MONDE
Corée du Sud : l'opposition fait marche arrière concernant la destitution du président par intérim
Bakou, 24 décembre, AZERTAC
La principale formation de l'opposition, le Parti démocrate (PD), avait annoncé dans un premier temps mardi qu'elle allait entreprendre immédiatement des mesures pour procéder à la destitution du président par intérim Han Duck-soo, suite à son refus de promulguer deux projets de loi demandant l'ouverture d'enquêtes spéciales sur le président Yoon Suk Yeol pour l'imposition de la loi martiale et son épouse pour diverses affaires de corruption. Mais en fin d'après-midi, le parti a annoncé préférer attendre de voir si Han acceptera rapidement de nominer les juges désignés par l'Assemblée nationale pour rejoindre la Cour constitutionnelle, selon l’agence de presse Yonhap.
«Nous débuterons immédiatement la procédure de destitution contre le président par intérim et Premier ministre Han Duck-soo», avait déclaré Park Chan-dae, chef du groupe parlementaire du PD, lors d'une réunion du parti juste après une réunion du gouvernement présidée par Han lors de laquelle aucun examen des deux textes n'a eu lieu.
Selon Park, le président par intérim a montré clairement qu'il était opposé à la promulgation de ces projets de loi. «Il n'y a pas d'autre moyen d'interpréter cela que (comme une tactique) visant à gagner du temps et faire perdurer l'insurrection», a-t-il avancé, en faisant référence au chef d'inculpation qui pourrait concerner Yoon pour les faits commis durant sa tentative d'imposer la loi martiale.
La décision avait été prise lors d'une réunion du parti à l'unanimité des membres élus au Parlement, et la motion devait être déposée aujourd'hui puis présentée en session plénière de l'Assemblée nationale ce jeudi, d'après le porte-parole du parti, le député Yun Jong-kun.
Alors que la majorité qualifiée des deux tiers est nécessaire pour une destitution d'un président en exercice, une majorité simple suffit quand il s'agit d'un autre haut responsable du gouvernement.
Mais les deux grands partis s'affrontent déjà sur la règle qui s'appliquerait dans le cas d'une motion de destitution contre un président intérimaire. La formation au pouvoir, le Parti du pouvoir du peuple (PPP), considère que le président par intérim doit être traité de la même façon que n'importe quel président, tandis que le PD rétorque que Han doit être considéré avant tout comme Premier ministre.
Le PD avait dans les jours précédents menacé Han de destitution s'il décidait de ne pas promulguer ces textes au plus tard aujourd'hui.
Mais en fin d'après-midi, Park a annoncé à la presse que le parti avait décidé de faire preuve d'un peu plus de patience, le temps de voir si Han acceptera immédiatement de nommer officiellement les juges qui devront occuper les trois places vacantes à la Cour constitutionnelle.
L'Assemblée nationale est en charge de la désignation des juges pour ces trois sièges, et l'issue de ce processus pourrait avoir une grande importance sur le verdict final de la Cour qui doit examiner la validité de la motion de destitution contre Yoon. Peu importe si la Cour est contrainte de fonctionner avec seulement six juges ou un panel complet de neuf membres, la destitution devra être soutenue par six juges pour être validée.
L'Assemblée nationale a prévu de désigner officiellement les trois candidats ce jeudi. Le PD a donc décidé d'attendre jusqu'à ce moment-là, mais Park a mis en garde de nouveau Han qu'en cas de refus de procéder sans délai aux nominations de ces juges, la motion sera déposée jeudi et présentée en session plénière vendredi.
Le président de l'Assemblée nationale, Woo Won-shik, a donné une conférence de presse dans la journée lors de laquelle il s'en est pris à Han pour avoir décidé de retarder sa décision concernant les deux projets de loi et les nominations des juges tout en demandant aux deux camps de lancer des négociations en vue d'un compromis.
«Les enquêtes spéciales sont une demande de la population», a argumenté Woo. «Peu importe s'il demande de réexaminer (les textes) ou les accepte, c'est une décision qui appartient au président par intérim.»
Concernant la nomination des juges de la Cour constitutionnelle, Woo s'est montré intransigeant : «La nomination des juges des juges de la Cour constitutionnelle choisis par l'Assemblée nationale ne peut pas faire l'objet de négociations politiques».
Un haut responsable du bureau du Premier ministre a toutefois exprimé ses regrets concernant les menaces du PD. «Je trouve cela extrêmement regrettable et je suis convaincu qu'ils vont y réfléchir mûrement dorénavant», a-t-il confié aux journalistes.