Le président azerbaïdjanais et le Premier ministre hongrois font des déclarations à la presse MIS A JOUR VIDEO
Budapest, 20 mai, AZERTAC
Le président de la République d’Azerbaïdjan, Ilham Aliyev, et le Premier ministre de la Hongrie, Viktor Orban, ont fait des déclarations à la presse mardi 20 mai.
D’abord, le Premier ministre hongrois a pris la parole pour faire une déclaration.
Déclaration du Premier ministre Viktor Orban
Je salue chacun d’entre vous et avec une sincérité particulière le président Aliyev ici à Budapest.
Aujourd’hui, nous accueillons un vieil ami de la Hongrie. C’est dans les moments difficiles que l’on reconnaît ses vrais amis, et depuis plus de vingt ans, le président Aliyev a toujours été à nos côtés chaque fois que la Hongrie a été confrontée à des difficultés, que ce soit dans le domaine diplomatique, dans l’industrie pétrolière et gazière, ou dans d’autres secteurs.
C’est la première fois dans l’histoire que le sommet de l’Organisation des États turciques se tient en Hongrie. Nous ne sommes pas membres à part entière de cette organisation, mais pays observateur. Cependant, en toute circonstance, nous accueillons aujourd’hui ce sommet. Un autre point qui nous réjouit est que les pays amis se réunissent pour discuter des relations internationales, sur fonds de diplomatie internationale marquée par des turbulences, des changements quotidiens, ainsi que par une augmentation des menaces et des défis.
Un conflit armé fait rage depuis trois ans déjà dans un pays voisin de la Hongrie. À ce jour, les pertes économiques de la Hongrie constituent plus de 20 milliards d’euros. Il est bien connu que, depuis le début de la guerre, l’Union européenne a fait le choix d’élargir le conflit, plutôt que d’instaurer la paix. En outre, l’économie européenne traverse une période particulièrement difficile, car les sanctions ont ébranlé l’économie de marché ainsi que les fondements du développement de l’Europe. L’économie de marché constituait, bien entendu, l’un des principes fondamentaux de l’économie européenne, mais ceux-ci sont aujourd’hui gravement ébranlés. Je peux dire que, de nos jours, le navire de l’économie européenne navigue sans boussole. Je tiens également à souligner que nous vivons en permanence dans un contexte de crise énergétique. Contrairement aux États-Unis, nous payons en Europe le gaz trois à quatre fois plus cher, et dans de telles conditions, il est difficile de bâtir une économie compétitive.
Nous sommes un pays sans accès à la mer. Notre réussite réside dans le fait que nous avons su maintenir des relations énergétiques avec la Russie. Une exception a été faite en notre faveur. Cependant, l’Ukraine nous impose des restrictions. Sans le soutien des États turcophones, il nous serait aujourd’hui très difficile de garantir notre sécurité énergétique. Néanmoins, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour assurer la pérennité de notre économie.
Mesdames et messieurs, c’est ainsi que se mesure la valeur d’un partenaire fiable. Sans les pays turciques, la population hongroise devrait dépenser trois à quatre fois plus pour l’énergie. Monsieur le Président nous a assuré que l’approvisionnement en gaz de la Hongrie serait garanti cette année, comme cela a été le cas l’année dernière. L’Azerbaïdjan nous a garanti que nous recevrons la quantité de gaz nécessaire. La société MVM et d’autres entreprises hongroises peuvent augmenter leurs parts dans les champs pétroliers et gaziers ainsi que dans les oléoducs et gazoducs en Azerbaïdjan. Je me réjouis que nous disposions d’une certaine quantité de réserves de gaz et de barils de pétrole. Cela ne représente peut-être pas un volume très important pour l’Azerbaïdjan, mais pour nous, c’est une question capitale que d’être actionnaires dans les champs pétroliers azerbaïdjanais. C’est important non seulement d’un point de vue économique, mais aussi sur le plan purement moral. Grâce à cette amitié, nous nous sentons moins vulnérables.
Parallèlement aux questions économiques, nous avons également évoqué les investissements hongrois en Azerbaïdjan. Nous avons aussi parlé de paix, car la paix est importante non seulement dans les conditions de guerre, mais aussi d’un point de vue économique. Nous sommes convenus qu’aucune guerre ne peut être réglée sur le champ de bataille. Elle ne peut être réglée qu’à la table des négociations. Cela s’applique non seulement à la guerre entre la Russie et l’Ukraine, mais aussi à d’autres conflits.
