CULTURE
Le réalisateur Vahid Moustafayev : Notre Etat est puissant et il sait ce qu'il veut VIDEO
Bakou, 12 septembre, AZERTAC
Comme nous avons informé, le film de Vahid Moustafayev «Le Janvier sanglant», consacré aux événements du 20 Janvier 1990, a été présenté au Festival des films du monde de Montréal et a été récompensé. Nous nous sommes entretenus avec Vahid Moustafayev et avons parlé de son œuvre. Nous vous présentons cette interview.
-Monsieur Moustafayev, le film «Le Janvier sanglant» dont vous êtes le réalisateur a récemment été présenté à Montréal. Comment a-t-il été accueilli ? Est-ce que le public a pu sentir suffisamment le chemin de l'indépendance parcouru par l'Azerbaïdjan ?
- Le Festival des films du monde de Montréal est considéré comme l'un des festivals les plus réputés organisés par la Fédération internationale des associations de producteurs de films. Les meilleurs films du monde y sont admis et présentés. C'est est également le festival du «nouveau mot» en cinématographie. En plus, c'est un festival très important pour l'ouverture de nouveaux marchés de films par les distributeurs mondiaux en termes de commerce. Les festivals de Montréal, de Venise et de Cannes font connaître les nouveaux réalisateurs et leurs œuvres au monde entier. A ce titre celui de Montréal occupe une place très importante dans le monde. Nous sommes très heureux que notre film «Le Janvier sanglant » soit élu parmi 345 films.
Ce n'est pas pour la première fois que l'Azerbaïdjan participe au festival du film de Montréal. Notre réalisateur de renom Ayaz Salayev y a participé avec son film «La Chauve-souris» 20 ans avant et le réalisateur Chamil Nadjafzadé avec son film «La Tour» il y a 10 ans. Le mien est le troisième film à avoir participé au festival de Montréal. Nous avons été très bien accueillis. Notre film a été hautement apprécié par le président du festival Serge Losique, nous avons été récompensés et avons reçu un diplôme spécial. Je pense que ce succès n'est pas seulement le mien, mais aussi de tout l'Azerbaïdjan.
- Quelles innovations avez-vous pu apporter par ce film à la cinématographie azerbaïdjanaise en termes de choix d'acteurs, ou de budget ou bien de réalisateur ?
- 25 ans se sont écoulés depuis les événements du Janvier sanglant. Et nous avons essayé de faire connaître ces réalités aux spectateurs. Aujourd'hui il y a des jeunes de 25 ans qui sont nés après cet événement. Ils ne sont pas témoins de cet événement. Ils se sont informés tout simplement par les livres, les ressources internet. Et ces informations sont très variées et il existe des sources imprécises. Donc, nous avons senti la nécessité de tourner ce film pour faire connaître aux spectateurs le déclanchement, le déroulement des événements, le climat de cette époque-là et, en particulier, l'exploit du peuple azerbaïdjanais. Le film est destiné pour deux générations différentes. Les gens de notre âge et les personnes plus âgées y trouveront simplement la nostalgie. Tandis qu'il constitue une leçon d'exploit et d'héroïsme pour la jeune génération. L'honneur, la détermination à combattre du peuple azerbaïdjanais et, le plus essentiel, la passion de la liberté à l'intérieur de chaque Azerbaïdjanais… Nous avons voulu transmettre tout cela et il me semble que nous avons réussi. C'est notamment ce film qui a mérité un prix au Festival de Montréal et le président du festival Serge Losique a lui aussi abordé ces aspects dans son discours.
- Vos films sont consacrés surtout au Karabagh et au patriotisme. Par exemple, vos derniers films «La Mémoire», «Le Khodja», «Le Janvier sanglant» et d'autres. Ces films peuvent-ils être considérés comme les traces de ce que vous avez vécus et vus dans les années 1990 ?
- Outre les films que vous venez de citer j'ai tourné aussi «L'élu» et «Le pays des sources». Tous ces films sont des œuvres consacrées à notre histoire contemporaine.
-Le monde entier a vu la tragédie de Khodjaly à travers les yeux de Tchinguiz Moustafayev. Et plus de 20 ans après le monde a vu ces événements à travers les vôtres. Quelles différences y a-t-il dans ces regards ?
- Il y 20 ans nous montrions les images prises par Tchinguiz au monde, quand il s'agît de Khodjaly. Mais voir ces images est très pénible non seulement à l'étranger, mais aussi en Azerbaïdjan. Dans plusieurs familles il serait interdit aux enfants de les regarder. L'un de nos principaux objectifs consiste à montrer ces terreurs et ces sauvageries au monde entier pour que le monde les voie et évalue ce génocide qu'on nous a fait subir.
