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Le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev accorde une interview aux chaînes de télévision locales  MIS A JOUR 1 VIDEO

Bakou, 8 janvier, AZERTAC

Le président de la République Ilham Aliyev a accordé, mardi 7 janvier, une interview aux chaînes de télévision locales.

L’AZERTAC présente l’interview dans son intégralité.

Vussal Metleb, la chaîne de télévision AZTV : Ravi de vous voir, Monsieur le Président. Tout d’abord, avec votre permission, nous aimerions vous remercier pour ce format d'interview qui est déjà devenu une tradition. Cela nous permet d'obtenir vos points de vue détaillés sur des questions d’intérêt public. Nous sommes reconnaissants pour cette opportunité.

Je voudrais commencer par le bilan de l’année 2024. Que pouvez-vous dire des indicateurs de la performance socio-économique en 2024 et quelles prévisions ces indicateurs permettent-ils pour 2025 ?

Le président Ilham Aliyev : L'année dernière a également été une année réussie en termes de développement économique. L'économie de l'Azerbaïdjan s'est développée. Je pense que le rythme de ce développement, si nous observons la situation économique mondiale actuelle, peut être considéré comme positif. Le produit intérieur brut a augmenté de plus de 4 %. En réalité, l'indicateur principal pour nous est le développement du secteur non pétrolier. Car, comme vous le savez, nous faisons face à une baisse de la production pétrolière, et je pense qu'à la suite des négociations et des efforts déployés, cette baisse sera stoppée et la production pétrolière restera stable. Ainsi, le déclin de la production pétrolière n'aura plus d'impact négatif sur le produit intérieur brut.

C'est pourquoi, lorsque nous examinons les indicateurs économiques globaux, nous prenons tout d'abord en compte les paramètres du secteur non pétrolier. Là aussi, le développement a été plus réussi, avec une augmentation de plus de 6 %. Si l'on considère que, depuis de nombreuses années, l'un de nos principaux objectifs en matière de développement économique a été d'accroître la production industrielle, la croissance du secteur industriel non pétrolier est encore plus élevée. Celle-ci dépasse 7 %. En d'autres termes, si nous comparons les taux de croissance de l'économie mondiale et les taux de développement des pays développés, ou plutôt leurs récessions, nous verrons que l'économie azerbaïdjanaise s'est développée avec succès. Bien sûr, cela repose sur une politique bien réfléchie.

Ces indicateurs ne sont pas seulement le résultat de l'année dernière. Grâce à de nombreuses années de réformes économiques, à la transparence, à la lutte contre les tendances monopolistiques, à l'attraction d'investissements et à l'amélioration du climat d'investissement, nous observons un changement positif dans l'attitude des principales agences de notation internationales envers l'Azerbaïdjan. Autrement dit, elles ne peuvent pas nier la réalité non plus. Cependant, je pense que notre notation internationale mérite un niveau plus élevé qu'elle ne l'est actuellement, mais pour certaines raisons, les principales agences de notation adoptent encore une approche modeste.

En d'autres termes, tout cela montre que nous avons réussi à atteindre un développement durable dans le domaine économique, et je suis sûr que cette dynamique sera maintenue cette année et dans les années à venir.

En ce qui concerne notre situation financière, l'année dernière, nous avons réussi à améliorer considérablement nos performances et à augmenter nos réserves, bien que le budget de l'année dernière ait atteint un niveau record et que de nombreux programmes sociaux aient été mis en œuvre, notamment le fait que des fonds importants aient été mobilisés pour la restauration du Karabagh. Malgré cela, nous avons optimisé nos processus de manière à ce que nos réserves de change augmentent encore.

Au cours de l'année, nos réserves de change ont augmenté de plus de 5 milliards de dollars. Aujourd'hui, ce chiffre atteint 72 milliards de dollars. Pour un pays comptant 10 millions d'habitants, c'est un indicateur très important. Car tout se mesure en comparaison. Lorsqu'on calcule les réserves de change des pays dans le monde, il faut, bien sûr, les rapporter au nombre d'habitants. Selon cet indicateur, l'Azerbaïdjan figure parmi les pays leaders à l'échelle mondiale.

Le deuxième indicateur important est le ratio du produit intérieur brut à la dette extérieure. Je pense que nous figurons également parmi les leaders mondiaux dans ce domaine. En effet, notre dette extérieure ne représente que 7,2 % de notre produit intérieur brut. À titre de comparaison, je peux dire que dans la plupart des pays développés, ce ratio dépasse 100 %, et un niveau de 7,2 % constitue un résultat vraiment remarquable. C’est pourquoi je pense que les agences de notation internationales devraient adopter une position plus juste envers l’Azerbaïdjan.

Bien sûr, la comparaison des réserves de change avec la dette extérieure est également l’un des facteurs importants. Ici aussi, nos réserves de change dépassent 14 fois notre dette extérieure. Si quelqu’un peut me montrer un autre pays – parmi les pays développés – avec des chiffres similaires, je lui en serais certainement reconnaissant. Mais il n’existe pas d’analogues parmi les pays développés. Tout cela nous donne donc des raisons de dire que l’économie est stable, qu’elle repose sur ses propres ressources et qu’elle n’a pas besoin de financement extérieur.

Cependant, nous avons commencé à envisager une légère augmentation de notre dette extérieure. Celle-ci pourrait croître dans une certaine mesure, car elle a déjà diminué de manière significative. Il y a cinq ans, lorsque notre dette extérieure représentait environ 20 % du produit intérieur brut, j’ai fixé comme objectif de la réduire à 10 %. Aujourd’hui, elle est à 7,2 %. Alors, qu’apportera le financement extérieur ? Étant donné que le pays fait face à de nombreuses problématiques nécessitant des investissements sérieux, cela permettra de réduire légèrement la charge pesant sur le budget.

De plus, comme un calendrier de remboursement de notre dette extérieure a déjà été établi, notre dette extérieure, qui s’élève aujourd’hui à 5,2 milliards de dollars, diminuera encore au fil des années. Par conséquent, attirer des ressources financières supplémentaires peut être considéré comme opportun, et le gouvernement a déjà commencé à travailler dans cette direction. J’ai donné les instructions nécessaires à cet effet.

Bien sûr, les paramètres budgétaires reflètent également le potentiel économique de chaque pays : à la fois les paramètres et leur dynamique. Ainsi, le budget de cette année atteint un niveau record. Les dépenses budgétaires dépassent 41 milliards de manats. Le budget global est supérieur à 48 milliards de manats. Jamais dans l’histoire de l’Azerbaïdjan un budget aussi important n’avait été atteint.

En énumérant tous ces facteurs, je veux montrer une fois de plus que nous avons obtenu ces résultats uniquement grâce à nos ressources internes, grâce à la transparence, à une bonne gouvernance et à des politiques économiques saines. Je l’ai dit à plusieurs reprises, et je pense que tout le monde le voit désormais : l’indépendance politique de chaque pays dépend de son indépendance économique. Si vous n’êtes dépendant de personne en matière économique et financière, vous pouvez mener une politique indépendante.

Par conséquent, en général, il existe bien sûr de nombreux autres paramètres. Mais ce sont les principaux indicateurs économiques. Et bien entendu, cela nous donne la possibilité de mettre en œuvre des programmes sociaux de manière plus active.

Comme vous le savez, depuis le 1er janvier de cette année, le salaire minimum a augmenté de 55 manats pour atteindre 400 manats. La pension minimum a augmenté de 40 manats pour atteindre 320 manats. L’augmentation moyenne est de 14 à 15 %. Pour un pays qui a réalisé de si grands investissements et qui a une tâche aussi importante que la reconstruction du Karabagh, prêter attention à ce domaine montre évidemment l’essence de notre politique.

En d’autres termes, les citoyens azerbaïdjanais devraient pouvoir vivre mieux d’année en année. Si nous comparons cette augmentation au taux d’inflation, qui était légèrement supérieur à 2 % l’année dernière, alors cette augmentation représente une aide supplémentaire du gouvernement aux populations vulnérables. Tout doit être juste dans la société, en politique et au sein de la famille. Les principes de justice sociale ont toujours été importants pour nous. Dès que l’occasion s’est présentée, nous avons d’abord accordé de l’attention à ce domaine.

Au cours des dernières années, quatre ensembles de mesures sociales ont été mis en œuvre et plus de 7 milliards de manats ont été consacrés à cet objectif. Désormais, le développement social et économique avancera de pair. À mesure que les opportunités économiques augmentent, nous continuerons toujours à accorder une attention particulière à la résolution des questions sociales – l’augmentation du salaire minimum, des pensions et des prestations sociales.

Guy Shone, la chaîne de télévision AnewZ : Monsieur le Président, merci beaucoup de parler avec AnewZ, une chaîne internationale en anglais. Je tiens particulièrement à vous remercier de répondre en anglais à nos questions pour nos téléspectateurs.

J'aimerais vous poser une question sur la COP29. Le monde entier est pratiquement venu à Bakou. Il y a eu de nombreuses négociations difficiles. Il y a eu quelques absents notables. Le président de la France et la présidente de la Commission européenne n'y ont pas assisté. Malgré cela, un accord a été conclu. Puis-je vous demander vos réflexions sur les réussites de l'événement et aussi ce qui doit se passer cette année et au-delà pour assurer ce progrès ?

Le président Ilham Aliyev : Oui, la COP29 a été un grand défi pour nous, et bien sûr, une grande opportunité. Notre tâche était de transformer ce défi en succès. Bien sûr, nous avons bien compris qu’étant donné qu’il n’est pas un des plus grands pays émetteurs de gaz, l’Azerbaïdjan ne pouvait pas jouer un rôle décisif pour réunir le monde. Mais nous pensions que notre expérience au sein des organisations internationales et une politique étrangère diversifiée nous aideraient à créer des ponts.

Donc, dès que nous avons obtenu l’occasion d’accueillir la COP29 en décembre 2023, nous avons commencé à nous impliquer profondément dans le fond du sujet. Franchement, auparavant, nous n'étions pas très activement impliqués dans ce processus. Vous voyez que l'un des principaux obstacles à la réussite est le manque de confiance entre le Sud global et le Nord global, entre les pays qui sont les grands pollueurs, si je puis les nommer ainsi, et ceux qui en souffrent. Et nous avons constaté ce déséquilibre, les pays qui font face à une menace existentielle en raison du changement climatique ont leurs émissions de gaz inférieures à 0,1, mais ils sont vraiment menacés. Leur vie, leur avenir, et l'existence même de ces pays, en particulier les petits États insulaires, sont menacés.

Nous nous sommes donc mis aux préparatifs, en étant très actifs dans le Sud global, ayant une grande expérience en présidant le Mouvement des non-alignés pendant quatre ans avec un grand succès – avec un soutien unanime de cette institution, ce qui s’est reflété dans une décision unanime de prolonger notre présidence d'une année supplémentaire. En même temps, en étant activement impliqués dans la politique européenne, l’Azerbaïdjan a signé ou adopté des déclarations et accords de partenariat stratégique avec dix membres de l’Union européenne. Nous avons donc décidé que cela pourrait être couronné de succès.

Nous avons commencé à travailler immédiatement. Ainsi, nous avons travaillé principalement sur deux axes : la préparation et le fond du sujet. Il y avait beaucoup de difficultés et d'obstacles sur les deux. Mais je pense que les résultats finaux démontrent que cela a été une histoire de succès. La préparation a été un grand défi car, contrairement aux COP précédentes, nous n'avions pas deux ans, mais seulement onze mois pour nous préparer. Nous avons dû construire toutes ces grandes installations au sein et autour du stade, près de 200 000 mètres carrés d'espace couvert, et tout le monde était satisfait de l'organisation. Il ne s'agissait pas seulement de créer ce site, mais aussi de gérer la logistique, les transports, l'hébergement, la certification de nos hôtels, et de déterminer d'autres espaces pour héberger les invités, car nous n'avons pas tant de chambres. Nous avons eu 76 000 participants enregistrés provenant de 197 pays.

Un autre problème, auquel nous ne nous attendions pas, a été les tentatives de boycott de la COP29 pour des raisons politiques, ce qui était vraiment inattendu. Je ne pense pas qu'un autre pays ayant accueilli cet événement ait fait face à ce genre de résistance. Mais nous avons également réussi à le gérer. Ainsi, le boycott a échoué. Bien que, comme vous l’avez mentionné, certains pays, en particulier la France, aient tout fait pour discréditer l’événement. Selon les informations que j’ai reçues de mes homologues, le président français contactait personnellement beaucoup d'entre eux pour leur déconseiller de se rendre à Bakou. Mais cela a échoué. Quatre-vingts chefs d’État et de gouvernement sont venus à Bakou. Cela a encore une fois démontré que l'Azerbaïdjan est considéré comme un partenaire fiable.

Quant à ce que vous avez dit sur l'absence de la présidente de la Commission européenne, autant que je sache, c'était la première COP où la présidente de la Commission européenne n’a pas assisté, bien que sa participation ait été confirmée quelques mois avant l’événement. Même à l'initiative de la Commission européenne, une session spéciale avait été prévue pour aborder la question du projet de câble vert avec la participation des dirigeants de l'Azerbaïdjan, de la Géorgie, de la Hongrie et de la Roumanie, les pays impliqués. Encore une fois, cet événement avait été proposé par la Commission européenne, et nous avons trouvé un créneau pour l'inclure malgré un programme très chargé, mais la visite a été annulée au dernier moment, ce qui a été une surprise.

Je sais que le Comité d'organisation de la COP29 a communiqué avec la Commission européenne en disant que la COP dure deux semaines. Il y avait donc assez de temps pour participer. D'ailleurs, le Secrétaire général de l'ONU est venu deux fois : à l'ouverture et à la clôture de l’événement. Mais encore une fois, ce message a été ignoré par la Commission européenne. Et bien sûr, la COP29 n’en a pas souffert, mais l'absence de la Commission européenne, qui est partie prenante de la COP, soulève bien sûr de nombreuses questions.

Mais néanmoins, du point de vue de l'organisation, c'était définitivement une histoire de succès. J'ai déjà dit une fois que nous n'avions eu que dix plaintes, qui ont été traitées immédiatement.

En ce qui concerne les résultats, beaucoup de gens, auxquels je me joins aussi, appellent cela la percée de Bakou, car pendant presque dix ans, les parties n'ont pas pu se mettre d'accord sur le marché du carbone. Les premiers jours de la COP ont déjà été marqués par un succès, un accord sur l'Article 6 de l'Accord de Paris a été atteint. Et cela a vraiment été un grand succès, et tout le monde en était heureux. Ainsi, ce qui n'avait pas pu être convenu pendant dix ans a été accepté à Bakou.