Je tiens à féliciter le Président Aliyev pour l’accord trouvé sur le texte du traité de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. J’espère sincèrement que la signature du traité de paix se réalisera prochainement. C’est une question de la plus haute importance.
Monsieur le Président, nous vous saluons une fois de plus dans notre pays.
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Ensuite, le président azerbaïdjanais a fait une déclaration.
Déclaration du Président Ilham Aliyev
– Monsieur le Premier ministre, mon cher ami,
Mesdames et Messieurs,
Monsieur le Premier ministre, tout d’abord, je tiens à vous remercier pour votre invitation et votre chaleureuse hospitalité. J’effectue fréquemment des visites en Hongrie. Ma dernière visite remonte à 2023. Vous aussi, vous visitez souvent l’Azerbaïdjan. Votre dernière visite s’est tenue au mois de novembre de l’année dernière. Autrement dit, cela montre que nos contacts sont réguliers et que les relations entre l’Azerbaïdjan et la Hongrie se développent avec succès.
Nous sommes des pays amis et des partenaires stratégiques. Lors des négociations d’aujourd’hui et de la réunion en format restreint, nous avons une fois de plus constaté que nos positions coïncident sur de nombreuses questions. Lorsque nous observons l’évolution du monde actuel en mutation, nous voyons qu’il n’existe toujours pas de divergences majeures entre nous. Il existe de nombreuses similitudes entre l’Azerbaïdjan et la Hongrie. Tout d’abord, nos racines historiques. Je sais que le peuple hongrois est très attaché à ses racines historiques. Nos deux pays comptent une population approximativement équivalente, et les superficies de nos territoires sont également très proches. L’une des similitudes, comme vous l’avez également souligné, est que la Hongrie est un pays sans accès à la mer. L’Azerbaïdjan est aussi dans cette catégorie. Certes, nous sommes situés sur la côte de la mer Caspienne, mais nous n’avons pas non plus d’accès direct à une mer ouverte. Vous avez également fait remarquer que la Hongrie partage une frontière avec un pays en guerre. C’est également notre cas. Vous êtes voisins d’un pays en guerre, nous en sommes voisins d’un autre. Ainsi, ces similitudes créent naturellement une bonne base de compréhension mutuelle, car nous sommes confrontés à des défis presque identiques.
L’Azerbaïdjan était également un pays en guerre il y a quatre ans et demi. Nous avons mené une guerre sur notre propre territoire. Nous avons mis fin à l’occupation de nos terres par l’Arménie, qui durait depuis 30 ans. Certes, notre guerre n’a pas duré plus de trois ans comme celle entre la Russie et l’Ukraine – elle a duré seulement 44 jours. Chaque jour, nous avons avancé, nous n’avons pas reculé d’un seul pas, il n’y a pas eu un seul déserteur dans notre armée, tandis que, selon leurs propres aveux, l’armée arménienne comptait 12 000 déserteurs.
La Seconde Guerre du Karabagh a été menée dans le cadre du droit international – conformément à la Charte des Nations unies. L’article 51 de la Charte de l’ONU stipule que chaque pays a le droit à la légitime défense. Et nous, en exerçant ce droit, avons libéré les territoires occupés depuis de nombreuses années et avons pleinement rétabli notre souveraineté en 2023.
Concernant le processus de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, je peux dire que nous avons été les initiateurs des négociations de paix après la Seconde Guerre du Karabagh. Nous avons rédigé le texte de l’accord de paix, et ce texte a été accepté aujourd’hui par l’Arménie – bien sûr, avec certaines modifications. Mais, en principe, la proposition que nous avons soumise a déjà été acceptée par l’Arménie. Cependant, il y a deux conditions principales pour la conclusion d’un traité de paix. Premièrement, la constitution arménienne contient encore des revendications territoriales contre l’Azerbaïdjan. Cela doit être modifié. Deuxièmement, le Groupe de Minsk de l’OSCE, créé pour régler le conflit du Karabagh, doit être aboli. Il ne fonctionne plus de facto, et sa suppression est indispensable de jure. Malheureusement, la partie arménienne ne veut pas encore accepter ces deux conditions. Cependant, les événements des dernières années et le déroulement des processus montrent que tôt ou tard, ils devront accepter notre proposition. Car il n’y a rien d’extraordinaire dans ces propositions.
