MONDE
Corée du Sud : motion de destitution de Yoon Suk Yeol abolie faute de quorum suite au boycott du parti au pouvoir
Bakou, 7 décembre, AZERTAC
Une motion destinée à destituer le président Yoon Suk Yeol pour son imposition éphémère de la loi martiale a été abolie ce samedi faute de quorum, la plupart des députés du parti au pouvoir ont boycotté le vote.
L'Assemblée nationale a soumis à un vote la motion de destitution lors d'une session plénière quatre jours après que le président a décrété à la surprise générale la loi martiale mardi soir avant de la lever au bout de six heures suite au blocage par le Parlement.
Le vote qui s'est déroulé pendant environ trois heures, de 18h18 à 21h22, a été rendu invalide, le quorum n'ayant pas été atteint à cinq suffrages près, après que tous les 192 députés de l'opposition et trois élus du Parti du pouvoir du peuple (PPP) ont participé au vote dans l'hémicycle qui en compte 300. Les suffrages n'ont pas été dépouillés, le vote n'ayant pas pu aboutir.
Une motion de destitution est adoptée si elle obtient le soutien de deux tiers des 300 députés et en présence d'au moins autant de députés.
Avant l'ouverture de la session plénière, le PPP a décidé d'adopter comme consigne les rejets de la motion de destitution et d'un projet de loi qui appelait au lancement d'une enquête par un procureur spécial sur les allégations de corruption visant Kim Keon Hee, épouse du président.
Des députés du parti au pouvoir ont quitté la salle avant que la motion de destitution ne soit soumise au vote, après avoir participé au vote sur le projet de loi visant l'épouse du président.
Les trois députés du parti au pouvoir qui ont participé au vote sur la motion de destitution, à savoir Ahn Cheol-soo, Kim Yea-ji et Kim Sang-wook, semblent l'avoir fait conformément à leur conviction.
Le président de l'Assemblée nationale, Woo Won-shik, a appelé les députés du PPP à revenir à la session et à voter sur cette motion.
«Vous devez voter», a-t-il déclaré dans la salle parlementaire où se déroulait la session plénière. «C'est le devoir d'un patriote, d'un membre de l'Assemblée nationale de la république de Corée et d'une institution qui représente le peuple.»
C'est la troisième fois qu'une motion de destitution contre un chef de l'Etat en exercice a été soumise au vote au Parlement. Les motions destinée à destituer l'ex-président Roh Moo-hyun (2004) et l'ancienne présidente Park Geun-hye (2016) ont été toutes adoptées lors de la session plénière. Cee contre Roh avait toutefois été annulée par la Cour constitutionnelle, tandis que celle de Park avait été confirmée.
La motion de destitution contre Yoon avait été déposée en session plénière jeudi par 190 députés des six formations de l'opposition, avec à leur tête le Parti démocrate (PD), ainsi qu'un élu indépendant. Dans le texte de la motion, ils ont avancé que la proclamation de la loi martiale était une violation de la Constitution et d'autres lois concernant les principes de souveraineté du peuple et de la séparation des pouvoirs. Ils ont également affirmé que le décret de la loi martiale a porté atteinte à la liberté d'expression, plaçant tous les médias et publications sous le contrôle du commandement de la loi martiale et interdisant les rassemblements et associations.
Après l'abotion de la motion, le PPP a présenté à la population des excuses pour la débâcle de la loi martiale en promettant de faire toute la lumière et de prendre des mesures judiciaires.
Lee Jae-myung, le chef de la principale formation de l'opposition, s'est quant à lui dit déterminé à destituer à tout prix le président.
«Nous ne sommes pas parvenus à créer le résultat que nous voulions», a-t-il déploré. «Cela dit, nous ne renoncerons jamais», a-t-il ajouté.
Le PD projette de soumettre de nouveau une motion de destitution contre Yoon en séance extraordinaire parlementaire. (Yonhap)