Bien sûr, le financement, car le sujet principal de la COP était le financement. Je sais qu'il y avait beaucoup d'attentes concernant l'allocation de 1000 milliards de dollars, mais cela était absolument irréaliste. Ce qui a été accompli, c'est que nous avons triplé le financement pour les années à venir. Avant la COP29, la dernière somme convenue était de 100 milliards de dollars. Ainsi, ici à Bakou, nous avons porté cette somme à 300 milliards de dollars. Donc, quand quelqu'un dit que cela a été un échec, ce n'est pas juste. Cela a été un véritable succès et aussi un héritage pour l’avenir.

Il y a eu beaucoup d'autres initiatives importantes. Le nombre total d'initiatives de l'Azerbaïdjan était de 14. Je ne veux pas les mentionner toutes. Cela démontre que nous avons traité cette question très sérieusement. Bien sûr, un autre héritage qui restera, j'en suis sûr, lors des futures COP, est la création de la Troïka entre les pays hôtes actuel, précédent et futur. Donc, c’est ainsi que cela a été organisé. Cela crée une synergie car nous avons remporté un succès sur la base de celui des Émirats arabes unis, je sous-entends le consensus de la COP28 des Émirats arabes unis. Et nous avons bénéficié de leur expérience. Ainsi, cette année, la COP au Brésil écrira certainement, j'espère, son histoire de succès sur la base des succès des Émirats arabes unis et de l’Azerbaïdjan.

Bien sûr, notre agenda vert, qui est un autre sujet, s'intègre parfaitement dans l'agenda vert mondial et la transition écologique. Je pense que nous avons déjà accompli beaucoup de choses, et de nombreux autres projets doivent être mis en œuvre dans un proche avenir.

Ainsi, je dirais une fois de plus que c'était un très grand succès. Un facteur important pour nous a également été la présentation du pays. Jamais dans notre région un événement similaire n’a eu lieu. Jamais autant d'invités ne se sont réunis en un seul endroit dans notre région. C’était donc une présentation du pays, et tous ceux que j'ai rencontrés, dont beaucoup – je parle de ceux qui nous ont rendus visite pour la première fois – se sont dits impressionnés par ce qu’ils avaient vu. Parce que le manque d'information sur l'Azerbaïdjan et aussi la désinformation délibérée à propos du pays ont en fait influencé l'opinion de nombreuses personnes. Ainsi, lorsqu'ils viennent en Azerbaïdjan, ils voient une société dynamique, des personnes éduquées, un personnel qualifié, la beauté de la ville et la sérénité dans la société. Bien sûr, cela impressionne.

Nous avions différents objectifs, et tous ont été atteints, ce qui constitue donc un autre succès pour l’Azerbaïdjan.

Nigar Sabirqizi, la Télévision publique : Monsieur le Président, vous avez parlé de la COP29. Bien sûr, la COP29 était un indicateur de la réputation internationale de l'Azerbaïdjan. Ma question portera également sur la place de l’Azerbaïdjan sur l’arène internationale. Il est connu que notre pays coopère étroitement avec un certain nombre d'organisations internationales, en est membre, et ce processus se poursuit. Récemment, à la fin de l'année dernière, précisément le 19 décembre, l'Azerbaïdjan a été admis dans une autre organisation réputée, le D-8. Cette organisation a élargi ses rangs avec l'Azerbaïdjan après presque 30 ans. Que signifie l'adhésion au D-8 pour l'Azerbaïdjan en termes de place de l'Azerbaïdjan dans le système politique mondial ? J'aimerais savoir ce que cela signifie pour l'Azerbaïdjan et quelles perspectives cela ouvre pour notre pays ?

Le président Ilham Aliyev : Cela a été un autre succès pour nous. L'adhésion de l'Azerbaïdjan à cette organisation démontre à nouveau la réputation de notre pays. Vous savez très bien que cette organisation a été fondée il y a presque 30 ans à l'initiative de la Türkiye et comptait huit pays. Aucun autre membre n'a été accepté au cours de ces années. L'Azerbaïdjan a été le premier membre accepté après la première décision concernant l’élargissement. Bien sûr, cela montre la réputation de notre pays ainsi que notre rôle sur la scène internationale. Le D-8 est la plus grande organisation unissant les pays musulmans. C'est une organisation avec une population de plus d'un milliard et représentant 60 % de l'économie des pays musulmans. Si nous considérons le produit intérieur brut de cette organisation, il dépasse les 5 trillions de dollars. Il existe environ 60 pays musulmans dans le monde, et l'Azerbaïdjan a été élu comme nouveau membre. Bien sûr, cela constitue à la fois un grand honneur et une grande responsabilité pour nous. Toutes les instructions ont déjà été données afin que l'Azerbaïdjan puisse être actif dans cette organisation et y apporter sa contribution.

C'est la Türkiye qui a soutenu notre candidature dès le premier jour. À l'invitation du président Recep Tayyip Erdogan, j'ai assisté en tant qu'invité au sommet du D-8 en Türkiye il y a environ sept ou huit ans. Depuis lors, la question de l'adhésion de l'Azerbaïdjan a été à l'ordre du jour. Mais, bien sûr, il fallait qu'il y ait un consensus entre tous les pays membres, et finalement, ce consensus a été atteint.

Nous serons bien sûr en contact plus étroit avec les États membres. Cependant, nous avons déjà des relations très actives avec tous les pays membres. Nous considérons toujours cette décision comme une reconnaissance de nos réussites. Je le répète, c'est juste la première étape. La question principale concernera les activités futures du D-8. Bien sûr, nous avons nos propres idées et notre propre agenda. Nous serons constamment en contact avec les pays membres et avancerons nos propositions. Je pense qu'il est tout à fait réaliste que le D-8 jouisse une grande influence en tant qu'organisation. Je crois que, d'une manière ou d'une autre, l'expansion a déjà commencé et ne se limitera pas à l'Azerbaïdjan, peut-être que d'autres pays y seront également invités. Bien sûr, ces questions seront examinées sur la base du consensus.

L'Azerbaïdjan a toujours été un membre précieux du monde musulman. Si vous prêtez attention aux déclarations des dirigeants de l'Organisation de la coopération islamique, vous verrez que cette organisation, qui regroupe tous les pays musulmans, a toujours eu un avis très positif sur l'Azerbaïdjan. Nous avons pris des mesures cohérentes liées à la solidarité musulmane, notamment le respect de la religion islamique en Azerbaïdjan, les relations interreligieuses, et l'organisation de nombreux événements, y compris les quatrièmes Jeux de la Solidarité islamique. Nous défendons toujours les intérêts des pays musulmans dans toutes les organisations internationales, l'ONU y comprise. Dans toutes les organisations, si une élection est organisée pour un poste de direction et qu'il y a un représentant d'un pays musulman, nous votons automatiquement pour ce représentant. C'est-à-dire que cela faisait partie de mes instructions, et une fois l'instruction donnée, je répète, cela se résout automatiquement. Nous avons fourni de l'aide à de nombreux pays musulmans. Nous n'en faisons pas étalage, et lorsque nous le faisons, nous n’en parlons pas beaucoup. Mais même les informations disponibles dans les médias suffisent pour dire que nous sommes très actifs dans ce domaine, tant pendant la pandémie de COVID que dans d'autres situations. Nous avons été en première ligne pour traiter des catastrophes qui touchent le peuple palestinien. Après l'effondrement du régime d’Assad en Syrie et la formation d'un nouveau gouvernement, l'Azerbaïdjan est devenu le deuxième pays après la Türkiye à fournir de l’aide humanitaire à la Syrie, et nous sommes prêts à apporter toute autre aide. À cet effet, une délégation du ministère des Affaires étrangères de l'Azerbaïdjan s’est récemment déplacée en Syrie.

Ainsi, nous considérons les intérêts de tous les pays musulmans comme les nôtres, ce qui est probablement la raison pour laquelle l'Azerbaïdjan a été le premier choix après la décision d'élargir le D-8. Bien sûr, le potentiel économique de notre pays, son poids politique et sa puissance militaire ont également été pris en compte. Notre politique concernant la solidarité islamique, que j'ai mentionnée, a également été un facteur déterminant. En même temps, cette organisation élargit sa géographie. Le D-8 s'est déjà élargi à la fois au Caucase et à la région de la Caspienne, et plus notre géographie est large, plus nos opportunités sont vastes.

Il n'est un secret pour personne qu'un nouvel ordre mondial est en train de se former. Je crois que nous sommes au début de ce processus, de nombreuses lacunes apparaissent et en apparaîtront d'autres. Le système créé après la Seconde Guerre mondiale a déjà perdu son potentiel. Cela se reflète dans les processus, conflits, guerres et d'autres événements qui se déroulent dans de nombreux endroits. En même temps, la crise politique et morale dans les principaux pays occidentaux est évidente elle aussi. Autrement dit, celui qui critique le plus la situation à laquelle l’Occident est confronté aujourd’hui est le président élu du principal pays occidental et il a raison de la critiquer. Car ce système s'est déjà effondré. Ce n'est pas moi qui le dis. C'est ce que dit M. Trump, qui deviendra président des États-Unis dans quelques jours. Naturellement, ces lacunes s'élargiront encore, et il est nécessaire qu'un nouvel acteur, un nouveau joueur sérieux avec un programme sérieux, émerge. Par exemple, nous pensons que l'Organisation des États turciques peut devenir un centre de pouvoir sérieux à l'échelle mondiale. Parce qu'elle dispose d'une vaste géographie, des ressources humaines, des ressources naturelles, des transports et communications, et d’une unité. Je crois que le D-8 peut lui aussi combler cette lacune. Je répète, plus d'un milliard, peut-être 1,3 milliard de personnes vivent dans ces pays. 60 % de l'économie des pays musulmans se trouvent dans le D-8, et 60 % de la population également. Donc, c'est une opportunité. Nous ne pouvons pas manquer cette opportunité, nous ne pouvons pas perdre de temps, et nous devenons membre de cette organisation avec cet agenda. Je crois que nos idées et propositions seront soigneusement examinées.

Nigar Sabirqizi : Merci beaucoup.

Senan Rzaïev, la chaîne de télévision CBC : Monsieur le Président, notre chaîne n’est disponible qu’en russe. Permettez-moi de vous poser des questions en russe.

Le président Ilham Aliyev : Je vous en prie.

Senan Rzaïev : Monsieur le Président, si l'on parle de l'année dernière, l'un des événements marquants a été la libération de quatre villages de la région de Gazakh de l'occupation arménienne. Il est à noter que cela, d'une certaine manière, s’est produit à la suite d'un dialogue quelconque entre Erevan et Bakou. De plus, dans cette même région, il a également été possible d'accomplir la délimitation et la démarcation d'un certain tronçon de la frontière dans un laps de temps assez court, ce qui a été en réalité surprenant. J'aimerais avoir votre avis. Selon vous, quelle a été la clé de ce succès ? Qu'est-ce qui l’a rendu possible ? Quels facteurs l’ont permis ? Parce qu'après tout, nos relations avec l'Arménie ne sont pas très simples, pour le dire poliment, et là, il est survenu un tel événement.

Le président Ilham Aliyev : Je dirais que cela s'est produit à la suite d'un monologue plutôt que d'un dialogue. Cela est dû au fait qu'il est clair que le dialogue avec l'Arménie a échoué pendant des décennies. La politique d'occupation de l'Arménie ne permettait aucun dialogue, et elle utilisait le format des négociations comme couverture pour poursuivre son occupation. Et les informations récemment apparues dans les médias, à savoir les déclarations fascistes du premier président de l'Arménie, confirment une fois de plus ce que nous savions depuis longtemps en principe, à savoir que l'Arménie n'avait pas l'intention de restituer un seul pouce du territoire azerbaïdjanais. Ils se sentaient assez à l'aise, en recevant des armes d'une valeur de milliards de dollars de la part d'un allié et un soutien politique et moral des deux autres. Ainsi, les trois coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE pendant la période pour laquelle je suis responsable étaient clairement du côté de l'occupant. Je vous dis cela en tant que personne ayant mené des négociations dans le cadre du Groupe de Minsk depuis 2004 et ayant rencontré cette « troïka » à de plusieurs reprises. Par conséquent, bien sûr, nous ne pouvions pas nous attendre à récupérer ces territoires par le biais du dialogue. Nous ne pouvions pas non plus nous attendre à restaurer notre intégrité territoriale par le dialogue.

Je pense qu'il y a plusieurs facteurs qui ont conduit l'Arménie à restituer de gré, disons bon gré mal gré, ces villages. Le premier est la Guerre patriotique et ses résultats. Le deuxième est l'opération antiterroriste. Je pense que cela aurait dû dissiper complètement les illusions que la direction arménienne aurait pu avoir sur le fait que quelqu'un confronterait l'Azerbaïdjan avec eux. Ma dernière demande concernant les quatre villages de la région de Gazakh au Premier ministre arménien a été formulée il y a presque un an, en février dernier. Ce sujet avait toujours été à l'ordre du jour depuis la fin de la Seconde guerre du Karabagh. Avant cela, il n'y avait aucun intérêt à en parler, car la question principale de l'occupation n'avait pas été résolue. Mais dès que la déclaration trilatérale a été signée, en fait même avant sa signature, ce sujet est resté constamment à l'ordre du jour. Je vais vous en dire plus, nous avons également abordé le sujet des villages occupés de la région de Gazakh dans le cadre de la négociation des conditions pour la signature de la déclaration trilatérale. Cela n'a pas pu être fait pour certaines raisons à ce moment-là, mais nous savions que nous y parviendrions en tout cas, tout comme nous savions que nous reprendrons le contrôle total de tous les territoires. Parce que la Déclaration du 10 novembre 2020 n'a pas résolu complètement la question de l'occupation, comme nous le savons tous très bien. Par conséquent, en agissant avec une logique stratégiquement rigide, nous prenions des mesures de manière cohérente, ciblée et persistante. La Guerre patriotique, une certaine détermination de la frontière conditionnelle entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie, l'opération antiterroriste et les quatre villages de la région de Gazakh. L'un d'eux a été occupé à l’époque soviétique, en 1990, tandis que les trois autres ont été occupés au printemps 1992. Ainsi, en février dernier, lors d'une réunion avec le Premier ministre arménien à Munich, cette question a été soulevée sous forme de monologue. Je suis heureux que nous n'ayons pas eu besoin de recourir à d'autres méthodes pour libérer ces villages. Je pense que les leçons des quatre dernières années sont prises en compte par l’Arménie, bien que pas encore complètement conçues. Je pense donc que c'est un bon premier pas non seulement dans la délimitation, mais aussi dans la démarcation de la frontière, ce qui, je pense, constitue une situation unique où la délimitation et la démarcation ont lieu presque simultanément.

Nous avons donc obtenu justice dans cette affaire et restauré nos territoires. J’ai envoyé un groupe de spécialistes dans ces villages. Il y a une question de proximité avec les localités arméniennes et il existe certaines menaces en cas d'escalade, c'est pourquoi j'ai demandé à ce qu'un endroit sécurisé soit identifié pour la construction des logements pour les habitants de ces villages, afin que leur sécurité puisse être garantie. Nous devons avant tout penser à la sécurité de notre population, puisque nous avons un tel voisin agresseur.