Le film «Khodja» est un vrai conte d'amour. C'est une histoire sur l'amour des deux jeunes. L'histoire se déroule sur fond de tragédie de Khodjaly.
Je crois que l'essence de tous les films du monde est la même. Les personnages de tous les films luttent pour une meilleure vie. Ce sont les personnages et le fond derrière coulisse qui changent et différencie un film de l'autre. Les personnages des films «La Mémoire», «Le Khodja», «Le Janvier sanglant» sont des Azerbaïdjanais honorables et braves et le fond est la terre azerbaïdjanaise.
-A propos, s'excuser pour le tournage tardif du film «Khodja» 20 ans après demandait un grand courage. Comment avez-vous pu en trouver ?
- Je ne pense pas que c'est le courage. C'était tout simplement un message. Un message que j'ai adressé à une série d'institutions chargées de ce problème de ne pas l'avoir accompli à temps. Tandis que c'est sans doute une excuse devant le peuple azerbaïdjanais. Car je pouvais le faire moi aussi, comme les institutions dont je ne cite pas les noms, 20 ans avant. Mais je n'ai pas pu le faire pour des raisons quelconques. Chaque citoyen a bien sûr un devoir envers son peuple. Et moi aussi, j'ai mon devoir envers le mien. Je me suis excusé pour moi-même.
Vous êtes l'un des premiers reporters à avoir couvert la guerre du Karabagh. Comment est-ce que les médias contemporains azerbaïdjanais se comporteront si la guerre éclate aujourd'hui ?
- Je pense que nous avons des médias très puissants, à l'exception de quelques «site» et «journaux». Nous avons de belles agences de presse, avec l'AZERTAC à la tête, et une pléiade de journalistes. Si la guerre éclate aujourd'hui, nous avons des journalistes très professionnels pour la couvrir. Aujourd'hui pour nous ça ne sera pas aussi difficile qu'à cette époque-là. Notre Etat est puissant et il sait ce qu'il veut.
-Vous aviez 22 ans quand vous avez figuré parmi les fondateurs de l'ANS, première télévision indépendante au Caucase. Qu'est-ce qui a changé et qu'est-ce qui est resté inchangé dans la télévision devenue aujourd'hui Groupe d'entreprises ANS ?
- Je me souviens très bien de tout. Car je ne pense pas que j'ai très vieilli. Nous n'écrivions pas l'histoire à l'époque. Simplement nous travaillions, exercions les engagements qui se posaient devant nous. Même aujourd'hui je me rends aux points chauds en tant que journaliste. L'ANS poursuit son développement de nos jours. A l'époque nous essayions d'ouvrir une brèche dans le blocus de l'information en vue de faire connaître les réalités azerbaïdjanaises au monde entier.
Nous avançons il y a plus de 25 ans en ouvrant des brèches dans le même blocus. L'Azerbaïdjan est choisi comme un bel espace quand l'Europe veut organiser ses premiers jeux. Quand le monde islamique veut organiser son olympiade sportive, c'est aussi la même chose, l'Azerbaïdjan est choisi pays hôte. Ce sont des projets réalisés grâce aux activités effectués des gens qui aiment l'Azerbaïdjan. Je les remercie toutes et tous, y compris la famille du Groupe ANS.
- Votre défunte mère, elle aussi, avait souvent visité l'ANS. Que Dieu ait son âme !
-Ma mère, mon père et les parents de Mirchahin sont les fondateurs de l'ANS. C'est grâce à leur éducation, leurs connaissances et leur amour pour la Patrie que nous sommes arrivés là où nous sommes.
- Vous êtes journaliste, réalisateur, sportif, homme d'affaires… Mais d'où vient votre intérêt pour le métier de biker ?
- J'ai commencé à faire de la moto à l'âge de 13 ans. Nous ne le faisons pas comme une activité sportive, pour passer nos loisirs. Nous essayons de l'orienter vers des actions caritatives. Par exemple notre dernière course en moto a été consacrée au projet de chemin de fer Bakou-Tbilissi-Kars. Les bikers géorgiens et turcs nous ont rejoints dans cette course. Cet événement a été couvert par la presse azerbaïdjanaise, turque et géorgienne et ainsi nous avons pu attirer l'attention de la communauté.
Nous avons organisé un festival de la moto à Chéki. Vous savez que le président azerbaïdjanais a signé une ordonnance portant «Programme d'Etat pour le développement social et économique des régions de la République d'Azerbaïdjan». Et nous avons essayé d'organiser ces festivals non seulement dans la capitale du pays, mais aussi dans ses belles régions. C'est déjà pour la deuxième fois que nous organisons le festival de la moto à Chéki. C'est le festival de tout le Caucase. Les bikers de tous les pays caucasiens se réunissent à ce festival.
- Merci beaucoup.