Notre agenda bilatéral est également très vaste. Nous en avons longuement discuté aujourd’hui. Nous entretenons une coopération réussie dans le secteur de l’énergie. Des entreprises hongroises détiennent des parts dans deux grands projets pétroliers et gaziers en Azerbaïdjan — les champs Azeri-Tchirag-Gunechli et Chahdeniz. Le prochain contrat sera signé au début de l’année prochaine. Nous avons également échangé nos points de vue à ce sujet aujourd’hui. Une entreprise hongroise commencera ses opérations dans les champs pétroliers terrestres en Azerbaïdjan. Nous exportons du gaz naturel vers la Hongrie depuis l’année dernière. J’ai souligné aujourd’hui, et le Premier ministre l’a également évoqué ici, que nous sommes en mesure d’assurer l’approvisionnement en gaz au niveau de la demande hongroise. Notre base de ressources gazières est assez vaste et en expansion, de nouveaux gisements de gaz seront mis en exploitation. Aujourd’hui, nous exportons du gaz naturel vers 12 pays, dont dix sont des pays européens et huit membres de l’Union européenne. La Commission européenne reconnaît l’Azerbaïdjan comme un fournisseur paneuropéen de gaz et un partenaire fiable. Si l’on examine la géographie de nos exportations de gaz, on constate qu’en matière de couverture géographique du transport de gaz par pipeline, l’Azerbaïdjan occupe une position de leader non seulement en Europe, mais aussi à l’échelle mondiale. Nos projets futurs incluent le développement des réserves de gaz. Nous collaborons également avec la Hongrie dans le domaine des énergies renouvelables. L’Azerbaïdjan a un programme très ambitieux en matière d’énergie verte. Nous produirons 6 000 mégawatts d’énergie verte au cours des cinq prochaines années. Au cours des deux dernières années, 500 mégawatts ont été produits, et 6 000 mégawatts seront assurés au cours des cinq prochaines années. Je cite ces chiffres sur la base de contrats, c’est-à-dire qu’il s’agit de projets qui seront réalisés. Ainsi, ces projets seuls nous permettront d’économiser environ 3 à 4 milliards de mètres cubes de gaz, dont la principale destination sera bien sûr la Türkiye et les pays européens.
Sur tous les autres sujets aussi, nous travaillons ensemble en tant que deux pays amis et partenaires. Comme vous le savez, demain, à l’initiative de la Hongrie, se tiendra le deuxième sommet informel. Le premier sommet a eu lieu à Choucha, au Karabagh, l’année dernière. L’Azerbaïdjan a été l’initiateur des sommets informels de l’Organisation des États turciques, et la Hongrie a repris ce flambeau, ce que nous saluons. Cela montre une fois de plus que la Hongrie est très attachée à ses racines historiques, ce qui nous réjouit beaucoup.
En conclusion, je tiens à féliciter la Hongrie pour ses réalisations. Nous savons que la Hongrie est l’un des rares pays à mener une politique indépendante. Il est particulièrement difficile de mener une politique indépendante, notamment au sein de l’Union européenne. Car il existe de nombreuses règles, de nombreux principes établis, et la politique étrangère commune de l’Union européenne en fait naturellement partie. Néanmoins, mon ami Viktor Orban a toujours placé les intérêts de l’État et de la nation hongroise au-dessus de tout. Nous le saluons. Il a toujours défendu les intérêts de la Hongrie, rejoint les initiatives bénéfiques pour la Hongrie, et évité celles qui ne l’étaient pas. Je répète, mener une telle politique au sein de l’Union européenne, c’est faire preuve d’un héroïsme énorme, d’une volonté politique et d’une politique réfléchie. La Hongrie possède toutes ces qualités. Pour ces raisons, et bien d’autres encore, nous avons une grande affection pour la Hongrie. Nous souhaitons à vous et au peuple ami de Hongrie de nouveaux succès dans cette voie.
Merci.