Je pense donc que le processus a été aussi transparent que possible. Il a également été bien accueilli par les nouveaux protecteurs de l'Arménie, car le processus de démarcation a également eu lieu. Et, bien sûr, cela devrait donner un élan à la détermination de l'ensemble du périmètre des frontières. Le protocole qui a été convenu entre les commissions arménienne et azerbaïdjanaise sur la délimitation et la démarcation stipule que de nombreux facteurs doivent être pris en compte lors de la détermination de la frontière : la sécurité, les communications, les localités, les facteurs historiques, les facteurs environnementaux, etc. C’est-à-dire que la frontière conditionnelle existante entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan n'est pas un dogme, et notre position a toujours été qu'elle doit être déterminée en tenant compte de ces facteurs et de bien d'autres que j'ai mentionnés. À ce que je sache, ce mois-ci, nous avons au moins présenté cette initiative : la prochaine réunion des commissions de délimitation azerbaïdjanaise et arménienne devrait se tenir pour poursuivre le processus de délimitation. Nous avons notre approche sur la méthodologie, nous l'avons communiquée à la partie arménienne, et la réponse verbale que nous avons reçue, qui m’a été rapportée, indique qu’il n’y a pas d’objections particulières de leur part. Alors attendons et voyons.

Vefa Aghabalaïeva, la chaîne de télévision REAL : Monsieur le Président, le renforcement de l’Azerbaïdjan en tant que pays indépendant augmente la rancœur et la colère de ses ennemis et rivaux. Nous en avons été encore plus convaincus par vos commentaires. Les processus menés par les milieux occidentaux pourraient probablement être qualifiés de forme de guerre froide à ce stade. Ma question porte sur le nouveau budget de l'État de l'Azerbaïdjan. Plus précisément, il s'agit des fonds alloués aux domaines sécuritaire et militaire. Hier encore, des unités militaires arméniennes ont de nouveau tiré sur les territoires azerbaïdjanais. Il s'agit d'une nouvelle provocation. Comment ces nouvelles dépenses et les fonds alloués au domaine sécuritaire serviront-ils à empêcher l’émergence de tendances revanchistes chez nos voisins occidentaux, notamment en ce qui concerne les changements de leur constitution et l'abandon de leurs revendications territoriales envers leurs voisins ?

Le président Ilham Aliyev : Oui, vous avez tout à fait raison. J'ai déjà déclaré que les conséquences de la Seconde Guerre du Karabagh et de l'opération antiterroriste devraient être prises très au sérieux en Arménie. L'armement continu de l'Arménie est, bien sûr, un nouveau facteur de menace pour le Caucase du Sud. Je l'ai déjà dit et je veux le répéter : nous ne pouvons pas simplement regarder cela comme des observateurs et ne rien faire. J'ai aussi répété cela à la direction arménienne, que cela pourrait créer une nouvelle menace. En même temps, ceux qui semblent soutenir l'Arménie aujourd'hui et l'inciter à de nouvelles provocations et sabotages contre l'Azerbaïdjan ne la soutiendront probablement pas jusqu'à la fin. Tout comme ils ne l'ont pas fait en 2020 et au-delà. Pas parce qu'ils ne veulent pas soutenir, mais parce que l'Azerbaïdjan ne leur offrira tout simplement pas ces opportunités. Par conséquent, une part importante du budget de l'État de l'Azerbaïdjan sera consacrée aux questions militaires et de sécurité. Je l'ai déjà dit une fois : nous dépensons 4 milliards de manats pour la restauration du Karabagh et du Zenguézour oriental et 8,4 milliards de manats pour les domaines militaire et sécuritaire. Cela aurait pu être complètement différent. Parce que la course aux armements de l'Arménie nous oblige à mobiliser des ressources financières pour les questions militaires en plus des principales. J'ai également déclaré que l'Arménie ne peut pas rivaliser avec nous dans la course aux armements. Cependant, nous devons aussi prendre en compte un point ici. Ces armes sont données à l'Arménie soit gratuitement, soit sous forme de prêts. Ces prêts sont également annulés après une certaine période et également par le biais de la prétendue Facilité européenne pour la paix. Pourquoi prétendue ? Parce qu’elle devrait en fait être utilisée à des fins pacifiques. Ses fonds pacifiques sont canalisés vers l'armement. Le premier paiement a été effectué à partir de là, et selon les informations que nous avons, ce n’est pas le dernier paiement.

Un autre fait inquiétant est qu'en avril dernier, pour la première fois dans l’histoire, une plateforme de coopération très étrange a été fondée, avec la participation des États-Unis, de l'Union européenne et de l’Arménie. Comme vous le savez, le secrétaire d’État américain, la présidente de la Commission européenne, le ministre des Affaires étrangères, ainsi que le Premier ministre de l’Arménie se sont rencontrés à Bruxelles et ont en réalité obtenu un accord sur une nouvelle coopération. Selon les informations que nous avons, l'accord obtenu avant cette réunion comprenait également un point militaire, mais après cela, il en a été officiellement retiré, mais il y reste de facto. Cela, en fait, a exclu à la fois la Commission européenne et les États-Unis du processus de normalisation entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie. Nous les en avons déjà informés. Si une partie prend position, elle ne peut pas être un médiateur impartial. C’est pourquoi la demande du secrétaire d’État américain est restée sans réponse le mois dernier et que l’Azerbaïdjan n’a pas accepté de participer à une réunion trilatérale. De plus, comme vous le savez, de nombreuses réunions ont eu lieu à Bruxelles à l’initiative du président du Conseil de l’Union européenne. Cela a également été arrêté. Nous sommes donc en faveur d'un format de négociation bilatéral, et bien sûr, l’Azerbaïdjan défendra sa position en tant que partie prenante de cette question.

Armer l'Arménie n’aboutira qu'à de nouvelles tensions. Nous ne le voulons pas. Nous voulons la paix. Nous voulons tourner la page de la guerre. Cependant, nous voyons que ni l’Arménie elle-même, ni ses nouveaux protecteurs ne le veulent. Ils vivent avec des idées de vengeance, et l'Arménie est en fait une source de menace pour la région. L’État arménien indépendant est en réalité un État fasciste. Car si ce pays a été dirigé pendant près de 30 ans par des porteurs de l’idéologie fasciste, ces derniers ont formé ce pays à leur image. Maintenant, regardez, les déclarations racistes et fascistes du premier président de l'Arménie sont aussi odieuses que dangereuses. Il présente le nettoyage ethnique comme une source de fierté, se vantant de l’expulsion des Azerbaïdjanais de leurs terres ancestrales historiques. Cette vidéo, comme on dit, vient d’être rendue publique. Mais bien sûr, ils le savaient en Arménie. Les alliés et protecteurs de l'Arménie le savaient bien sûr et partageaient ces vues. La politique d'occupation de 30 ans à notre encontre n'est pas simplement le produit de l'Arménie, mais un produit commun des cercles islamophobes, azerbaïdjanophobes, racistes, xénophobes, et des représentants de pays étrangers qui en sont solidaires. Nous sommes voisins d'un tel État fasciste, et la menace du fascisme n’a pas disparu. C’est pourquoi il faut faire disparaître le fascisme. Soit ce sera fait par les dirigeants de l’Arménie, soit par nous. Nous n’avons pas d’autre choix. Encore une fois, 30 ans d'occupation, la souffrance de notre peuple, le génocide de Khodjaly, le Karabagh dévasté – tout cela est devant nos yeux. Qui peut garantir que cela ne se reproduira plus ? Personne ! Parce que les trois premiers dirigeants de l’Arménie sont des partisans de l’idéologie fasciste. Le dirigeant actuel de l’Arménie, comme je l'ai dit, veut maintenant faire de lui une colombe de la paix. Mais voyez ses discours des années 2018-2019, personne ne veut les rappeler aujourd’hui. Même ses amis en France ne veulent pas l’abandonner. Donc, cette idéologie vit là-bas, et l’actuelle opposition arménienne n’est pas seule à la porter, le gouvernement arménien la porte lui aussi. Je veux répéter que nous ne pouvons pas simplement le regarder comme observateur. L'Arménie doit immédiatement arrêter de s’armer. La France et les autres pays qui lui fournissent des armes doivent mettre fin à ces contrats et les annuler. Les armes qui ont déjà été envoyées en Arménie doivent être renvoyées. C'est notre condition. Maintenant, que chacun l'accepte comme il le souhaite. J’exprime ma parole, ils le savent, et ceux qui les soutiennent savent que si nous disons quelque chose, nous prenons déjà cette question très au sérieux.

J'espère que toutes nos conditions concernant le traité de paix seront acceptées. Parce qu'il n'y a rien d'extraordinaire dans ces conditions. L'abolition du Groupe de Minsk, la modification de la constitution, sans quoi un traité de paix est impossible. Si l'Arménie n'a pas besoin d'un traité de paix, nous n'en avons pas besoin non plus. Nous pouvons vivre et mener notre propre politique sans le signer. En d'autres termes, je conseillerais quand même à la partie arménienne de tout peser soigneusement, y compris les changements géopolitiques dans le monde. Leurs amis proches sont honteusement écartés de la scène politique. Hier, nous avons appris que M. Trudeau, un ami proche de l'Arménie et de Pachinian, a également dû démissionner. Ce pays, qui était très antiazerbaïdjanais pendant et après la Seconde guerre du Karabagh, est presque comme la France. Quant à la France, que se passe-t-il sur la scène politique là-bas maintenant ? Chacun peut le voir. Hier, le président français a fait de nouvelles accusations absurdes contre l'Azerbaïdjan. Il semble que M. Macron ne puisse pas vivre sans l'Azerbaïdjan. Il a une sorte de manie et veut nous attribuer tous ses propres péchés. Si nous sommes devenus si forts que nous pouvons nous ingérer dans les affaires internes de la France et changer quelque chose, je pense que nous pouvons en être simplement fiers. En réalité, cette déclaration est une reconnaissance de sa propre impuissance. Un président d'un grand État souffre des actions d'un pays de 10 millions d'habitants situé loin, dans la région du Caucase. Pourtant, nous n'avons rien à voir avec les affaires internes de la France. En d'autres termes, cela a été causé par des approches erronées et des politiques non pertinentes. En d'autres termes, l'Arménie devrait le prendre très au sérieux. L'ère Soros est terminée également aux Etats-Unis. L'administration Biden était, en fait, gouvernée par la méthode de gestion de Soros. Il n'est pas surprenant que l'une des dernières décisions de Biden ait été d’attribuer la plus haute distinction américaine à Soros. En d'autres termes, ces partisans de Soros perdent en réalité leurs positions. La direction arménienne devrait en tenir compte. Qu'ils prennent en compte que leur allié proche au Moyen-Orient, la dictature d'Assad, a déjà été relégué dans les poubelles de l'Histoire et cela continuera, donc ils devraient faire le bon choix. Nous, en tant qu'Azerbaïdjan, ne sommes pas une source de danger pour eux. Nous voulons que la paix et la coopération règnent dans le Caucase du Sud, et qu’ils ne nous empêchent pas. Qu’ils ne constituent pas d’obstacle entre la Türkiye et l’Azerbaïdjan en tant que barrière géographique. Le corridor de Zenguézour doit être ouvert et il sera ouvert. Plus ils le comprendront tôt, mieux ce sera. Pourquoi devrions-nous aller au Nakhitchevan, qui fait partie intégrante de l'Azerbaïdjan, par d’autres voies ? Nous devrions avoir une liaison directe, et cette liaison ne remet pas en cause la souveraineté de l'Arménie. En d'autres termes, ils devraient respecter les dispositions de la Déclaration du 10 novembre. Tout y est clairement indiqué. Nous avons fait preuve de patience pendant plus de quatre ans. Pendant plus de quatre ans, nous avons voulu que cela soit résolu par des négociations. Combien de temps devrons-nous encore attendre et pourquoi devrions-nous attendre ? En d'autres termes, ils devraient tenir compte de tout cela. J'ai dit une fois qu'ils ne devraient pas nous contrarier et comprendre que c'est nous qui avons le dernier mot ici et que l'Azerbaïdjan est la principale économie, la puissance militaire leader et l'État leader du Caucase du Sud. Dans le monde d'aujourd'hui, le facteur de puissance est au premier plan, et personne ne devrait l'oublier.

Vussal Metleb : Monsieur le Président, j'aimerais poser une question pour faire suite à ce que vous avez dit. La course aux armements de l'Arménie et les tentatives sérieuses de fournir des armes à l'Arménie par certains pays et forces représentent certainement une menace sérieuse pour la sécurité régionale. Cependant, il y a une autre question qui nous intéresse et nous inquiète. La question de notre Grand retour et de la restauration. Est-ce que ces développements ne vont pas entraver notre Grand retour ? Ne vont-ils pas le retarder ?

Le président Ilham Aliyev : Bien sûr, cela entrave dans une certaine mesure. Parce que des fonds importants sont alloués aux domaines militaire et sécuritaire. Si la politique d’armement de l’Arménie n’existait pas, je peux dire que pas 8,4 milliards, mais seulement 4 milliards de manats auraient suffi pour les questions militaires et sécuritaires, si nous ne faisions pas face à une menace potentielle. Par conséquent, bien sûr, une partie de cet argent serait allouée à la restauration du Karabagh, une autre partie au développement des autres régions, et une autre aux programmes sociaux. Cependant, malgré cela, la restauration du Karabagh et du Zenguézour oriental est l’une de nos priorités les plus importantes comme les questions militaires. Cette année, au moins 4 milliards de manats y seront alloués. Mais je pense que nous pouvons en mobiliser encore plus. Nous avons réussi à assurer le retour des anciens déplacés internes dans 10 localités en trois ans, et cela a déjà été rapporté dans les médias. Plus de 10 000 déplacés internes ont déjà reçu des logements et y vivent. En tout, environ 30 000 personnes y vivent et travaillent dans divers secteurs, dans la construction, les affaires publiques et d’autres domaines.

