décennies et qui est pourtant l’un des pays les plus exposés au changement climatique. Dans le même temps, de nombreuses personnes qui ont fui les combats mais sont restées au Soudan risquent d’être à nouveau déplacées en raison des graves inondations qui ont frappé le pays.
De même, 72 % des réfugiés du Myanmar ont trouvé refuge au Bangladesh, où les risques naturels, tels que les cyclones et les inondations, sont considérés comme extrêmes.
« Dans notre région, où tant de personnes ont été déplacées depuis tant d’années, nous voyons les effets du changement climatique sous nos yeux », a affirmé Grace Dorong, une activiste climatique et ancienne réfugiée vivant au Soudan du Sud.
Elle espère que les voix des personnes mentionnées dans ce rapport aideront les décideurs à comprendre que si rien n’est fait, les déplacements forcés - et l’effet multiplicateur du changement climatique - s’aggraveront.
Le rapport du HCR publié souligne également que les réfugiés, les communautés d’accueil et les autres personnes vivant dans des pays fragiles et déchirés par la guerre n’ont pas accès au financement de la lutte contre le changement climatique, de sorte que leur capacité à s’adapter aux effets du changement climatique se détériore rapidement.
Par ailleurs, le document montre qu’à l’heure actuelle, les États extrêmement fragiles ne reçoivent qu’environ 2 dollars par personne en financement annuel pour l’adaptation, un manque à gagner stupéfiant comparé aux 161 dollars par personne dans les États non fragiles. Lorsque les investissements parviennent aux États fragiles, plus de 90 % sont destinés aux capitales, tandis que les autres régions en bénéficient rarement.
Ces conclusions sont publiées pendant la COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan, où le HCR appelle à une augmentation du financement climatique pour atteindre ceux qui en ont le plus besoin.
L’Agence pour les réfugiés exhorte également les Etats à protéger les personnes déplacées de force qui sont confrontées à la menace supplémentaire des catastrophes climatiques, et à leur donner, ainsi qu’aux communautés qui les accueillent, une voix dans les décisions financières et politiques.
« Les solutions sont à portée de main, mais il est urgent d’agir. Sans les ressources et le soutien appropriés, les personnes touchées seront prises au piège », a fait valoir M. Grandi. (ONU)