MONDE
SOS Méditerranée dénonce l’indifférence des Etats européens face à la détresse des 234 migrants à son bord
Bakou, 9 novembre, AZERTAC
L'organisation non gouvernementale (ONG) « SOS Méditerranée » a dénoncé, mardi, l'indifférence des États de l'Union européenne (UE) face à la détresse des 234 migrants à son bord, selon l’Agence Anadolu.
Par voie de communiqué, l'ONG de secours aux migrants a rappelé que 234 rescapés de mer étaient bloqués en Méditerranée, sur le navire de sauvetage « Ocean Viking », depuis 18 jours.
« La situation a atteint un seuil critique : depuis ce week-end, la santé physique et mentale des femmes, des enfants et des hommes à bord s’est gravement détériorée », souligne SOS Méditerranée, avant de signaler que ces derniers sont désormais « confronté.e.s à des conséquences très graves, y compris des risques de pertes de vies humaines ».
Sophie Beau, la directrice générale de l’association, fait état de la situation de détresse des personnes à bord du navire alors que "les rescapé.e.s et l’équipe sont épuisé.e.s physiquement et psychologiquement par plus de deux semaines de blocage en mer.
« Il s’agit d’une urgence humanitaire nécessitant une réponse immédiate », alerte-t-elle, alors que le navire est en attente d'un port sûr en Italie pour pouvoir débarquer les 234 rescapés, hommes, femmes, enfants et nourrissons.
- Le refus de l'Italie et la responsabilité européenne
L'ONG de secours aux migrants dénonce également l'attitude « inhumaine" de l'Italie, accusée d'avoir "violé les lois maritimes et humanitaires [...] de manière flagrante ».
SOS Méditerranée rappelle que, la semaine dernière, deux navires humanitaires s’étaient réfugiés dans les eaux territoriales italiennes le temps d’une tempête, et seule une partie des personnes rescapées, « choisie de manière discriminatoire », a été autorisée à débarquer.
« Cette mesure inhumaine est contraire à toutes les conventions et résolutions internationales maritimes et humanitaires régissant les opérations de recherche et de sauvetage », a souligné l'ONG de soutien aux exilés avant de rappeler que « ces deux navires se sont vu donner l’ordre de quitter les eaux territoriales italiennes alors que des personnes rescapées se trouvent toujours à bord.
« Cela nuit gravement à leur sécurité : en désespoir de cause, hier, trois d’entre elles ont sauté par-dessus bord », a-t-elle déploré.
Décrivant une « situation intenable », SOS Méditerranée a, en conséquence du refus italien de laisser les migrants débarquer en port sûr, décidé d'élargir sa demande de débarquement à la France, précisant que le navire Ocean Viking devrait arriver dans les eaux internationales près de la Corse, ce jeudi 10 novembre.
« Cette solution extrême est le résultat d'un échec flagrant et dramatique de tous les États membres de l’Union européenne et des États associés à faciliter la désignation d’un lieu sûr », déplore l'ONG, dans son communiqué, soulignant que « plus que jamais, nous avons besoin de tous les soutiens ».
- Paris envoie la balle à Rome qui la lui renvoie
Le gouvernement français a dénoncé, mardi soir, le comportement inacceptable de l'Italie qui refuse d'accueillir en port sûr les 234 migrants à bord de l'Ocean Viking, qui se trouvait au large de l'île italienne de Sicile.
Une source gouvernementale française, citée par le quotidien, a déclaré que l’attitude des autorités italiennes est "contraire au droit de la mer et à l’esprit de solidarité européenne.
« Nous attendons autre chose d’un pays qui est aujourd’hui le premier bénéficiaire du mécanisme de solidarité européen », a ajouté cette source.
Le même jour, la nouvelle Présidente du Conseil italien (première ministre) Giorgia Meloni, d'extrême droite, avait remercié, la France qui, selon elle, avait accepté d’accueillir l’Ocean Viking dans un de ses ports.
« Nous voulons dire à quel point nous apprécions la décision de la France de prendre sa part de responsabilité face à l’urgence migratoire, qui jusqu’à présent reposait sur les épaules de l’Italie et de quelques autres pays méditerranéens, en ouvrant ses ports au navire Ocean Viking », déclarait Giorgia Meloni, par voie d'un communiqué rapporté par l'agence de presse italienne « AGI ».
Selon cette dernière, la question aurait été réglée entre la Président du Conseil italien et le Président français Emmanuel Macron, lors la COP27 en Égypte.
Pour sa part, le ministère français de l’Intérieur a précisé que le navire se trouve « pour l’instant » dans les « eaux italiennes », « jusqu’à mercredi midi au moins », selon le journal « La Croix ».
Selon le ministère italien de l'Intérieur, plus de 76 000 exilés sont arrivés sur les côtes italiennes depuis le début de l'année, contre 50 000 sur la même période de 2021 et 26 000 en 2020.
Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), depuis le début de l'année, 1 269 migrants ont disparu en Méditerranée centrale, considérée comme la route maritime la plus dangereuse pour les exilés.
Depuis le premier recensement effectué en 2014, on dénombre près de 20 000 morts ou disparus.