Pour cette année, nous prévoyons d’assurer le retour des anciens déplacés internes dans environ 20 localités. Les noms de ces villes et villages ont déjà été choisis et les projets sont en cours de mise en œuvre. Des travaux de construction sont actuellement effectués dans de nombreux villages et villes. Près de 30 localités accueilleront des anciens déplacés internes d’ici la fin de cette année. Nous terminerons probablement les principaux projets d'infrastructure dans un an ou deux. La majeure partie des fonds est allouée à ces projets. Car plus de 60 kilomètres de tunnels, de ponts, des centrales électriques et des barrages sont en construction. Nous avons déjà lancé plus de 30 centrales hydroélectriques, construit des chemins de fer. Ainsi, tout cela constitue la principale charge financière. Dans environ deux à trois ans, les projets d’infrastructure principaux seront terminés, et ensuite, la somme à allouer à la création du stock de logements sera plus importante. Mais encore, si nous regardons l'histoire mondiale, nous verrons qu'aucun pays ayant souffert d'occupation et de destruction n'a restauré ses territoires à ce rythme et avec cette qualité. Ainsi, nous faisons preuve à la fois de professionnalisme et d’une approche très sérieuse. Il ne s'agit pas seulement de ressources financières. Il peut y avoir des ressources, mais vous devez avoir du potentiel humain. Nous avons également beaucoup investi dans la formation du personnel ces dernières années, et nos capacités techniques sont également vastes. La plupart des travaux réalisés là-bas sont effectués par des entreprises azerbaïdjanaises. Les entreprises turques arrivent en deuxième position. Elles participent principalement aux projets de tunnels, de ponts et de chemins de fer. Ainsi, nous disposons d'un potentiel technique très sérieux, de ressources humaines, de ressources financières et d'une politique bien réfléchie. Je dois aussi souligner que la conception et la construction de toutes les localités sont conformes aux normes les plus élevées. Maintenant, vous pouvez regarder n'importe quelle localité et voir à quel point les maisons sont confortables, qu'il s'agisse d'appartements ou de maisons individuelles, ainsi que toute l'infrastructure et les lieux de travail. Deux parcs industriels sont déjà opérationnels. Imaginez que les produits du parc industriel construit dans la ville d'Aghdam sont maintenant exportés à l'étranger. La ville a été détruite, mais des entreprises industrielles y fonctionnent déjà et exportent des produits à l'étranger.

J'ai dit immédiatement après la guerre que nous ferions du Karabagh un paradis. En fait, c’est déjà un paradis en raison de sa structure naturelle et de sa beauté. Mais avec des infrastructures modernes, des lieux de résidence, des lieux de travail et du confort, il deviendra véritablement l'un des plus beaux endroits du monde. C'est une très grande géographie. Le Karabagh, le Zenguézour oriental, et en même temps, la République autonome du Nakhtchivan, qui n'est pas si éloignée, devraient devenir un grand espace unique en termes d'économie, de société, d'énergie verte et de sécurité, alors que ce sont trois régions de notre géographie. En même temps, ces régions historiquement interconnectées se développent actuellement conformément à un concept unique. Par exemple, cette année, nous commençons également à préparer les plans directeurs des villes de Nakhtchivan et d’Ordoubad. Dans les années à venir, nous commencerons à préparer les plans directeurs des autres villes de la République autonome du Nakhtchivan. Toutes les localités du Karabagh et du Zenguézour oriental sont construites sur la base d’un plan directeur unique. Cela servira d’exemple. Ensuite, nous en appliquerons à d’autres régions du pays. Ainsi, les projets de gouvernance, d’infrastructures et d’énergie verte là-bas couvriront l’ensemble du pays. Ce sont nos projets. Bien sûr, je pourrais parler plus en détail, mais je me limiterai à donner des chiffres généraux. Mais je pense que la télévision azerbaïdjanaise et les autres médias couvrent suffisamment les processus qui se déroulent là-bas. Bien sûr, j'aimerais qu'ils les couvrent encore davantage. Parce que quelque chose change chaque jour là-bas, quelque chose est construit chaque jour, et d'anciens déplacés internes y retournent chaque semaine. Par conséquent, plus nos médias s'intéressent aux processus en cours dans cette région et les couvrent, mieux ce sera.

Senan Rzaïev : Monsieur le Président, il s'agit d'une continuation partielle du sujet abordé par mes confrères et de ce que vous avez dit à propos de la France. Il y a une situation vraiment étrange et étonnante là-bas. Le discours du président français que vous évoquez en quelques mots, il semble que tous les problèmes de la France proviennent d'Azerbaïdjan. C'est surprenant. C'est pourquoi je voudrais poser quelques questions. Premièrement, en tant que chef de l'État, en tenant compte de ce qui se passe dans les relations azerbaïdjano-françaises au cours des dernières années, avons-nous atteint une limite dans la détérioration de ces relations ou le pire est-il encore à venir ? Voici une première question. La deuxième question : j'aimerais que vous nous l’expliquiez un peu plus en détail. Vous avez parlé des réactions du président français. Pensez-vous, et cela peut paraître un peu étrange, qu'il y ait un facteur personnel dans cette question, peut-être des réflexions personnelles du président français à l'égard de l'Azerbaïdjan ? Parce que, vous savez, parfois il n'est pas tout à fait clair ce que la France gagne de cette situation. Et la dernière question : étant donné que l’histoire des relations azerbaïdjano-françaises est si longue, avec des hauts et des bas, êtes-vous d'accord avec l’opinion selon laquelle l'Azerbaïdjan est devenu, d’une certaine manière, un sujet de l'agenda politique intérieur en France, c’est-à-dire qu’un homme politique français doit prendre position à propos de l’Azerbaïdjan ?

Le président Ilham Aliyev : Malheureusement, c'est le cas. Je vais commencer par la dernière question. Si un consensus existe sur la scène politique française, ce consensus se forme uniquement sur la base de l'azerbaïdjanophobie. Malheureusement, non seulement le gouvernement actuel, mais aussi ceux qui veulent accéder au pouvoir ne diffèrent pas beaucoup les uns des autres. Il suffirait de rappeler les voyages illégaux au Karabagh à l'époque où les forces russes de maintien de la paix y étaient encore présentes. C’étaient des rivaux de l'actuel président français, et, la maire de Paris avait d’ailleurs présenté sa candidature à cette élection présidentielle. Monsieur Barnier, qui a récemment occupé le poste de Premier ministre pendant une courte période, s'est aussi distingué là-bas. Ils avaient donc besoin de se mettre en avant. Il m'est difficile de dire d'où vient le fond du problème, mais il y a probablement une sorte de synthèse. L'islamophobie et la xénophobie, en général, sont des caractéristiques distinctives de la classe politique française. Et pas seulement cela. D'ailleurs, l'antisémitisme aussi, il est bien connu de tous. En plus, il y a l'influence arménienne, le lobby arménien, et tout le monde veut se distinguer devant les communautés arméniennes et obtenir des avantages et à présent et dans l’avenir. Et ils sont conscients qu’ils resteraient au pouvoir pour une courte durée, voire éphémèrement dans certains cas. Donc, sécuriser un soutien pour l’avenir et dire « je suis l’un des vôtres », ce facteur est probablement aussi présent.

Beaucoup de gens, y compris, je crois, les responsables de la classe dirigeante, ont perçu notre victoire en 2020 comme leur propre défaite. Bien qu’il n’y ait aucune raison de penser ainsi. Mais pour une raison quelconque, comme vous l’avez décrit, ils se sont sentis personnellement visés. Je dis cela sur la base de mon expérience avec les représentants de la France. Bien que j’aie toujours essayé de leur expliquer que cela n’avait rien à voir avec eux. En principe, nous n’avions rien contre vous et nous n’avons rien fait. C’est vous qui êtes allés à notre encontre. Pendant la guerre de 44 jours, je ne me souviens pas combien de fois, six ou sept, j'ai reçu des appels téléphoniques du président français pour tenter d’arrêter notre lutte pour la libération. Après cela, il y a eu des tentatives de nous menacer, des menaces de reconnaître le soi-disant Haut-Karabagh. Maintenant que nos relations sont tombées au plus bas, je peux le dire, mais j'ai répondu que tout pays qui reconnaîtrait après le novembre 2020 le soi-disant « Haut-Karabagh », recevra immédiatement une note de notre part sur la rupture des relations diplomatiques. C'était ma réponse. Et immédiatement, la reconnaissance du soi-disant Haut-Karabagh a été supprimé de l’agenda. Ils sont allés dans une direction différente, l’ont reconnu par le biais du Sénat, par le biais du parlement, puis ils ont essayé de se justifier longtemps en disant que les autorités n'avaient rien à voir avec cela. En général, c'est une vieille histoire. Le deuxième facteur est peut-être personnel, bien que je n'aie jamais eu de respect ou d’irrespect en politique. Ce que je pensais, je l'ai toujours gardé pour moi et je n'ai jamais même montré mon attitude envers ceux qui le méritaient – je veux dire une attitude négative. Je pense que l'autre facteur ici est l'immaturité politique de la direction française. J'ai eu l'opportunité de travailler et de communiquer avec trois présidents français avant M. Macron, et les relations entre nos pays se sont toujours très bien développées. Si nous prenons les États membres de l'UE, ce sont probablement les relations les plus actives, du point de vue politique, économique, culturelle et des visites mutuelles, durant cette période avant le pouvoir actuel. Nous avions des relations de jumelage avec 13 villes françaises. Il y avait de nombreux événements culturels.

Mais quand nous parlons d'immaturité politique, il faut examiner la biographie du président Chirac. Il faut jeter un coup d’œil sur son expérience dans les affaires d'État, au sein du gouvernement, du parti, ainsi que les années où il a dirigé une ville comme Paris. L'expérience du président Sarkozy, qui a également parcouru un long chemin dans les organismes étatiques, occupant le poste de l'un des ministres de premier plan, le ministre de l’Intérieur, qui en France est bien plus vaste par rapport à nos critères. Ou le président Hollande, qui a dirigé un parti, a fait tout le chemin jusqu'à devenir candidat et puis président. Et puis vous regardez la biographie du président actuel. Je ne veux pas aller plus loin dans ce domaine. Donc, je pense qu'il y a eu une exagération de son propre rôle et une sorte d'association complète du pays avec soi-même, ce qui ne devrait pas se produire. Un pays est une chose, un président est une autre. Si un pays est grand, n'importe quel pays, alors le président devrait s'efforcer d'être à sa hauteur. Si un pays est en retard et que le président est plutôt progressiste, alors il devrait élever le pays à son niveau. Ce sont ces facteurs, je pense. Mais encore une fois, si un facteur personnel existe, il n’a certainement pas été initié par l’Azerbaïdjan.

Est-il possible de tomber en-dessous du plus bas niveau ? Il est difficile de le dire. Je vais vous dire une autre chose, dont nous n'avons jamais parlé, mais je pense que cela pourrait aider d'une certaine manière à sortir de la crise. Au cours des derniers mois, nous avons reçu des signaux de représentants du gouvernement français pour établir des contacts, autant que je me souvienne il y en a eu trois ou quatre, de différentes personnalités à nos différents représentants, et la réponse a toujours été : « Nous sommes prêts ». Oui, nous sommes prêts aujourd'hui, mais nous n'irons nulle part, ni à Paris ni à Bruxelles. Si vous avez besoin de nous rencontrer, vous pouvez nous rencontrer ici à Bakou. Mais à un moment donné, il y a à nouveau une lacune et un silence.

Il y a eu récemment une autre dépêche diplomatique, disons verbale : pour négocier et discuter. Encore une fois, nous sommes prêts, nous n’avons rien à contester avec eux, nous n'avons aucune revendication contre ce pays. L’essentiel est qu'ils ne nous touchent pas, ne s’ingèrent pas dans nos affaires et ne s'ingèrent pas dans les affaires du Caucase du Sud. C'est déjà une exigence que nous formulons assez clairement. Car partout où les autorités françaises s'ingèrent, d'abord, elles échouent honteusement, et deuxièmement, elles ne font qu’y apporter de l'intrigue. Rien d'autre que de l'intrigue. Il ne sert à rien de parler de l'Afrique, tout est évident, comme on dit. Il en va de même pour le Caucase du Sud. En Azerbaïdjan, leur présence est pratiquement réduite à zéro, à l'exception de certaines entreprises qui ont un contrat à long terme. Et nous respectons toujours toutes nos obligations, donc nous n’avons jamais extrapolé des difficultés politiques aux opérations des entreprises. Les entreprises françaises encore présentes ici ne doivent pas être tenues responsables d'avoir un tel gouvernement. Les tentatives de déstabiliser la Géorgie sont évidentes. Il n’est pas secret que cela a été fait d’une manière non diplomatique et publique, ce qui est même surprenant pour un pays avec de telles traditions diplomatiques. Et le contrôle total sur l'Arménie est également une réalité. Mais cela ne fonctionnera pas. Nous verrons. Quoi qu'il en soit, j'ai révélé un peu plus que d'habitude, mais étant donné votre question, je pense que ce sera utile pour tout le monde d'avoir de nouvelles informations.

Senan Rzaïev : Merci.

Nigar Sabirqizi : Monsieur le Président, ma prochaine question porte sur les relations avec l’Iran. Je crois que vos opinions à ce sujet pourraient être intéressantes pour tout le monde. Ces dernières années, les relations irano-azerbaïdjanaises ont traversé des hauts et des bas. Parfois, on observe un comportement incompréhensible dans ce pays à l’égard de l’Azerbaïdjan, ce qui provoque certaines tensions entre les deux pays. Il y a quelques jours, le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères a exprimé son protestation auprès de la partie iranienne concernant une autre manifestation de ce type de comportement. J’aimerais savoir comment vous évaluez les relations actuelles entre l’Azerbaïdjan et l’Iran et quelle politique vous attendez désormais de la part de l’actuelle direction iranienne ?

Le président Ilham Aliyev : Il est un peu tôt pour en parler, car nous n’avons pas encore eu de contacts significatifs avec l’actuelle présidence iranienne. Il y a eu certains contacts entre les membres des gouvernements, principalement axés sur des questions économiques et de transport, des questions qui sont, en principe, séparées de notre agenda politique et nous ne les mélangeons jamais.

Encore une fois, la détérioration de nos relations avec le gouvernement précédent n'était pas de notre faute. Je tiens simplement à rappeler certains points. Après la fin de la Seconde guerre du Karabagh, lorsque nous avons sécurisé l'observation visuelle de la route de Latchine, nous avons commencé à voir que des camions-citernes transportant du carburant en provenance d'Iran allaient régulièrement au Karabagh depuis l'Arménie. J'ai donné des instructions à mon assistant, et il s’est entretenu au téléphone avec l'ambassadeur d’Iran en Azerbaïdjan et lui a demandé de l’arrêter. « Nous ne voulons pas le rendre public, donc nous vous demandons de stopper. Ce n'est pas bien, nous voyons cela, et c'est notre territoire. Vous faites des choses illégales ici », a-t-il dit. Malheureusement, cela n'a pas cessé après et s'est même intensifié. Ensuite, en deuxième étape, nous avons invité l'ambassadeur d’Iran au Ministère des Affaires étrangères, lui avons remis une note de protestation et nous l’avons rendu public.

