Le journaliste marocain Abdel Salam Al-Azouzi : Un canal de communication diversifiée au service des relations profondes entre le Maroc et l’Azerbaïdjan

Rabat, 14 mai, Chouaib Brhadda, AZERTAC
Le développement significatif des relations maroco-azerbaïdjanaises a attiré l’attention des observateurs marocains de la scène politique internationale et de ses évolutions. Dans ce contexte, le correspondant de l'agence AZERTAC à Rabat a reçu Abdel Salam Al-Azouzi, le rédacteur en chef du journal Al-Hadath Al-Afriqi, pour un entretien, où il a exprimé son opinion médiatique sur le sujet. Voici le texte de l'interview :
(Q) : En tant que journaliste intéressé par les questions internationales, en relation avec des événements africains en lien avec les affaires internationales, comment voyez-vous la relation actuelle entre la République d'Azerbaïdjan et le Royaume du Maroc et la nature de son orientation aux niveaux arabe et africain ?
(R) : Les relations entre la République d’Azerbaïdjan et le Royaume du Maroc ont connu un développement remarquable ces dernières années, que ce soit au niveau politique, économique ou culturel et ce, dans le cadre de l’ouverture de la politique étrangère azerbaïdjanaise sur le monde et qui vise à renforcer sa présence dans les mondes arabe et africain, sur la base de liens communs et d’un soutien mutuel sur les questions régionales et internationales.
La dynamique d’engagement diplomatique, d’échanges culturels et commerciaux entre les deux pays, sous la direction du roi Mohammed VI et du président Ilham Aliyev, se base sur l’institutionnalisation de la coopération stratégique entre Rabat et Bakou, soutenue par des facteurs politiques, géopolitiques et culturels. En outre, grâce à un soutien mutuel continu et à des intérêts communs, cette relation devrait connaître un saut qualitatif dans un avenir proche, notamment dans les domaines de l’économie, de l’énergie, de l’éducation et de la diplomatie multilatérale.
(Q) : Depuis la visite historique du président azerbaïdjanais Heydar Aliyev au Maroc, les relations ont connu plusieurs développements. Quels sont les facteurs qui ont été à l’origine de cette relation et comment voyez-vous son avenir ?
(R) : On peut dire que, depuis la visite historique du président azerbaïdjanais Heydar Aliyev au Royaume du Maroc en 1994, les relations entre les deux pays ont commencé à prendre un caractère plus profond et plus organisé, ce qui a donné lieu à une nouvelle phase de coopération bilatérale qui se poursuit à ce jour. Plusieurs facteurs ont contribué à tisser et à renforcer cette relation au fil des années. Avant d’aborder les facteurs qui motivent cette évolution des relations entre les deux pays, il est nécessaire d’aborder les fondements politiques et diplomatiques de cette relation. A cet égard, il existe un rapprochement politique clair entre Bakou et Rabat. Ce qui soutient également ce parcours diplomatique réussi entre les deux pays, c’est leur vision politique commune sur les questions internationales. En outre, les deux pays sont membres de l’Organisation de la coopération islamique et du Mouvement des non-alignés, ce qui renforce les possibilités de coopération et de coordination diplomatiques dans les forums internationaux.
Bien que la coopération économique soit encore à ses balbutiements, il existe un désir mutuel d’élargir les relations commerciales et d’investissement, notamment dans les domaines de l’énergie, du tourisme et de la technologie. Parallèlement, les relations culturelles s’améliorent grâce à l’échange de délégations d'étudiants et culturelles, ainsi que l'activation de la diplomatie culturelle entre les deux pays.
L’Azerbaïdjan est clairement intéressé à étendre sa présence en Afrique par le biais d’une coopération avec des pays influents comme le Maroc, qui constitue une porte d’entrée stratégique vers le continent. Cela motive sa volonté d’ouverture sur le continent africain et le monde arabe dans le cadre de sa stratégie de diversification de ses partenaires extérieurs et de renforcement de ses relations avec les pays du Sud, notamment après la récente guerre avec l’Arménie, qui a mis en évidence son besoin de nouvelles alliances en dehors de sa sphère régionale.
Pour éclairer davantage ces facteurs qui ont contribué au développement des relations maroco-azerbaïdjanaises, on retrouve, outre la convergence de vues sur les questions souveraines, une ouverture diplomatique multiforme. Les deux pays mènent une politique étrangère ouverte qui cherche à diversifier les partenariats en dehors des cadres traditionnels, ce qui a contribué au rapprochement entre Rabat et Bakou.
(Q) : Selon vous, quelle voie faudrait-il suivre pour développer cette relation et la rendre plus efficace ?
(R) : Sur la base du facteur géopolitique, les deux pays se considèrent mutuellement comme une porte d’entrée régionale importante. Le Maroc représente un débouché stratégique vers l’Afrique et le monde arabe, et l’Azerbaïdjan représente un lien important dans la région du Caucase et de l’Asie centrale, ce qui donne à la relation une dimension géostratégique. En ce qui concerne les facteurs économique et culturel, les deux pays ont un désir commun d'élargir la coopération économique dans les domaines de l'énergie, des transports, de l'éducation et du tourisme, ainsi que dans le rapprochement culturel et religieux à travers l'Organisation de la coopération islamique et l'ICESCO, ce qui renforce le terrain commun de cette coopération multidimensionnelle.
L’avenir des relations maroco-azerbaïdjanaises semble prometteur et prêt à être renforcé et activé davantage à la lumière des changements internationaux actuels. Cela est dû à plusieurs raisons, notamment à la volonté politique claire des deux parties de développer le partenariat sur une base durable et mutuellement bénéfique. C’est la clé du développement, de la stabilité et de la continuité de cette relation.
Par conséquent, le chemin vers le renouvellement de cette relation reste soutenu par les facteurs de motivation susmentionnés, qui se développent et s'enracinent d'année en année, permettant ainsi aux deux pays de former un canal de communication diversifiée, notamment économique, commerciale, culturelle, artistique et sportive.