MONDE
L'année 2023 a été la plus sèche depuis plus de trois décennies pour les cours d'eau du monde entier
Bakou, 8 octobre, AZERTAC
L'année 2023 a été la plus sèche depuis plus de trois décennies pour les cours d'eau du monde entier, selon un nouveau rapport coordonné par l'Organisation météorologique mondiale (OMM) des Nations Unies.
Le rapport sur L'Etat des ressources mondiales en eau, publié lundi, souligne également qu'au cours des cinq dernières années, les débits des cours d'eau ont été inférieurs à la normale et que moins d'eau a atteint les réservoirs.
Actuellement, 3,6 milliards de personnes dans le monde n'ont pas accès à l'eau au moins un mois par an et ce chiffre devrait atteindre plus de cinq milliards d'ici à 2050, selon ONU Eau.
Le rapport révèle également que les glaciers ont subi la plus grande perte de masse jamais enregistrée au cours des cinq dernières décennies. Toutes les régions du monde où l'on trouve des glaciers ont signalé une perte de glace.
La perte de glace a produit plus de 600 gigatonnes d'eau, dont une grande partie s'est retrouvée dans l'océan et dans certains cours d'eau.
Par ailleurs, l'année 2023 est considérée comme la plus chaude jamais enregistrée, entraînant des températures élevées et des conditions de sécheresse généralisées, ce qui a contribué à des sécheresses prolongées.
Un stress sans précédent
« Dans le contexte du changement climatique, l’eau nous donne un avant-goût des évolutions à venir. Les signaux d’alerte se multiplient. Nous assistons à une exacerbation des précipitations, des crues et des sécheresses extrêmes, qui font peser un lourd tribut sur les vies, les écosystèmes et les économies. La fonte des glaces et des glaciers menace la sécurité hydrique à long terme de plusieurs millions de personnes. Pourtant, nous ne prenons pas les mesures urgentes qui s’imposent », a dénoncé Céleste Saulo, Secrétaire générale de l'OMM.
Le rapport dresse également un tableau sombre des ressources mondiales en eau douce, mettant en évidence un stress sans précédent, exacerbé par le changement climatique et l'augmentation de la demande.
Le rapport fait état d'un nombre important d'inondations dans le monde.
La multiplication des événements hydrologiques extrêmes a été influencée par des conditions climatiques naturelles, notamment le passage de La Niña à El Niño à la mi-2023, ainsi que par le changement climatique induit par l'homme.
« En raison de la hausse des températures, le cycle hydrologique s'est accéléré. Il est également devenu plus irrégulier et imprévisible, et nous sommes confrontés à des problèmes croissants de manque ou de surplus d'eau », a expliqué Mme Saulo.
L'Afrique malmenée
L'Afrique a été la plus touchée en termes de pertes humaines. En Libye, deux barrages se sont effondrés à la suite de l'inondation majeure de septembre 2023, faisant plus de 11.000 victimes et affectant 22 % de la population.
Les inondations ont également touché la Grande Corne de l'Afrique, la République démocratique du Congo ainsi que le Rwanda, le Mozambique et le Malawi.
Dans le même temps, le sud des États-Unis, l'Amérique centrale, l'Argentine, l'Uruguay, le Pérou et le Brésil ont été touchés par une sécheresse généralisée, qui a entraîné les niveaux d'eau les plus bas jamais observés en Amazonie et dans le lac Titicaca, à la frontière de la Bolivie et du Pérou.
« On en sait beaucoup trop peu sur l'état réel des ressources en eau douce de la planète. Nous ne pouvons pas gérer ce que nous ne mesurons pas », a souligné Mme Saulo. « Ce rapport vise à contribuer à l'amélioration de la surveillance, du partage des données, de la collaboration transfrontalière et des évaluations. Il s'agit là d'une nécessité urgente ».
Selon l'OMM, le rapport vise à améliorer l'accessibilité et la disponibilité des données d'observation, grâce à une meilleure surveillance et à un meilleur partage des données, en particulier dans les pays du Sud.
Alerte précoce
Le rapport s'inscrit dans le cadre de l'initiative mondiale des Nations Unies intitulée « Des alertes précoces pour tous », qui vise à relever les défis liés à l'eau.
Cette initiative mondiale vise à améliorer la qualité des données et l'accès à celles-ci pour la surveillance et la prévision des risques liés à l'eau, l'objectif étant de mettre en place des systèmes d'alerte précoce pour tous d'ici à 2027.
L'OMM a souligné l'urgence d'agir pour relever les défis liés à l'eau, en appelant à une amélioration de la surveillance, du partage des données et de la collaboration transfrontalière afin de mieux comprendre et gérer les ressources hydriques mondiales. (ONU)