Cela a été suivi de développements à la fois drôles et tristes. De fausses plaques d’immatriculation arméniennes ont été collées sur des camions-citernes iraniens, comme s’ils venaient d’Arménie. Mais il y avait aussi des inscriptions en persan sur ces plaques. Cela nous a beaucoup surpris. Nous avons donc commencé à enquêter. Nous avons constaté que la même plaque d'immatriculation avait été installée sur plusieurs véhicules, c’est-à-dire que la plaque d’immatriculation était la même, mais les véhicules étaient différents. En d'autres termes, cette fraude était extrêmement bâclée. Après cela, nous avons arrêté un véhicule, les chauffeurs ont été arrêtés, et nous avons constaté que dans leurs documents de voyage étaient indiqués Stepanakert, Arménie. En d'autres termes, c'était un irrespect évident à l’égard de notre intégrité territoriale et notre souveraineté.

Par la suite, les menaces bien connues à notre encontre ont commencé : des exercices militaires, des déclarations, des intimidations. Nous avons également pris des mesures appropriées. Si des exercices militaires sont organisés à notre frontière, nous avons fait de même de notre côté de la frontière entre l'Azerbaïdjan et l'Iran. Cela signifie que nous avons montré que nous n'avons peur de personne et que nous sommes en faveur de la justice. Cela était également accompagné dans la presse de cette campagne d'insultes, car il semble que c’est le style de travail de certains milieux dirigeants. En réalité, l'insulte est le symbole de l'impuissance. Si tu n'arrives à rien, je parle ici des personnes grossières, tu recours à l'insulte. En d'autres termes, celui qui insulte s'insulte en réalité lui-même.

Puis, on a reçu des nouvelles concernant le règlement de l'affaire et d'autres rapports de la part de l'Iran. Ensuite, un acte de terrorisme a été commis contre notre ambassade, il s’agissait d'un acte terroriste organisé. Il y avait de nombreux facteurs qui permettaient de le dire. Premièrement, pendant environ 40 minutes, aucune voiture de police ne s'est approchée du bâtiment, bien que cela se passait en plein centre de la capitale. La personne qui a commis l'attentat a immédiatement été déclarée malade mentale le lendemain. Cependant, tout examen médical prend plusieurs jours. Cette personne est apparue le jour même de l'attentat dans la presse et a donné des interviews. Deux ans se sont écoulés depuis cet incident. Le jugement infligé à cette personne n’a pas été appliqué jusqu’à présent. Tout cela montre que cet acte avait été organisé. C'était une démonstration de faiblesse, et la partie azerbaïdjanaise a également pris des mesures adéquates. Vous savez que nous avons rappelé tous nos employés de l'ambassade, et ils n’y sont retournés qu’après la promesse officielle – le défunt ministre iranien des Affaires étrangères, M. Abdollahian, qui est décédé dans un accident d'hélicoptère, est venu ici et m'a promis que la personne coupable serait condamnée à mort. Mais ils nous ont encore trompés. Parce que cette peine de mort n'a pas été exécutée, l'affaire a été renvoyée au tribunal pour enquête. En d'autres termes, cela a été un acte incompréhensible au niveau de l'État, et nous insistons sur nos demandes. Nous savons que des peines de mort en Iran sont prononcées pour des crimes moins graves et sont immédiatement exécutées. Mais ici, deux ans se sont écoulés, non seulement cela n'a pas été exécuté, l'affaire a en fait été renvoyée pour enquête supplémentaire.

Donc, c’est un aspect de la question. Il est difficile d'analyser les relations avec le nouveau gouvernement car je n'ai pas rencontré personnellement le nouveau président. Je pourrai en parler si ça arrive et au moment où ça arrive.

Quant à l'attitude haineuse d’un mollah provincial à notre égard, ce n’est pas la première fois. Ce mollah de la ville d’Ardabil a, à plusieurs reprises, utilisé des expressions insultantes contre l’Azerbaïdjan, le peuple azerbaïdjanais, y compris contre moi. La question ici est de savoir quelle est l’attitude de la personne qui l’a nommé à ce poste. Après tout, il n’est pas venu occuper ce poste tout seul. Nous savons très bien qui l'a nommé. Quelle est sa réaction, le soutient-il ou non, et qui présentera des excuses à l’Azerbaïdjan ? Vont-ils s’excuser ou pas ?

Le regret exprimé dans la déclaration du ministère iranien des Affaires étrangères ne suffit pas. Il y a eu une insulte ouverte : à la fois aux présidents de la Türkiye et de l’Azerbaïdjan, à nos peuples, et cela pendant une diffusion en direct lors d'un événement officiel. Et seulement un regret ? Cela, bien sûr, est inacceptable. Par conséquent, nous estimons que le mollah provincial devrait être puni. Du moins, il devrait être destitué de son poste et contraint de présenter des excuses à l'Azerbaïdjan. C’est là la question.

Nigar Sabirqizi : Merci beaucoup.

Guy Shone : Monsieur le Président, l'Azerbaïdjan a augmenté ses exportations de gaz vers de nombreux pays européens tels que l’Italie, la Grèce, la Hongrie et la Türkiye. Pourriez-vous partagez votre vision pour l’Azerbaïdjan afin d’aider à sécuriser les ressources énergétiques pour l’Europe à l’avenir ?

Le président Ilham Aliyev: Oui, nos exportations de gaz augmentent, et nous élargissons désormais la géographie de la fourniture de gaz grâce à différents projets d'infrastructure, le principal étant le Corridor gazier méridional et son expansion. Grâce aux nouveaux interconnecteurs, qui ont été inaugurées récemment en Europe, notre accès à différents marchés est désormais possible.

En 2022, comme vous le savez, lorsque la guerre russo-ukrainienne a entraîné une perturbation des livraisons de gaz russe à l’Europe, la Commission européenne s’est adressée à l’Azerbaïdjan, nous demandant de l’aider. À ce moment-là, la présidente de la Commission européenne est venue à Bakou, c'est exactement ici que nous signions cette déclaration, juste en dehors de cette salle. Nous avons alors dit : « D’accord, nous sommes prêts à vous aider et à doubler nos livraisons de gaz à l'Europe. » À ce moment-là, nos livraisons de gaz à l'Europe constituaient 7 milliards de mètres cubes.

Et nous nous sommes mis à travailler sur cela. Nous avons commencé à investir et à chercher des opportunités pour acheminer notre gaz à travers différents interconnecteurs. Depuis lors, le nombre de pays européens qui reçoivent notre gaz a augmenté, et il constitue actuellement 10. En tout, cela fait 12 pays, dont 10 sont européens, et huit des 10 sont membres de l’UE. Ainsi, nous avons élargi la géographie et augmenté le volume de gaz. Pour de nombreux pays membres de l’Union européenne, le gaz azerbaïdjanais représente désormais environ la moitié de leur consommation intérieure. C'est vraiment un soutien sérieux que nous apportons à nos partenaires européens. Nos projets futurs consistent à élargir la géographie. Nous sommes déjà en négociations avec d’autres pays européens, qui sont proches de ceux qui reçoivent déjà notre gaz. Je pense que ça sera possible dans les années à venir.

Pourtant, depuis 2022 jusqu’à présent, il y a eu un changement fondamental. Car à ce moment-là, nos exportations de gaz étaient limitées à la Géorgie, la Türkiye, la Grèce et l’Italie. C'était tout. Puis, nous avons ajouté la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie, la Serbie, la Macédoine du Nord, la Slovaquie et la Croatie. Tout cela s'est produit dans une période relativement courte. Ainsi, nous avons des ressources, car leur volume prouvé augmente. Il y a de nombreuses années, il était estimé à 2,6 billions de mètres cubes, mais maintenant, avec les nouvelles découvertes et d’autres à venir, il sera encore plus important. Nous espérons obtenir cette année le premier gaz du projet « Gaz profond » sur le champ Azéri-Tchirag-Gunechli, et cela contribuera de manière significative à la production totale de gaz. En considérant que Chahdeniz restera le principal champ fournissant du gaz, nous prévoyons de travailler avec nos partenaires afin d’augmenter la production de gaz de 1,5 à 5 milliards de mètres cubes sur le champ Abcheron.

De plus, il existe de nombreux autres projets prometteurs comme les gisements Karabagh, Babek, Asiman et d’autres encore. Cela augmentera notre potentiel. Donc maintenant, la question principale est de savoir comment atteindre de nouvelles destinations. Pour cela, il devrait y avoir des investissements supplémentaires en Europe afin d’élargir les interconnecteurs existants ou peut-être d'en construire d’autres. Même maintenant, avec la couverture de 12 pays par le gazoduc, l’Azerbaïdjan est maintenant, je crois, l’un des pays leaders dans le monde avec une telle large géographie, et en Europe aussi, l’un des pays leaders en termes de géographie. Parce que la géographie est aussi importante que le volume. Parce que pour certains pays, même un milliard de mètres cubes fait une grande différence. Ainsi, nous traitons nos engagements avec un haut niveau de responsabilité. Bien sûr, en répondant à cette question, je ne peux pas oublier un sujet qui doit également être abordé. Nous investissons beaucoup, et nous essayons d'aider l’Union européenne à faire face à la pénurie de gaz. En même temps, nous faisons face à une situation où les banques européennes ne financent plus les projets liés aux combustibles fossiles. D’un côté, elles nous demandent des livraisons supplémentaires. D’un autre côté, elles nous privent de fonds. Par exemple, la Banque européenne d’investissement a complètement cessé de financer les projets liés aux combustibles fossiles. La BERD a encore, autant que je sache, une part très réduite. Si cela continue, il n'y aura plus de moyens pour investir, car dans ce secteur, vous utilisez vos financements d'entreprise pour environ 30%, mais vous empruntez le reste de l'argent. Alors, où allons-nous emprunter de l'argent ? Ou bien les Européens veulent-ils construire des interconnecteurs entre eux ? Donc, c'est une question qui doit, à mon avis, être abordée, et la deuxième, non pas la deuxième, mais une autre question concerne le calendrier des livraisons. Parce qu'avec la transition verte, la part des combustibles fossiles dans l’Union européenne va diminuer. Alors, que va-t-il se passer ? Il y a beaucoup de questions en suspens, et nous les traitons lors de consultations régulières avec les responsables européens. Si l’Union européenne a besoin de plus de gaz de notre part, elle doit aussi faire la tâche qui lui incombe. Nous faisons la nôtre. Ils doivent faire la leur.

Nigar Sabirqizi : Monsieur le Président, votre point de vue sur ce qui se passe au Moyen-Orient est intéressant. L'année 2024 a été marquée par des guerres à Gaza et au Liban, les tensions entre l'Iran et Israël, l’effondrement du régime d’Assad en Syrie, et l'actuel facteur turc au Moyen-Orient. À cet égard, j'aimerais connaître vos points de vue sur ce qui se passe dans cette région.

Le président Ilham Aliyev: Oui, nous sommes très heureux que des changements se soient produits en Syrie et, bien sûr, concernant les relations entre la Türkiye et le nouveau gouvernement syrien. Parce que la Syrie est un pays voisin de la Türkiye, et chaque pays souhaite voir une situation stable au-delà de ses frontières. En particulier, la Türkiye, qui souffre du terrorisme, du terrorisme du PKK, exige à juste titre l’élimination du terrorisme de l’autre côté de ses frontières, et elle ne se contente pas de l’exiger, mais elle y parvient également. J'ai déjà exprimé mon point de vue sur cette question. Le rôle de la Türkiye dans le développement de la Syrie est, bien sûr, très important. Après la chute du régime d'Assad, j'ai téléphoné au président Recep Tayyip Erdogan, et nous nous en sommes félicités mutuellement. J'ai également déclaré que nous étions prêts à soutenir la Türkiye et nous avons déjà commencé à le faire. Grâce au soutien de la Türkiye, le premier convoi humanitaire est parti. Parce que sans le soutien de la Türkiye, sans son soutien logistique, cela n'aurait pas été possible. De plus, l'envoi de notre délégation du ministère des Affaires étrangères là-bas a également été effectué avec le soutien de la Türkiye. En d'autres termes, nous voulons apporter notre contribution ici pour mettre fin au terrorisme, du moins sur cette frontière de la Türkiye, et je crois que ça sera un changement géopolitique très important, conduisant à l'établissement de la paix, de la stabilité et de la coopération dans une large étendue. Bien sûr, il ne devrait y avoir aucune place pour le terrorisme le long de n’importe laquelle des frontières de la Türkiye. En tant qu'allié de la Türkiye, nous sommes toujours à ses côtés en toutes circonstances, et la Türkiye le sait. Tout comme la Türkiye est à nos côtés en toutes circonstances et dans toute question, nous aussi sommes à ses côtés. Notre Déclaration sur les relations d’alliance s’enrichit chaque jour de nouveaux éléments. Pour revenir à la question que vous venez de poser sur le D-8, c’est toujours la Türkiye qui a le plus soutenu notre pays. La Türkiye a été la première à nous féliciter. Par conséquent, ce qui est dans l’intérêt de la Türkiye est aussi dans le nôtre. Notre sécurité est la même, nos intérêts sont les mêmes, et notre avenir est le même. Au Moyen-Orient ainsi qu’en Europe, nous avons abordé cette question un peu, une situation complètement nouvelle émerge, un facteur turc fort jouera un rôle clé ici. Nous sommes à ses côtés. En d'autres termes, notre puissance augmentera encore plus. Une vaste étendue englobant l’Europe, l’Asie, le Caucase du Sud et le bassin de la mer Caspienne constitue déjà un facteur géopolitique sérieux en soi. La puissance militaire, la puissance politique, le potentiel économique, l'unité, et il est impossible de voir aujourd’hui des pays aussi interconnectés que la Türkiye et l’Azerbaïdjan dans le monde. Par conséquent, nous sommes très optimistes, et les changements en Syrie nous rendent très heureux. D’abord pour la Türkiye et ensuite pour nous-mêmes. Parce que pendant 12 ans, nous n’avons eu aucune relation avec la Syrie. Notre ambassade en a été expulsée. A l'ère Assad, la Syrie a toujours pris le parti de l'Arménie. Elle était en fait unie avec l'Arménie contre nous. Il suffit de voir les lettres que Pachinian a envoyées à Assad, les délégations officielles qu'il a envoyées – le ministre des Affaires étrangères, le président du Parlement et le vice-Premier ministre. Ils considéraient la Syrie comme un allié proche, et c’est déjà fini.

Notre position sur la question israélo-palestinienne reste inchangée. Nous avons toujours été en faveur de la création, c’est-à-dire de l'existence de deux États. La création d'un État palestinien indépendant mettra fin à ce conflit. Je pense que tout le monde doit le comprendre. Comme vous le savez, nous soutenons politiquement, moralement et matériellement l’État palestinien depuis de nombreuses années et cela continue. L’ambassade de Palestine est opérationnelle en Azerbaïdjan depuis de nombreuses années. Nous avons également ouvert un bureau de représentation en Palestine, et bien sûr, plus tôt ce conflit prendra fin et un cessez-le-feu sera déclaré à Gaza, mieux ce sera pour tout le monde. Nous le souhaitons, et aussi nous y prenons les activités de la Ligue islamique comme base. Car il s’agit davantage d'une question du monde arabe, et la Ligue arabe est l’organisation représentant le monde arabe, et quelle que soit sa position, nous la partageons. Nous avons participé activement à tous les événements de l’Organisation de la coopération islamique et continuerons à le faire. En d’autres termes, notre position est parfaitement claire.

