CULTURE
Le patrimoine culturel de l’Azerbaïdjan a été visé par des tirs de roquettes de l’armée arménienne
Paris, 17 novembre, AZƏRTAC
Le site français Mediapart.fr a publié un article intitulé « Cessez le feu entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie » d’Ayaz Gojayev, délégué permanent par intérim de la République d’Azerbaïdjan auprès de l’UNESCO.
L’AZERTAC présente le texte intégral de cet article :
« Cessez le feu entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie : Bilan, Victimes civiles et dommages infligés aux infrastructures civiles et culturelles de l'Azerbaïdjan
Depuis le 27 septembre 2020, les forces armées arméniennes ont pris délibérément et systématiquement pour cible la population civile azerbaidjanaise, ainsi que les habitations privées et les infrastructures civiles, comme les hôpitaux, les écoles, ou bien encore le patrimoine culturel en Azerbaïdjan.
Au 9 novembre 2020, 93 civils au total, dont des enfants, des femmes et des personnes âgées, ont été tués, 407 civils ont été gravement blessés et hospitalisés. En outre, 3326 maisons privées, 120 immeubles d'habitation et 504 infrastructures civiles ont été endommagés et sont devenus inutilisables à la suite des attaques délibérées de l'Arménie.
Ce faisant, l'Arménie a violé de manière flagrante ses obligations en vertu du droit humanitaire international, y compris les Conventions de Genève de 1949 et ses protocoles additionnels, et ne respecte pas les cessez-le-feu humanitaires déclarés les 10, 18 et 25 octobre.
Les forces armées arméniennes ont continué à cibler ces derniers jours, les régions de Barda, Goranboy, Goygol et Tartar avec des roquettes et de l'artillerie lourde. À la suite de ces attaques, un civil - une femme de 53 ans - a été tué dans le village de Goranboy de Tapgaragoyunlu. Une roquette lancée par l'Arménie a touché le toit de la maison de la victime.
En outre, les forces armées arméniennes ont également tiré délibérément sur la région de Tartar alors qu'un groupe d'ambassadeurs, d'attachés militaires et de responsables d'organisations internationales accrédités en Azerbaïdjan se rendait dans la région.
Comme l'a rapporté le ministère des situations d'urgence (MES), les attaques de l'artillerie arménienne sur le territoire de la région de Goygol, située à l'écart de la zone de combat, ont provoqué des incendies de forêt. Au moment de la rédaction du rapport, le MES était engagé pour contenir la propagation et éteindre l'incendie.
La Sécurité Civile à l’œuvre au centre-ville de Ganja après un bombardement
Sur la seule journée du 16 octobre, les observateurs ont recensé une douzaine de civils morts et de nombreuses habitations et écoles détruites à Ganja. Plus tôt, une famille de 5 personnes dont deux enfants mineurs ainsi qu’un professeur à l’école de musique pour enfants de Tartar, un élève de 13 ans de l’école de musique de Naftalan, ainsi qu’un enfant de 14 ans habitant Aghjabadi, font partie des victimes recensées.
Depuis le début du conflit, 39 écoles et lycées ont été visés délibérément par des tirs des troupes armées arméniennes. Des écoles qui sont aujourd’hui, littéralement éventrées, des cours de récréation écrasées, ravagées par la mitraille et les obus.
Suites à ces attaques, la scolarité a été suspendue dans plus de 1200 écoles de la région et ce jusqu’à nouvel ordre, empêchant des dizaines de milliers d’élèves de se rendre à l’école.
Une école bombardée dans la zone de conflit
Récemment, des forces armées arméniennes ont lancé des attaques meurtrières dans la deuxième plus grande ville d’Azerbaïdjan, Ganja, et contre la ville industrielle de Mingachevir, ainsi que contre les régions de Khizi, Absheron, Aghdam, Aghjabadi, Goranboy, Barda, Beylagan et Tartar, ciblant volontairement des villes éloignées de la zone de conflit immédiat, des territoires densément peuplés et riches du patrimoine historique de l’Azerbaïdjan. On le voit, les forces militaires arméniennes avaient décidé une guerre totale contre la population azerbaïdjanaise et contre son identité.
Les habitations, les centres médicaux, les écoles mais également les monuments historiques, le patrimoine culturel sont délibérément visés et en raison de ces bombardements perpétrés par l’armée arménienne, un mausolée du 13ème siècle construit à la mémoire du grand Cheikh Babi Yagub, véritable sanctuaire sacré pour le peuple azerbaïdjanais et inscrit à l'inventaire national du patrimoine culturel de l'Azerbaïdjan, un Musée d'histoire-éthnographie de la région de Fuzuli, ainsi que de nombreux bâtiments de grande importance historique et culturelle, tels que le gymnase historique pour hommes de Ganja (Ganja Gymnasium, numéro d'inventaire 3838), construit en 1881 et qui était l'alma mater des fondateurs de la République démocratique d'Azerbaïdjan de 1918, la mosquée Imamzade du 9e siècle et l'église orthodoxe Alexandre Nevski du 19e siècle dans la ville de Ganja ont été gravement endommagés. Pire encore, l’armée occupante arménienne a détruit dans les territoires occupés, les mosquées, les lieux de culte saint ou bien les ont transformés en étable pour animaux de ferme. Force est de constater que les forces armées arméniennes commettent des crimes de guerre en toute impunité !
Le patrimoine culturel de l’Azerbaïdjan dans la zone a été délibérément visé par des tirs de roquettes, et cela est absolument inacceptable. La stratégie à l’œuvre est celle d’un pays, qui pour s’approprier le territoire de son voisin cherche à faire disparaître toutes traces historiques et culturelles qui viennent confirmer cette appartenance séculaire. On assiste aujourd’hui, purement et simplement, à ce que l’on pourrait comparer à un « nettoyage » culturel qui doit absolument et fermement être condamné et stoppé de façon urgente, par toute la communauté internationale.
Tout récemment, la ville antique de Gandja en Azerbaïdjan, a été la cible d’un déluge de bombes ravageant le centre-ville historique et causant des pertes irrémédiables.
Ville de culture, l’Unesco avait dernièrement rendu hommage au travers le poète et philosophe azerbaïdjanais Nizami Ganjavi et de Mahsati Ganjavi, poétesse, écrivaine, peintre et calligraphe du XIIe siècle.
Le centre historique de Gandja ravagé par les bombes
Dénoncer les crimes de guerre des forces arméniennes et alerter la communauté internationale sur les besoins des populations civiles azerbaïdjanaises.
L’Arménie a violé de manière flagrante les résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU qui a exhorté toutes les parties d’un conflit armé à respecter le caractère civil des écoles conformément au droit international humanitaire. Ces violations devront faire l’objet d’enquêtes internationales et leurs responsables doivent être poursuivis et jugés pour crimes de guerre.
Je veux ici dénoncer les crimes de guerre des forces militaires de l’Arménie et alerter la communauté internationale sur les besoins des populations civiles azerbaïdjanaises et en priorité le retour à la vie scolaire des enfants privés d’éducation, à cause de la guerre. Je souhaite également informer mes collègues de l’Unesco de la volonté délibérée des forces armées arméniennes de détruire le patrimoine historique millénaire de l’Azerbaïdjan ».