POLITIQUE
Médiapart publie une lettre ouverte adressée aux présidents de la République, du Sénat et de l’Assemblée nationale
Paris, 6 janvier, AZERTAC
Le site d’information français Mediapart a publié une lettre ouverte adressée par un groupe de personnes ayant un lien culturel, amical ou familial avec l’Azerbaïdjan et la France au président français, au président du Sénat français et au président de l’Assemblée nationale française.
L’AZERTAC présente cette lettre ouverte dans son intégralité :
Monsieur le Président de la République,
Monsieur le Président du Sénat,
Monsieur le Président de l'Assemblée nationale,
Les signataires de cette lettre, qui ont un lien culturel, amical ou familial avec l'Azerbaïdjan et la France, souhaitent vous faire part de leurs sentiments suite aux déclarations faites au Sénat le 26 novembre 2020 et à l'Assemblée nationale le 03 décembre 2020 concernant la reconnaissance de la république autoproclamée du Haut-Karabagh comme état indépendant.
Il est louable que les représentants de la nation décident de débattre d'un sujet qui concerne le peuple arménien avec lequel la France entretient des relations privilégiées, mais cette amitié justifie-t-elle l'absence de l'objectivité la plus élémentaire ?
Nous souhaitons ainsi exprimer notre indignation concernant le contenu des discours qui se sont tenus. En effet, à coup de discours grandiloquents, manichéens et simplistes et par une rhétorique à charge invoquant les mots de génocide, de crimes de guerre, de dictature azerbaïdjanaise, d'islamisme, de djihadisme, d'expansionnisme, bien peu de place a été faite à la réalité de ce qu'est le peuple azerbaïdjanais.
• Un peuple azerbaïdjanais profondément laïc à l'inverse de l'islamisme dont on l'accuse.
• Un peuple azerbaïdjanais qui est un exemple d'intégration des minorités, notamment juives et chrétiennes.
• Un peuple azerbaïdjanais qui entretient des relations pacifiques avec ses voisins turcs, iraniens, russes et géorgiens.
• Un peuple azerbaïdjanais qui pleure aujourd'hui presque 3000 morts, civils ou militaires.
• Un peuple azerbaïdjanais qui connaît le passé conflictuel et douloureux qu'il a eu avec l'Arménie et avec ses minorités arméniennes.
• Un peuple azerbaïdjanais qui vit depuis 30 ans avec un sentiment d'injustice : celui de l'occupation de ses territoires par des forces armées arméniennes, ayant conduit à l'exode de plus de 700 000 azerbaïdjanais et celui de la tentative de nier la légitimité au peuple azerbaïdjanais à vivre sur ses terres.
Si à l'éclatement du conflit dans les années 90, l'enclave du Haut-Karabagh était à majorité arménienne, il est essentiel de rappeler que les 7 (sept) districts autour du Haut-Karabagh étaient à majorité azerbaïdjanaise avant que l'épuration ethnique ne pousse les azerbaïdjanais à fuir ces territoires. Rappelons également que la ville de Choucha qui se trouve au cœur du Haut-Karabagh est considérée par les azerbaïdjanais comme l'un des berceaux de la culture azerbaïdjanaise.
Les accusations de crimes de guerre, d'emploi d'armes à sous-munitions, de violences faites aux prisonniers de guerre sont extrêmement graves et indiscutablement condamnables. Cependant, il est regrettable que les intervenants ne retiennent que les accusations envers l'Azerbaïdjan et omettent de mentionner les bombardements commis avec des armes à sous-munitions sur la population civile azerbaïdjanaise dans les villes de Gandja et de Barda ou les actes de cruauté envers des soldats azerbaïdjanais, qui ont également été relayés sur les réseaux sociaux. Dans un objectif de paix juste et durable, il sera nécessaire de mettre la lumière sur ces actes, sans discrimination de camp.
Nous comprenons que les souffrances du peuple arménien soient profondes, mais celles de l'Azerbaïdjan le sont tout autant.
Par ailleurs, les différents intervenants ont accordé une place disproportionnée aux intentions du Président de la Turquie et à son influence dans ce conflit, mettant au second plan sa dimension caucasienne.
Or, c'est bien de l'avenir des peuples arméniens et azerbaïdjanais qu'il s'agit et il apparaît dérisoire et inapproprié d'essayer de régler ses comptes avec Ankara aux dépens des principaux intéressés.
L'argument de la défense d'un petit peuple chrétien et ami de la France a été répété à de nombreuses reprises. A l'heure de la réflexion sur l'unité nationale et lorsque la France aime à se prévaloir de son impartialité et de sa laïcité, il paraît problématique que l'amitié et la religion soient parmi les principaux arguments du débat.
Ainsi, dans la tenue de ces débats, la France n'a pas été au rendez-vous de ses valeurs de justice et d'impartialité. Une fois de plus, nous revendiquons le droit à des débats équilibrés et justes dans lesquels une nation n'est pas stigmatisée dans le simple but de contenter un camp ou de servir des objectifs géopolitiques ou électoraux.
Quant aux votes des résolutions demandant à l'Exécutif de reconnaître la république autoproclamée du Haut-Karabagh, nous sommes partagés entre consternation et incompréhension : les législateurs français voudraient-ils remettre en cause l'intégrité territoriale et les frontières internationalement reconnues de l'Azerbaïdjan ?
Cette position unilatérale pose des problèmes inextricables, dans sa légalité et dans son application. Elle apparaît malheureusement bien plus comme une posture politique que comme un instrument de résolution du conflit.