Vefa Aghabalaïeva : Monsieur le Président, notre monde est en train de changer, nos villes changent, et bien sûr, le système de gouvernance change lui aussi. L’Azerbaïdjan fait également partie du monde et, bien sûr, n’est pas exclu de ces processus. Par exemple, les chefs des autorités exécutives sont remplacés par des représentants spéciaux du président, des holdings sont créés pour gérer de grandes organisations à partir d'une plateforme unique, etc. Ma question est liée à votre ordonnance. Quel objectif sert la fondation de la Holding des transports et des communications d’Azerbaïdjan (AZCON) et, en général, quelles sont vos attentes vis-à-vis de cette institution ?

Le président Ilham Aliyev: Au cours des dernières années, un nouveau modèle de gouvernance a été appliqué aux entreprises publiques. Des conseils d'administration ont été créés, et des responsables d'État ont été nommés à la tête de ces conseils. Ainsi, les problèmes des entreprises publiques ont été pleinement révélés. Pendant de nombreuses années, les entreprises publiques, malheureusement, étaient non seulement des monopoles naturels, mais aussi des entreprises déficitaires. Ceci est dû à plusieurs raisons. La principale raison était les défauts et fraudes relatifs à la gouvernance. Pour y mettre fin, une décision a déjà été prise par moi-même, et un nouveau modèle de gouvernance a été mis en place dans toutes les entreprises dont le nombre n’est pas grand, environ 10 entreprises publiques, et nous avons immédiatement commencé à observer des aspects positifs. La SOCAR, qui était déficitaire pendant de nombreuses années et qui continuait à se tourner vers le budget de l'État, génère désormais des bénéfices. La compagnie aérienne Azerbaijan Airlines, qui était également déficitaire pendant de nombreuses années et qui recevait des subventions de l'État, génère désormais des bénéfices, et si je ne me trompe pas, les revenus de l'année dernière s'élevaient à plusieurs centaines de millions de manats. Aujourd’hui, elle couvre ses propres besoins. Il en va de même pour l’administration des chemins de fer. D'autres entreprises qui recevaient de l'aide de l'État pendant de nombreuses années génèrent désormais un revenu d'environ 100 à 150 millions de manats. C'était donc la première étape. Cette étape de consolidation et de réforme des cadres est désormais terminée. En ce qui concerne la Holding des transports et des communications d’Azerbaïdjan, son objectif est de créer un secteur des transports comme une plateforme sous un même toit. Car bien que les changements positifs que j'ai mentionnés dans la gouvernance aient eu lieu, la coordination entre les institutions de transport était faible, et sachant que notre principale source de revenus et l'un des facteurs renforçant notre poids politique seront les transports et la connectivité dans les années à venir, il était bien sûr nécessaire de mettre en place un mécanisme efficace entièrement transparent et coordonné. Il existe de nombreux exemples, par exemple, quant au transport de fret, pour la Compagnie de navigation maritime de la mer Caspienne d'Azerbaïdjan, il est plus rentable de transporter un type de cargaison, tandis que pour les chemins de fer, il est plus rentable d’en transporter un autre type. Dans quelle mesure le port joue-t-il ici le rôle de mécanisme intermédiaire ? C'est pourquoi, en fonction des intérêts de l'État, la priorité doit être accordée au transport des marchandises qui s'avèrent les plus avantageuses et aux moyens de transport. Parallèlement, le processus de numérisation du secteur des transports est en cours. Des mesures nécessaires ont été prises et des instructions ont été données dans cette direction, à savoir l'expéditeur aura la possibilité de suivre en permanence sa cargaison lors du dédouanement, les obstacles artificiels, les fraudes ainsi que les retards naturels seront éliminés. Car nous devons rendre le corridor de transport Est-Ouest plus économiquement viable grâce à une régulation correcte des tarifs. Nous devons également éliminer les obstacles artificiels pour que les marchandises puissent être transportées encore plus rapidement.

En ce qui concerne les tarifs, il existe un tarif pour le chemin de fer, un pour le port international et un pour le transport maritime, et il y a une disparité entre ces tarifs. Il y a de nombreux autres détails qui ont nécessité la mise en place d’un système unifié, et nous l’avons fait. Je suis convaincu que l’institution qui est sur le point de se former manifestera prochainement son efficacité. Parallèlement, les problèmes de transport urbain sont également en vue. Auparavant, nous avons mis en œuvre plusieurs grands projets pour améliorer le transport urbain et réduire les embouteillages. Beaucoup de gens l'ont peut-être oublié maintenant, et la jeune génération ne le sait peut-être même pas. Il y avait tellement de problèmes dans le passé, même le nombre de ronds-points que les gens devaient traverser pour se rendre de cet endroit à la ville – le rond-point de Merdekan, celui de Sabountchou, celui de Koroghlou, puis celui de Sourakhany, avec des embouteillages à chaque rond-point. La route menant du centre-ville à l’aéroport n’avait que quatre voies, mais en réalité, elle en avait trois. La deuxième route, ce que nous appelons la route en béton, n’existait même pas. Ça prendra du temps d’énumérer tout cela. C’est pourquoi plusieurs tunnels et échangeurs routiers ont été construits dans le passé. Mais maintenant, nous voyons que le nombre de véhicules augmente toujours, les gens achètent plus de voitures et l’activité économique augmente. Encore une fois, la ville commence à suffoquer sous les embouteillages. C’est pourquoi cette question a été mise en avant par moi comme une mission. Le plan directeur a en fait été préparé maintenant. C’est pourquoi, de ma part, cette question a également été fixée comme une tâche, et actuellement, le plan directeur est en fait élaboré. Il y a des questions de coordination entre le transport en bus et le métro. Nous avons récemment mis plusieurs stations de métro en service. Mais ce n’est pas suffisant, et 10 nouvelles stations de métro seront construites sur mes instructions. Leurs emplacements ont également été sélectionnés, et à partir de cette année, des investissements seront effectués. Parallèlement, les sept à huit premiers projets ont déjà été sélectionnés pour mettre en œuvre de nouveaux projets d'infrastructure routière à Bakou. Des spécialistes internationaux y ont été impliqués. Quelles routes devons-nous privilégier ? Parfois, une nouvelle route est ouverte, mais elle entraîne une augmentation des embouteillages, et non une diminution. En d'autres termes, l'expérience internationale est très importante ici, et cette question sera définitivement résolue.

Le processus de remplacement de la flotte urbaine de bus par des bus électriques a également été lancé. Nous avons déjà importé plus de 150 nouveaux bus électriques. En même temps, la production de bus électriques commencera également en Azerbaïdjan cette année. Ce travail est en cours. D'après les informations que j'ai reçues, les premiers bus électriques produits en Azerbaïdjan seront utilisés en octobre ou en novembre, et cela aura un impact très positif sur la qualité de l’air dans notre ville. Parce que nous savons que des véhicules, en particulier des gros véhicules, constituent la principale source de pollution de l’air.

D'autres projets sont également en cours. À titre d'information, nous installons actuellement des balances électroniques sur nos autoroutes. Nous l’avons commencé l'année dernière, et ce processus se poursuivra cette année. Les balances seront installées sur toutes les autoroutes. Parce qu’une nouvelle route est construite, mais ensuite certains entrepreneurs surchargent tellement leurs camions qu’ils détruisent la route. C'est pourquoi, après l'installation des premières balances électroniques, cela a déjà cessé. De grosses amendes sont désormais appliquées. Maintenant, les entreprises de transport elles-mêmes mesurent le poids des marchandises pour éviter les amendes.

De nombreuses innovations basées sur les technologies modernes sont et seront mises en œuvre. Peut-être que les médias azerbaïdjanais devraient également couvrir cela un peu plus. Parce que ce sont des questions dont les gens sont inquiets à juste titre. Par conséquent, nous allons régler tout cela. Il faudra probablement cinq ans pour construire 10 stations. Mais il en faudra moins pour construire des routes. Naturellement, le public azerbaïdjanais en sera régulièrement informé.

Vussal Metleb : Au début de l'entretien, vous avez mentionné que nous sommes au début de la formation d'un nouvel ordre mondial. Nous aimerions savoir quels impacts possibles cet ordre pourrait avoir sur le Caucase du Sud et à quels scénarios l'Azerbaïdjan se prépare-t-il ?

Le président Ilham Aliyev: En réalité, nous devons être des participants actifs dans ce processus. Nous ne devons pas simplement attendre de voir comment le nouvel ordre se déroulera. Nous devons faire notre travail et continuer à mettre en œuvre notre agenda. Car le Caucase du Sud est notre région, et l'Azerbaïdjan, en tant que pays leader dans cette région, a certainement un poids particulier du point de vue de la responsabilité. Par conséquent, nous voyons ce nouvel ordre comme un ordre juste. Si cela pouvait être exprimé en un seul mot, ce serait la justice, ce qui est en réalité en accord avec la politique que l'Azerbaïdjan poursuit depuis de nombreuses années. C'est ainsi que nous le voyons maintenant : la souveraineté, l'indépendance, le non-ingérence dans les affaires des autres, et ne pas aggraver la situation interne des pays sous divers prétextes. Tout cela constitue en fait la ligne de notre politique étrangère. L’Azerbaïdjan a poursuivi cette politique pendant de nombreuses années. Nous ne nous immisçons dans les affaires de personne, nous nous occupons de notre propre travail. Lorsqu'un autre pays s'adresse à nous, nous nous efforçons de ne pas laisser ces demandes sans réponse. Grâce à notre politique et à nos investissements, nous avons effectivement créé une nouvelle carte de transport et d’énergie dans le Caucase du Sud. D'un côté, nous nous étendons à travers la mer Caspienne jusqu'en Asie centrale, et de l'autre vers l'Europe. Dans cette vaste étendue, l'Azerbaïdjan devient effectivement un pays indispensable. Il suffit de regarder la carte pour que tout le monde voit que celui qui cherche à établir des liaisons avec l'Asie centrale et le monde occidental, ne peut contourner l’Azerbaïdjan. Ils ne peuvent pas y parvenir sans nous, avec des infrastructures modernes, de la stabilité, une politique bien réfléchie et une ouverture sur le monde. En d'autres termes, nous contribuons au nouvel ordre mondial par nos actions, car parfois cela peut passer inaperçu. Mais je sais que les démarches effectuées par l'Azerbaïdjan au cours des dernières années sont analysées de manière très approfondie et sérieuse. Parce que, dans l’histoire mondiale, il n’y a pas d’autre pays qui ait restauré son intégrité territoriale par ses propres forces, du moins si l’on jette un coup d’œil sur les événements récents et du passé proche. Ce sont nous l’avons fait, malgré toutes les pressions, menaces et dangers. Le nombre de pays capables de mener une politique étrangère indépendante n'est pas si élevé. Regardez, nous revenons maintenant à nouveau au Canada. A la demande de Trump, le Premier ministre du Canada a démissionné. Après tout, le Canada produit dix fois plus de pétrole que l'Azerbaïdjan, 300 millions de tonnes, et sa population n'est que de 40 millions. Alors, est-ce que 300 millions de tonnes de pétrole, même sans d'autres facteurs économiques, ne peuvent pas suffire à soutenir une population de 40 millions ? Regardez à quel point leur économie est mauvaise, car si les États-Unis leur imposent des tarifs supplémentaires, leur économie s'effondrera. Et lorsque M. Trump dit que le Canada devrait être le 51e État et que M. Trudeau devrait être le gouverneur, bien sûr, cela peut être considéré comme du trolling. Mais en réalité, il pourrait y avoir une certaine logique dans ces paroles. Ce que je dis, c'est qu'il faut regarder comment les pays européens sont dépendants des centres de pouvoir et parfois d'autres facteurs. Par conséquent, il n'y a pas beaucoup de pays capables de mener une politique étrangère indépendante. C'est pourquoi notre politique dans ce domaine augmente à juste titre le respect envers nous, et je suis convaincu que lorsque le nouvel ordre mondial sera pleinement formé, la position de l'Azerbaïdjan sera prise en compte, du moins dans le Caucase du Sud et la région de la Caspienne, et nous devons y être prêts.

Bien sûr, je ne peux pas dire comment ce processus se déroulera à l’échelle mondiale. Peut-être cela n'a pas encore été complètement défini, comme on dit. Mais c'est incontestable, et je crois que nous le verrons bientôt, et je l'ai dit plusieurs fois. Si chaque pays se concentre sur ses affaires internes, il n'y aura ni guerre, ni conflit, ni affrontement. Chacun devrait se concentrer sur ses propres affaires au sein de ses frontières et ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures des autres pays. Bien sûr, un tel monde pourrait sembler fantastique. Historiquement, les forces impérialistes ont abordé cette question avec le principe « diviser pour régner », contrôlant complètement les colonies et pillant leurs ressources pour créer des Etats pour eux-mêmes. Mais cela doit cesser, et il faut mettre fin à la pratique dégoûtante comme colonialisme. Je crois que cette question sera également prise en compte dans le nouvel ordre mondial. Mais plutôt, je crois que la souveraineté des nations doit être inviolable et protégée, et personne ne doit intervenir dans les affaires des autres. Nous y sommes parvenus. Personne ne peut s’ingérer dans nos affaires. Y a-t-il eu des tentatives ? Oui, il y en a eu. En y aura-t-il ? Probablement. Y a-t-il eu des résultats ? Non, et il n’y en aura pas. Mais de nombreux pays sont soumis, sous nos yeux, à des ingérences étrangères, ce qui perturbe en fait le code moral et génétique des pays. Les pays faibles sont soumis à des valeurs étrangères, des valeurs négatives. Quand je dis faible, un pays ne peut pas être faible. Si les leaders sont faibles, alors le pays est considéré comme faible. C’est pourquoi nous y sommes préparés avec notre propre agenda, et nous en disposons. Notre politique le démontre déjà, et encore une fois, je le dis, notre contribution à cette question sera significative.

Vefa Aghabalaïeva : Monsieur le Président, je crois que cette question appropriée au sujet serait à propos, donc je voudrais la poser. Une tendance étrange est apparue, tout le monde attend le 20 janvier, la cérémonie d’investiture de Trump. Ils pensent qu'après cela, certains processus vont se réaliser. Dans votre interview à l'agence Rossiya Segodnya, vous avez mentionné que vous voyez Trump dans le même bateau que nous. De plus, lors du Global Media Forum de Choucha, en réponse à l'une des questions qui vous avait été posée, nous avons entendu des messages positifs à propos de Trump, qui était encore un candidat à ce moment-là. Que pensez-vous, ou permettez-moi de poser la question ainsi : Pensez-vous que Joe Biden a changé le monde de telle manière que le travail de Trump sera difficile ?

