MONDE
L’UNESCO crée un réseau de jumelage des lieux et musées de mémoire de l’esclavage
Bakou, 25 septembre, AZERTAC
A l’occasion de l’Assemblée générale des Nations Unies, Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO, a annoncé la création d’un réseau de jumelage des lieux de mémoire et des musées de l’esclavage d’Afrique, des Amériques et d’Europe. Il soutiendra le partage des connaissances et le dialogue interculturel.
Alors que l’UNESCO célèbre les trente ans de son programme « Routes des personnes mises en esclavage », créé en 1994 à l’initiative du Bénin et d’Haïti, Audrey Azoulay souhaite donner une nouvelle impulsion au nécessaire travail de mémoire et de transmission de « l’un des plus grands crimes de l’histoire de l’humanité, qui marque encore des communautés entières ».
Avec le soutien du Brésil, de la Colombie, du Congo, de la France, de la Jamaïque et des Pays-Bas, l’UNESCO va constituer un réseau de jumelage des lieux et des musées de mémoire de l’esclavage d’Afrique, des Amériques et d’Europe. Il créera des opportunités d’interactions et de coopérations d’une rive à l’autre de l’Atlantique, pouvant prendre la forme de festivals et d’événements, d’échanges scolaires et de visites virtuelles, ou encore de partage de bonnes pratiques entre professionnels.
En fédérant ces lieux historiquement liés, l’UNESCO compte renforcer leur visibilité auprès du grand public et promouvoir une meilleure compréhension mondiale de l’histoire de l’esclavage, en particulier auprès des jeunes générations. Dans ce même but, Audrey Azoulay a appelé les Etats « à accorder une plus grande importance à l’histoire de l’esclavage dans les manuels et les programmes scolaires ».
Une alliance des chaires universitaires
Pour continuer à faire progresser les connaissances sur ces faits historiques et leur impact sur les sociétés contemporaines, l’UNESCO va aussi constituer une alliance de chaires universitaires. Elle mettra en relation des chercheurs des trois continents autour d’enjeux prioritaires comme la lutte contre le racisme et la discrimination envers les populations d’ascendance africaine.
Dès les années 60, l’UNESCO a été pionnière dans la recherche d’un nouveau narratif sur le continent africain et ses souffrances liées à la mise en esclavage, avec la rédaction de l’Histoire générale de l’Afrique. Cet ouvrage en plusieurs tomes, qui a mobilisé plus de 230 historiens, continue d’être une référence dans la recherche scientifique. Un 9e volume a vu le jour en 2023.
L’UNESCO œuvre aussi à la reconnaissance et à la protection de lieux de mémoire de l’esclavage, comme en témoigne par exemple l’inscription de l’Île de Gorée au Sénégal et des Montagnes bleues et monts John Crow en Jamaïque sur la Liste du patrimoine mondial. Ils représentent aujourd’hui des lieux d’éducation et de transmission importants pour les populations locales. (UNESCO)