Aujourd'hui, il appartient à l'Exécutif de décider de la position de la France et nous espérons de tout cœur que, par une réaffirmation de ses valeurs de justice et d'impartialité et par son expérience inestimable de la réconciliation franco-allemande, la France pourra œuvrer à la normalisation des relations entre les communautés et à l'établissement d'une paix durable dans cette région.
Les signataires, par ordre alphabétique :
Hijran A., Comptable, Rasim A., Agent immobilier, Nigar A., Murad A., Étudiant en thèse, Etibar A., Entrepreneur, Aysel A., Shahla A., Atifa A., Étudiante, Babak A., Parviz A., Professeur de français, Renara A., Pianiste, compositeur, Gunay A., Djéyhoun A., Chercheur, Yegana A., Madina A., Nurana A., Chercheur, Konul A., Enseignante, Rashid A., Étudiant, Farid A., Mammad A., Professeur à l'Université de Bakou, Aygun A., Professeur de français, Elmira A., Gulara A., Gunel A., Vusala A., Rana A., Économiste, Zeynal A., Agent de tourisme, Nargiz A.Leproux, Sophie A., Antonio A., Retraité, Raphaël A., Mahsati A., Elgül A., Docteur, Ramin A., Fonctionnaire, Alexandre A., Wilhem A., Informaticien, Leyla B., Graphic Designer, Nushaba B., Enseignante, Ayan B., Renaud B., Artiste peintre, Aynur B., Etudiante, Araz B., Chirurgien Urologue, Elena B., Traductrice, Parvine B., Pervin B., Hikmet B., Patrtick Ch., Stephane C., Sevda D., Gulia D., Sengul D., Kamalia Dz., Florent F., Aliyeva F., Responsable Développement, Tad F., Aysel G., Mahir G., Salarié, Emil G., Ragub G., Rena G., Aide-soignante, Aytan G., Correspondante de magazine, Capelli G., Chef de ventes, Afag G., Professeur de français, Kamala G., Gulnar S., Vusala G., Jean Clément H., Gulnara H., Professeur de français, Hadjali H., Étudiant, Gulshan H., Ingénieur, Esmira H., Guler H., Professeur, Leyla H., Aymeric H., Ingénieur, Gaetan H., Sabina H., Akbar H., Géologue, Konul H., Saida Céline H., Journaliste, Simuzar Solene H., Tarana H., Professeur de français, Madina H., Professeur, Afsana H., Matanat I., Senior specialist, Sona I., Étudiante, Ilahe H., Rafael I., Chef d'entreprise, Sabuhi I., Responsable de logistique, Vusala I., Professeur de Français, Bahar I., Parvana I., Infirmière diplômée d'Etat, Nigar J., Professeur de français, Parvana J., Étudiante, Gunay K., Aygun K., Sanubar K., Médecin, Zurab K., Diplomate, Anar K., Economiste, Tukazban Kh., Mariya Khan-Khoyskaya M., Khatira M., Rasim Kh., Responsable export, Céline K., Sage-femme, Alexandra K., Photographe, Kuteis H., Alexander K., Entrepreneur, Meri L., Chargée d'Affaires, François L., Antoine L., Analyste, Guillemette L., Christophe L., Informaticien, Eline M., Gérant d'entreprise, Aynura M., Enseignante, Elnur M., Journaliste, Zahra M., Ayten M., Professeur de français, Gounay M., Professeur de français, Arif M., Karam M., Aicha M., Fonctionnaire, Guldasta M., Professeur de français, Aygun M., Azar M., Économiste, Saida M., Simon M., Maryam M., Metanet M.,Leyla M., Narmin M., Vugar M., Emil M., Etudiant, Aytan M., Spécialiste Assurance qualité, Nigar M., Professeur de français, Vougar M., Interprète, Éric M., Directeur Commercial, Tarana M., Artiste, Aline M., Juriste, Kamala M., Consultante aux affaires internationales, Akshin M., Fidan M., Rena M., Kamran N., Samit N., Ilaha N., İlhama N., Étudiante, Nazim N., Gani N., Nurana H., Project manager, Patrick O., Selim O., Traducteur-interprète, Mehriban O., Juriste, Elnur P., Elnara P., Chargée de projets, Marina P., Fonctionnaire, Guler Q., Rashad Q., Khayala Q., Professeur, Akhsura R., Professeur, Afag R., Professeur de français, Rahim R., Nahid R., Gulia R., Rasmiya I., Professeur, Aghasalim R., Chef d'entreprise, Parviz R., Manager, Altay R., Ziba Xanım R., Gulsum R., Agent d'accueil dans un musée, Martin R., Chef d'entreprise, Konul R., Etudiante, Sabuhi M., Étudiant, Gunel S., Architecte designer, Gul S., Cavid S., Technicien de maintenance, Gunel S., Chercheur, Valida S., Spécialiste Marketing réseaux sociaux, Salatin M., Frédéric S., Chef cuisinier, Samir M., Sardar S., Étudiant, Sayali V., Chirurgien, Sevda G., Sevinj M., Professeur, Vefa S., Professeur de français, Lala Sh., Shain S., Écrivain, traducteur, Claude S., Investisseur, Philippe S., Michael S., Chef de service sécurité incendie, Sudaba Kh., Retraitée, Shabnam S., Reyhan S., Ilkın S., Avocat, Gunash T., Etudiante, Elshan T., Severcan T., Khatira T., Alina T., Gulnar V., Web developper, Nigar V., Traductrice, Shafiga V., Julien V., Stéphanie V., Infirmière puéricultrice, Ségolène W., Francoise W., Thomas W., Salman Y., Enseignante, Ercan Y., Elmar Y., Ingénieur cadre/entrepreneur, Zaur S., Administrateur civil, Togrul Z., Aysun Z., Etudiante, Nigar Z., Architecte, Nigar Z., Ingénieur.