Le président Ilham Aliyev : C’est possible. Cependant, en même temps, M. Trump arrive au pouvoir avec un agenda complètement nouveau, et pendant son premier mandat, il n’y a pas eu de problème dans les relations entre les États-Unis et l’Azerbaïdjan. Au contraire, les relations étaient très positives, et nous avons pu progresser dans de nombreux domaines. L’erreur principale de l’administration Biden concernant l’Azerbaïdjan a été de faire le sacrifice des relations américano-azerbaïdjanaises en faveur des relations américano-arméniennes. En d’autres termes, ils ont considéré l’Azerbaïdjan à travers le prisme des relations arméno-azerbaïdjanaises ou des relations américano-arméniennes, et les bons résultats obtenus jusqu’à ce moment-là ont été éclipsés, ça c’est le premier. Deuxièmement, ils ont adopté une position injuste envers l’Azerbaïdjan, notamment concernant la question du Karabagh, et cette position était à la fois injuste et fondée sur des doubles standards. Car j’ai répété à plusieurs reprises aux représentants américains, et je l’ai dit ouvertement, même dans les médias : vous soutenez l’intégrité territoriale de l’Ukraine de toutes vos forces, vous fournissez des armes et des milliards de dollars. Nous avons restauré notre intégrité territoriale, pourquoi voulez-vous nous punir ? Répondez. Et il n’y a pas eu de réponse. La réponse est claire : ce sont des doubles standards. En même temps, je crois que l’une des erreurs de l’administration Biden a été de miner considérablement la confiance aux Etats-Unis par ses propres actions. Par exemple, si nous revenons à la question afghane, l’Azerbaïdjan a été l’un des premiers pays à rejoindre la mission en Afghanistan, envoyant des contingents militaires et les augmentant de plusieurs fois. L’Azerbaïdjan a également résolu des problèmes critiques de transport et de logistique pour les États-Unis. Tant qu’ils avaient besoin de nous, l’amendement 907 était levé, mais lorsqu’ils n’ont plus besoin de nous, il a été appliqué. Que signifie cela ? L’ingratitude. C’est de l’ingratitude, et de quelle confiance peut-il s’agir ? Quelle coopération à long terme peut-il y avoir ? Comme je l’ai mentionné précédemment, le fait que Soros ait été décoré de cette haute distinction a fait tomber tous les masques. C’était le gouvernement Soros, tant pendant le mandat de Biden que pendant les huit années ayant précédé celui de Trump, et précisément à cause de cela, il n’y a pas eu de progrès dans nos relations. Nous avons établi la principale plateforme de coopération sérieuse avec les États-Unis pendant les administrations Clinton et George Bush, et cela a continué pendant le mandat de Trump. Donc, il y a de l’espoir. J’ai exprimé ma position, simplement du point de vue des intérêts de l’Azerbaïdjan et en tant qu'individu, même lors du Forum de Choucha, en juillet, personne ne savait qui gagnerait ou perdrait, et les célèbres débats Trump-Biden n'avaient même pas encore eu lieu, selon laquelle Trump promeut les valeurs partagées par notre société. Les valeurs familiales, les valeurs morales, il promeut ces valeurs. Il suffit de voir sa famille. Maintenant, je ne veux rien dire sur les familles des autres, mais c’est devenu tellement public maintenant. De plus, comment qualifier les mensonges de l'administration Biden, qui fait des promesses, puis les retire et agit comme si de rien n’était ? Comment appeler cela ? C'est pourquoi la société azerbaïdjanaise, toutes les autres nations espèrent que cette immoralité et ce manque d’éthique prendront fin, et que les sociétés fondées sur des valeurs traditionnelles, comme celle de l'Azerbaïdjan, se débarrasseront de ces influences extérieures. C’est le premier point. Le deuxième est que, comme je l’ai dit, M. Trump lance des messages très clairs et ouverts avec ses déclarations. Maintenant, il peut ne pas être possible de les analyser tous, mais je peux dire que la grande majorité d'entre eux sont partagés par la société azerbaïdjanaise. Donc, les espoirs sont grands. C’est pourquoi j’ai dit qu’il y a de l’espoir, un grand espoir. Cela inclut la possibilité de faire progresser les relations stratégiques entre les États-Unis et l'Azerbaïdjan. Je crois que si les deux parties sont intéressées, nous pouvons porter les relations américano-azerbaïdjanaises à un niveau stratégique.

Senan Rzaïev : Monsieur le Président, j’ai une question concernant les relations entre l'Azerbaïdjan et l’Union européenne. L’histoire montre que ces relations n’ont pas été univoques, avec divers moments de changement. L’année dernière, la composition du Parlement européen, qui imprime des résolutions sur l'Azerbaïdjan, a simplement changé. Il y a une composition relativement nouvelle de la Commission européenne, qui comprend certains membres anciens et quelques nouveaux. Vous avez dit quelques mots à ce sujet. Il y a des moments assez contradictoires. D'un côté, l'Union européenne est notre plus grand partenaire commercial, c'est-à-dire que les États membres de l'Union européenne, mais de l'autre, il y a cette prétendue Facilité européenne pour la paix, à travers laquelle ils prévoient d’envoyer de l’argent pour des armes ou directement des armes vers l’Arménie. De plus, d’un côté, en répondant aux questions de mes confrères, vous avez parlé du secteur de l’énergie et du fait que nous leur fournissons du gaz. Ils ont besoin de gaz. Mais de l’autre côté, il y a, disons, des représentants de l’Union européenne, la soi-disant mission civile, qui regardent notre pays à travers des jumelles. Tout cela est assez contradictoire. J’aimerais savoir quelles sont vos attentes cette année des relations entre l’Azerbaïdjan et l’Union européenne. Qu'est-ce qui les emportera – ces aspects négatifs ou les positifs ? Selon vous, quelles contre-mesures devraient être prises dans une telle situation ? Car il pourrait y avoir l'impression que cette même organisation pour la paix, ces soi-disant observateurs, sont simplement amenés ici pour gâcher nos relations avec Bruxelles.

Le président Ilham Aliyev : Il est difficile de dire comment nos relations avec la Commission européenne vont évoluer. Mais je dois dire que l'année dernière a été une année pleine de déceptions. Car c’est l'année dernière que l'Union européenne a pris sans équivoque le parti de l’Arménie dans le processus de normalisation. Il y a de nombreux faits que vous connaissez très bien aussi. Bien sûr, la prolongation de la soi-disant mission de surveillance de l’Union européenne n’a pas renforcé la confiance, mais au contraire l’a fragilisée. Après tout, lorsque nous avons exigé que cela soit convenu avec nous, ce n'était pas parce que nous avions de hautes ambitions, mais simplement parce que la création même de cette mission et son envoi à notre frontière avait été convenus avec nous, personnellement avec moi, à Prague en octobre 2022. Si nous avions convenu à ce moment-là que cela durerait deux mois et compterait 40 personnes, alors cela devait être ainsi. Lorsque je donne mon accord, même verbalement, je le respecte toujours. Mais dans ce cas, l'Europe a estimé qu'elle avait le droit de violer ces accords. Mais ensuite, sans aucune notification, sans aucun accord avec nous, non seulement ils ont prolongé cette mission, mais ils l'ont renforcée et ont même invité un pays qui n'est pas membre de l'Union européenne, sapant ainsi la confiance.

Et puis, comme on dit, ces actions honteuses avec des jumelles, ils mettent des tenues semi-militaires, des bottes et s’y déplacent comme des combattants. Je ne veux pas leur montrer à quelle vitesse ils pourraient s’enfuir si quelqu’un éternue par hasard sur le territoire azerbaïdjanais. C'est pourquoi nous leur avons dit d'arrêter ces spectacles de jumelles, et ils semblent maintenant s’en passer. Bien que récemment le président d’un pays européen se soit permis de regarder l’Azerbaïdjan à travers des jumelles. Mais qu'est-ce qu’il n’a pas vu lorsqu’il était ici, à Bakou, une semaine avant et a demandé une rencontre avec moi ? S’il avait besoin de voir quelque chose, je l'aurais envoyé au Karabagh et il aurait contemplé les montagnes. Mais c'est déjà une démonstration, vous savez. Ce n’est pas une question simple. Il s’agît d’une attitude. Comme si vous regardez un ennemi à travers des jumelles. Si c’est ainsi que vous traitez l’Azerbaïdjan, comment pouvons-nous vous traiter autrement ? Je ne parle même pas du rôle destructeur de l'ancien haut-représentant pour les affaires étrangères. Mais ce n'est pas tout. Il y a eu beaucoup de déceptions. Maintenant, je ne sais pas ce qui se passera ensuite. La commission est nouvelle, bien que certains personnages soient anciens. Mais c’est tout de même une nouvelle commission et l’attitude qu’elle aura envers l’Azerbaïdjan et ses intérêts nationaux, c’est la même attitude qui leur sera réservée. Si elle est normale et constructive, je pense que nous pourrons revenir vers une direction constructive. Le résultat que l’Union européenne a obtenu l’année dernière a consisté à ce qu’elle a été complètement écartée du processus de normalisation de la relation Azerbaïdjan-Arménie. De plus, s’il y a une continuation du processus d’armement de l’Arménie par le biais de la soi-disant Facilité européenne pour la paix, des mesures adéquates seront prises par nous. Je ne parle même pas du comportement honteux du Parlement européen. D'ailleurs, la nouvelle composition ne diffère pas beaucoup de l’ancienne. La même azerbaïdjanophobie et la même agression injustifiée. Nous ne nous souvenons même pas d’eux, ni de ce Parlement européen, ni de ses députés, nous ne savons même pas qui sont ces gens. Mais ils ont fait de la lutte contre l’Azerbaïdjan le but de leur vie. Je ne parle même pas de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, qui nous a discriminés littéralement trois mois après la restauration de notre souveraineté, et c’est précisément pour cette raison. Si, comme ils disent, ils l’ont fait pour des prétendues violations des droits de l’homme, ils auraient pu le faire pendant 20 ans. Pourquoi ne l’ont-ils pas fait ? Voilà donc la raison. J’ai dit une fois que nous avions déplacé une pierre suffisamment grande, et même bien plus énorme qu’elle ne pourrait nous paraître. Dans ce cas, il ne s’agit pas d’un conflit purement local qui a été résolu contre la volonté de nombreux Européens, et pas seulement des Européens. Ils voulaient nous garder dépendants, venir ici, nous faire des leçons, participer, faire la navette, nous surveiller. Nous les avons privés de tout cela. Mais nous proposons des relations normales : coopérons normalement sur le plan bilatéral. Nous ne dépendons pas de vous, nous n’attendons rien de vous, nous ne cherchons pas à faire partie de votre famille, de plus, pour être franc, vous n’accepterez jamais un pays avec une population musulmane. Alors soyons de bons voisins, coopérons, commerçons, vendons, achetons, acquérons des technologies. Malheureusement, toutes leurs actions ont conduit à ce que nous ayons réduit tous les programmes avec l’UE. Tous les programmes de jumelage ont été suspendus, toutes les subventions de l'UE ont été gelées, celles qui étaient légales. Il y en a en partie des illégales, de l'argent est apporté ici à travers la frontière, principalement via la Géorgie, encore une fois par le biais des institutions qui sont proches de Soros, mais cela n’est plus le cas, et nos organismes d’application de la loi suivent tout cela.

Quant aux subventions légales, nous avons refusé, car ils visaient à créer leurs propres plateformes sur notre territoire avec des plans à long terme, principalement centrés sur les jeunes. Malheureusement, nous voyons que certains représentants de la jeunesse azerbaïdjanaise ont pris le chemin de la trahison, une pure traîtrise, la collaboration avec les Arméniens – c’est aussi un résultat du lavage de cerveau à travers ces soi-disant programmes de subventions financés par le NED (National Endowment for Democracy des Etats-Unis) et l’EED (European Endowment for Democracy). Même ici, vous voyez que c'est un clonage, le nom est le même, avec National ici et European là-bas. Voilà ce qu'ils ont réalisé. Et ils continueront, mais un mur encore plus grand sera érigé. Alors comment vont-ils mettre en œuvre leur politique en matière de rapprochement avec les pays d'Asie centrale ? Comment ? Vont-ils communiquer via la Russie ? J'en doute. Via l'Iran peut-être ? J'en doute aussi. Vont-ils creuser un tunnel sous l'Azerbaïdjan ? Probablement pas non plus. Ils devraient donc être lucides à ce sujet et considérer l'Azerbaïdjan comme un partenaire fiable, qui n’a jamais fait de mal à l'Europe ni à aucun pays européen. Il n’a fait que répondre et continuera à répondre. Répondre, pour ainsi dire, au bien par le bien et au mal par le mal.

Nigar Sabirqizi : Monsieur le Président, si vous me le permettez, j’aimerais poser une question un peu différente. Vous avez mentionné plus tôt que personne ne peut s’ingérer dans nos affaires. Bien sûr, c’est un fait indéniable qu'en raison de votre détermination, l’Azerbaïdjan est devenu une puissance non seulement dans notre région mais aussi à l’échelle mondiale. Comme vous l’avez mentionné plus tôt, Macron ne peut pas vivre sans l’Azerbaïdjan, il voit l’Azerbaïdjan comme une puissance et nous accuse de nous ingérer dans les affaires internes de la France, ou, il y a quelques jours à peine, le président russe a présenté des excuses à l'Azerbaïdjan à la suite du célèbre accident d’avion. C’était la première fois que l’État russe s’excusait auprès d’un autre pays. Beaucoup n’ont pas cru que cela se produirait, mais ça s’est produit. Et tous ces événements montrent que l’Azerbaïdjan est un pays puissant, et ils comprennent qu’ils doivent compter avec nous. Qu'est-ce que cela fait d’être le président d’un pays géographiquement petit mais victorieux et fort ?

Le président Ilham Aliyev : Comment dirais-je ? Tout d'abord, c'est une grande responsabilité. Avant tout, c’est mon attitude envers ma fonction : chaque jour, chaque heure, jour et nuit. Deuxièmement, c'est un grand honneur. Bien sûr, je suis particulièrement heureux ces derniers temps. Depuis ces quatre dernières années, ma vie est complètement différente. La vie de tous a changé. Nous vivons, nous nous réveillons, et nous voyageons à l’étranger tous avec un état d'esprit totalement différent. Vivre, travailler et engager des contacts internationaux en tant que représentant, surtout en tant que leader, d'un pays victorieux est un sentiment tout à fait différent. En tenant compte du fait que pendant 17 ans, nous étions dans une situation complètement différente, bien que nous ayons raison, nous étions considérés comme étant dans le tort. Pendant ces 17 ans, il y a eu de nombreux moments qui ont été inconnus du public, des moments qui ont profondément irrité, attristé et blessé. L’injustice, car, comment dirais-je, la plus grande injustice est l’injustice elle-même. Aujourd'hui, les bases du progrès partout et dans chaque domaine reposent sur des émotions positives, un état d’esprit positif, la sérénité de notre société et un sentiment de confiance en soi. Je sais que le peuple azerbaïdjanais me soutient. Le peuple azerbaïdjanais sait aussi que je suis derrière lui, c'est un sentiment unique. Beaucoup n’ont peut-être pas vécu cela, surtout en tant que personne ayant dirigé le pays pendant deux périodes différentes, ce qui en fait peut-être une expérience unique. Même si quatre ans se sont écoulés, il est encore difficile de le comprendre pleinement. J'ai visité les territoires libérés peut-être plus de 100 fois, et chaque fois que j'y vais, je me dis les mêmes mots, je partage la même joie. On dirait que c’est la première fois que j’y suis. Tout comme vous le ressentez, je ressens la même chose. Bien sûr, il y a un sentiment de responsabilité et de fierté. Nous vivons dans un pays où, avant tout, nous pouvons être fiers de notre nation et de notre peuple.

Nigar Sabirqizi : Merci beaucoup.

Vefa Aghabalaïeva : Monsieur le Président, j’ai récemment trouvé une interview que vous avez accordée au début de votre présidence. Dans cette interview, vous avez dit : « Quand je suis arrivé au pouvoir, je pensais qu'il y avait effectivement de la justice et de la loi dans le monde, et qu'elles fonctionnaient, mais avec le temps, j'ai constaté qu'elles ne fonctionnaient pas ». J'aimerais aborder cet aspect : En tant qu'État d'Azerbaïdjan, sous votre direction, nous avons toujours soutenu les petits États et les nations insulaires. Les chaînes de télévision azerbaïdjanaises réalisent des tournages dans ces régions. Malgré le silence des grands médias, qui ne parlent pas ou dissimulent la vérité, les chaînes de télévision azerbaïdjanaises font des tournages dans des pays d'Afrique de l'Ouest, dans des îles, en Corse et en Nouvelle-Calédonie, tous victimes de la politique néocoloniale. Les représentants des peuples ordinaires, du moins d'après ce que j'ai entendu, disent qu'ils remercient l'État d'Azerbaïdjan et son leader. Croyez-moi, chacun d'eux vous connaît. Maintenant, ma question est la suivante : quels seront nos objectifs dans la prochaine phase en matière de politique néocoloniale et allons-nous diriger cette mission ?

Le président Ilham Aliyev : Oui, cela continuera. La société azerbaïdjanaise a déjà exprimé sa position, et les activités du Groupe d'initiative de Bakou s’élargissent d'année en année. Encore une fois, je le dis, si ce processus a commencé pour certaines raisons, aujourd’hui il fait déjà partie de nos vies. Et surtout, rencontrer les représentants de ces régions, écouter leurs problèmes de leur bouche, et voir dans leurs yeux l’espoir fatigué et les aspirations déçues sont à la fois difficiles et très familiers. Car nous avons été dans une situation très similaire pendant de nombreuses années. Pendant la période où nous n'étions pas indépendants, nous vivions avec une passion pour l'indépendance, du moins la majorité de notre société le faisait. Nous avons restauré notre indépendance et avons immédiatement, même avant, été soumis à l'occupation. Cette injustice faisait partie de nos vies, et nous nous sommes libérés de cette injustice par la volonté de notre peuple. Mais, en fait, ces peuples n’ont pas accès à des médias de masse. Ils sont menacés, et l'injustice à leur égard est devenue une réalité courante. Le nombre de parties et d'organisations prêtes à les défendre est très faible. Comme je l'ai dit précédemment, personne ne veut d'ennuis, et personne ne veut confronter les grandes puissances, du moins celles qui se considèrent comme telles. Mais nous le faisons, et nous continuerons à le faire. Tant que cette pratique coloniale persistera, nous serons aux côtés de ces peuples. La société azerbaïdjanaise considère désormais cela comme un devoir moral, et comme vous l'avez mentionné, lorsque nos chaînes de télévision se déplacent dans ces régions et constatent de leurs propres yeux la situation de ces peuples, elles voient à nouveau cette réalité amère.

A vrai dire, même moi, je n'étais pas très au courant de ces régions une dizaine d’années avant. Cependant, l'ouragan récent et les informations qui en sont ressorties m’ont profondément choqué. Qui aurait cru que 70 à 75 % de la population vivait dans la pauvreté dans une zone considérée comme faisant partie de la France ? Pourquoi cela devrait-il se produire en France ? Le président français y va et dit qu’ils vivraient 10 000 fois pire sans la France. Comment cela pourrait-il être pire ? Soixante-quinze pour cent de la population vit dans la pauvreté, 30 à 40 % du parc de logements étant en mauvais état et dangereux. Si c'est ça la France, alors il s'avère que la France est un pays pauvre. Garder cette région comme un point stratégique, exploiter ses ressources naturelles, opprimer son peuple, le soumettre à l'assimilation, et le priver de son identité, de sa langue et de sa culture est barbare. Cela n’honore aucun pays. Tout cela était dissimulé jusqu'à ces dernières années. Personne n'en parlait, et personne n'invitait les gens de ces régions nulle part. Lorsque des manifestations justes ont éclaté là-bas, regardez comment la France les a réprimées brutalement : 13 personnes ont été tuées et 1 000 autres ont été arrêtées. Ensuite, ils ont été emmenés de là vers les grandes régions de la France. Par conséquent, en tant qu’État, nous exprimons bien sûr notre position. Mais nos organisations non gouvernementales doivent, certainement, poursuivre ces actions.

Guy Shone : Monsieur le Président, permettez-moi de vous poser une dernière question en anglais ? Merci. Vous avez parlé de l’importance pour les pays de se concentrer sur leurs propres affaires. Nous avons également vu quelques indications sur ce que pourrait faire la future administration Trump en matière de politique étrangère. Pensez-vous que cela signifie que la mondialisation, telle que nous la comprenions, est désormais obsolète ?

Le président Ilham Aliyev : Je pense qu’avant même cela, si vous remarquez ces dernières années, nous n’entendons plus beaucoup parler de la mondialisation. C’était une sorte de tendance il y a peut-être dix à quinze ans, mais cela n’a pas fonctionné, parce que de nombreux pays y étaient opposés. Pour beaucoup de pays, ce n’était pas clair ce que cela signifiait. La mondialisation signifie-t-elle plus de commerce, ou, si je puis dire, une unification de tous en une seule substance ? Nous y avons toujours été contre, et nous nous sommes exprimés très clairement. Même à l’époque où la mondialisation était considérée comme la principale tendance de la politique occidentale, et même avant que le président Trump ne soit élu, cette question n’était pas vraiment en tête de l’agenda. Je suis sûr que cela sera complètement éliminé, car cela n’a pas fonctionné. Beaucoup de gens n’ont même pas compris ce que cela signifiait. Cela a été utilisé comme un instrument d’ingérence visant à établir des plateformes de domination et à laver le cerveau de la jeune génération. Car la cible principale de la mondialisation était la jeune génération. Parce que c’était une approche calculée pour en faire des « citoyens du monde », des gens sans culture, sans nationalité, sans identité nationale, sans fierté nationale, qui seraient simplement une sorte de robots entre les mains de ceux qui ont une télécommande. Donc je suis sûr que c’est déjà terminé, c’est fini.

Guy Shone : Merci, Monsieur le Président.

Vussal Metleb : Monsieur le Président, cela fait presque trois heures que nous travaillons. Si mes collègues n’ont pas d’objection, considérons cette question comme la dernière. En fait, peut-être y a-t-il un sens symbolique à ce que ce soit le dernier sujet abordé. Nous avons accompli avec succès la première mission, qui était la libération de nos terres, et nous travaillons maintenant sur la deuxième mission – le Grand retour et la restauration. Vous avez souvent mentionné que nous ne pouvons pas exploiter excessivement cette victoire, que nous ne pouvons pas vivre dans cette euphorie de victoire. Maintenant, il semble que nous soyons face à la troisième mission. Il s'agit du retour des Azerbaïdjanais occidentaux sur leurs terres ancestrales. Dans les circonstances actuelles, à quel point ces perspectives vous semblent-elles réelles ?

Le président Ilham Aliyev : Vous savez, cela dépend de nous. Plus nous serons actifs, plus les perspectives seront prometteuses. Naturellement, pendant la période d'occupation du Karabagh, nous ne pouvions pas être activement engagés dans cette question. Cependant, il y a déjà 10 ans, j’ai placé ce sujet à l'agenda politique, et sur ma recommandation, des chercheurs azerbaïdjanais se sont mis à consacrer des ouvrages scientifiques à ce sujet. Un grand ouvrage scientifique sur le Khanat d’Irevan a été rédigé, et des études sur la vie passée des Azerbaïdjanais occidentaux, leur installation là-bas, et l’impression de cartes historiques. Nous faisions déjà cela à l'époque parce que c’était une demande légitime de notre part. Mais je le répète, chaque chose a son temps, et le moment est venu pour nous de commencer à nous occuper de cette question de manière plus sérieuse. Tout d’abord, plusieurs organisations publiques des Azerbaïdjanais occidentaux opérant en Azerbaïdjan se sont unies au sein d’une seule organisation. La Communauté de l’Azerbaïdjan occidental et ses activités se sont davantage améliorées, y compris ses actions internationales, et elle a établi des contacts avec de nombreuses organisations internationales. Cette question a été introduite à l’agenda international parce qu'elle est importante. Elle est désormais incluse et dans le lexique international, et l’agenda international. À l’avenir, bien sûr, les activités des organisations non gouvernementales ainsi que celles de l’État viseront à permettre aux Azerbaïdjanais occidentaux de retourner dans leurs terres ancestrales, dans les villages et villes où ils vivaient, et d’y vivre. Il s'agit d'une demande conforme à l’ensemble des normes et principes internationaux.

En particulier, étant donné que le territoire actuel de l'Arménie inclut essentiellement les terres historiques qui étaient principalement peuplées d'Azerbaïdjanais, nous affirmons aujourd'hui que 300 000 Azerbaïdjanais occidentaux devraient retourner dans ces régions. Cependant, le nombre total de ceux qui ont été déplacés de cette région et qui vivent actuellement dans les différentes régions de l'Azerbaïdjan, ainsi que leurs descendants, est quelques fois supérieur à 300 000. Regardez les cartes de l'Empire russe du 19e siècle Tous les toponymes qui y figurent sont d'origine azerbaïdjanaise, ainsi que les cartes rédigées par l'Empire russe au début du 20e siècle. Les noms de toutes les villes sont d'origine azerbaïdjanaise. Vous ne trouverez pas un lac appelé « lac Sevan » là-bas. On y trouve le « lac Goïtcha ». Lorsque nous disons que ce sont nos terres historiques, nous disons la vérité. Même dans le récent discours du premier président fasciste de l'Arménie, récemment publié dans les médias, il admet que les Azerbaïdjanais étaient majoritaires dans trois régions. Les Azerbaïdjanais constituaient la majorité au Zenguézour. Oui. Pas seulement une majorité, mais il y avait des villages composés uniquement d’Azerbaïdjanais. Au 20e siècle, nous avons été confrontés à trois vagues de déportation, et à chaque fois, ces déportations ont entraîné de graves conséquences. En novembre 1920, le Zenguézour occidental a été séparé de l’Azerbaïdjan et annexé à l’Arménie. Deux ans avant cela, malheureusement, la République démocratique d'Azerbaïdjan avait cédé la ville d'Irevan à l’Arménie et notre peuple a, par la suite, enduré de grandes souffrances. Donc, le moment est venu pour l'Arménie de permettre aux Azerbaïdjanais occidentaux de retourner sur leurs terres ancestrales. Bien sûr, nous attendons une position précise et conforme au droit international de la part de la direction arménienne à ce sujet. Pour l’instant, ils préfèrent rester silencieux, bien que nous ayons soulevé cette question à plusieurs reprises et attendons une réponse concrète de leur part. Quand et sous quelles conditions les Azerbaïdjanais pourront-ils retourner dans ces régions ? Surtout compte tenu du fait que la grande majorité des villages où vivaient les Azerbaïdjanais sont maintenant complètement vides, qu’il n’y a plus personne qui y habite. Retourner dans ces zones ne poserait pas de grand problème, car il n’y aurait besoin d’en déporter personne. Tout ce qui est nécessaire, c’est une garantie de sécurité, la reconnaissance de leur droit d’y vivre, et la création de conditions pour leur activité. Telle est notre demande, et j'espère que le jour viendra où les Azerbaïdjanais occidentaux retourneront dans leurs terres natales.

Je pense qu’il serait approprié que le Premier ministre arménien rencontre les représentants de la Communauté de l'Azerbaïdjan occidental. À ma connaissance, ils sont même prêts à se rendre à Erevan. Il devrait les rencontrer, entendre leurs préoccupations et les écouter. Ces personnes ont été expulsées de ces terres de manière injuste. Elles ont tous les droits d’y retourner. Si cela ne se produit pas, de quelle démocratie européenne pouvons-nous parler ? L’Arménie se présente comme un pays poursuivant la voie de la démocratie européenne. Qu'elle le démontre de manière visible. En même temps, je crois que l'OSCE devrait également exprimer sa position sur cette question. Nous attendons également une prise de position de la Commission européenne. Ignorer cette question n'est pas la bonne démarche. Il s’agit d’un problème sérieux. Il s’agit de restaurer les droits de centaines de milliers de personnes. Il s’agit d’une question de droits de l’homme, d’une question de justice. En même temps, cela démontrera également que l’actuelle direction de l’Arménie n’est pas fasciste, comme l’étaient les trois présidents précédents. Leurs déclarations, actions, la participation de tous les trois au génocide de Khodjaly et de nombreuses autres preuves le confirment. Si l’actuel Premier ministre est un démocrate et un ami du président français Macron, qui est censé être un « fondateur » de la démocratie européenne, qu’il le prouve en permettant cela. Notre demande est exactement celle-ci, et la revendiquer ne signifie pas revendiquer un territoire. Il s’agit de traiter cette question sous l’angle des droits de l’homme, et nous ne retirerons pas ce sujet de l’agenda. Bien que nous recevions de telles propositions. Cependant, tout le monde doit le savoir, en Arménie et chez ceux qui la soutiennent, que cette question ne sera pas retirée de l’agenda tant que les Azerbaïdjanais ne pourront pas s’installer en sécurité dans l’Azerbaïdjan occidental, ainsi que dans le Zenguézour occidental.

Vussal Metleb : Monsieur le Président, merci pour l'entretien.

Le président Ilham Aliyev : Merci.

 

 

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