L’Université ADA accueille un forum international marqué par la présence du président Aliyev MIS A JOUR VIDEO
Bakou, 10 avril, AZERTAC
L’Université ADA a accueilli le 9 avril un forum international portant sur le thème « Vers un nouvel ordre mondial ».
Le forum a été marqué par la présence du président de la République d’Azerbaïdjan, Ilham Aliyev.
Le président azerbaïdjanais a répondu aux questions des participants.
Ouvrant le forum, le recteur de l’Université ADA, Hafiz Pashayev, a déclaré :
« Monsieur le Président, distingués participants, c’est pour moi un plaisir et un honneur de vous souhaiter la bienvenue, ainsi qu’à tous les participants, à l’Université ADA. Nous sommes extrêmement fiers d’accueillir pour la septième fois ce débat international sur les politiques, et nous sommes très reconnaissants au président Aliyev pour son soutien et sa participation à chacune de ces conférences. Au cours des années passées, plus de 200 experts et universitaires issus de 60 pays ont pris part à nos discussions tenues à Bakou et dans quatre villes du Karabagh libéré, publiant par la suite de nombreux articles sur des questions régionales et mondiales. Cette année, la conférence internationale de l’Université ADA réunit un nombre record de 80 participants étrangers. Plus de 50 % d’entre eux participent pour la première fois. Le thème de la conférence est particulièrement pertinent au regard de l’état actuel des affaires mondiales. Le monde traverse des changements tectoniques : conflits régionaux et mondiaux, radicalisation de la scène politique, montée du nationalisme et attaques contre les cultures multiples, le multilatéralisme, affaiblissement du droit international, domination de la force, de la puissance et de la violence — telles sont les caractéristiques communes du monde d’aujourd’hui. Et nous devons y ajouter les questions climatiques, les problèmes liés à l’immigration, le protectionnisme et les guerres commerciales. Quel avenir devons-nous envisager ? Quel sera le nouvel ordre mondial ? Quel rôle des pays comme l’Azerbaïdjan joueront-ils dans ces évolutions et tendances ? »
Monsieur le Président, Après notre visite d’hier au Karabagh et à Khankendi, où nous avons été témoins d’un niveau impressionnant de reconstruction et de développement, nous avons aujourd’hui l’honneur d’entendre votre point de vue sur ces questions mondiales et régionales en tant que l’un des dirigeants les plus expérimentés au monde. Nous sommes convaincus que vos discussions mutielles avec les participants, ainsi que les panels qui suivront, contribueront à mieux définir et à mieux communiquer une vision de la paix pour cette région et pour le monde entier. Je suis persuadé que nos invités vont quitter Bakou avec une meilleure connaissance et une impression positive de la transformation et du développement rapides de l’Azerbaïdjan. Nous vous remercions encore une fois, Monsieur le Président, pour le temps que vous nous réservez, et nous attendons avec impatience votre intervention. Vous avez la parole, Monsieur le Président.
Le Président Ilham Aliyev : Bonjour Mesdames et Messieurs, Tout d’abord, je souhaite la bienvenue à vous tous en Azerbaïdjan et j’exprime ma reconnaissance à l’Université ADA, à sa direction ainsi qu’à son recteur, le professeur Pashayev, pour l’initiative de lancer ce processus.
Comme cela a déjà été dit, c’est la septième fois qu’un grand groupe d’experts internationaux provenant de différents pays se déplace en Azerbaïdjan afin d’aborder des questions importantes à l’agenda mondial. Parallèlement, toutes ces visites permettent de mieux faire connaître l’Azerbaïdjan et de sentir le pouls du pays.
Après la libération des territoires historiques de l’Azerbaïdjan, les visites régulières d’experts internationaux dans ces territoires libérés apportent bien entendu davantage d’informations sur l’histoire de notre pays. L’histoire du conflit et, bien sûr, la réalité actuelle de l’Azerbaïdjan ne peuvent être dissociées de notre glorieuse victoire lors de la Seconde Guerre du Karabagh, ainsi que du précédent unique que constitue la restauration de l’intégrité territoriale du pays sans soutien international, par ses propres moyens, à travers des moyens politico-militaires. Comme l’a mentionné le recteur Pashayev, vous avez visité Khankendi hier. Cette ville, qui a malheureusement été pendant de nombreuses années, pendant plus de trois décennies, un centre du séparatisme arménien en Azerbaïdjan. En réalité, le mouvement séparatiste, inspiré et soutenu par l’Arménie, a commencé dans cette ville. Il s’agit d’une terre historique de l’Azerbaïdjan. Le nom même de Khankendi témoigne de son origine et de ses racines azerbaïdjanaises, signifiant « le village du Khan ».
Après la décision illégale et absolument infondée du point de vue politique, historique et culturel du gouvernement soviétique de créer la Province autonome du Haut-Karabagh dans la région du Karabagh en Azerbaïdjan, un processus a malheureusement été lancé, ce qui a abouti à un séparatisme agressif.
La création de la Province autonome du Haut-Karabagh en 1923 était en réalité une bombe à retardement, qui a explosé au moment opportun pour les séparatistes, leurs sponsors et divers acteurs qui ont instrumentalisé le conflit à des fins politiques.
Nous y avons mis un terme il y a un an et demi, grâce à une opération militaire qui a duré moins de 24 heures, et qui a en réalité marqué l’ultime étape de notre lutte pour la souveraineté. Ainsi, vous vous êtes rendus sur place et vous avez pu constater ce qui s’est passé. Je pense que la meilleure illustration de la réalité actuelle de l’Azerbaïdjan est la visite des régions, en particulier celles qui ont souffert de la dévastation et de l’occupation arménienne. Je vais probablement conclure ici mes remarques introductives afin de laisser plus de place aux discussions. Je suis certain que les échanges d’hier, ceux d’aujourd’hui, ainsi que l’interaction entre les experts nous aideront tous à élaborer des approches communes et à échanger des points de vue sur un monde en mutation rapide, déjà radicalement différent de ce qu’il était lors de notre dernière rencontre, l’année dernière.
Merci encore une fois d’être parmi nous. Je vous souhaite un agréable séjour en Azerbaïdjan.
L’assistant du président azerbaïdjanais, Hikmet Hadjiyev : Merci, Monsieur le Président. Avec votre permission, nous aimerions commencer notre session de discussion. Un nombre important de participants se sont inscrits pour poser leurs questions, et nous commencerons d'abord par Svante Cornell, qui vient de Suède.
Svante Cornell : Merci beaucoup, Monsieur le Président. C’est un plaisir de vous revoir. J’aimerais vous poser la question suivante, car nous avons constaté que l’Azerbaïdjan s’est récemment fortement impliqué en tant que participant dans les affaires de l’Asie centrale et du Moyen-Orient, avec des relations économiques et politiques étendues. Je me demande si vous pourriez expliquer comment l’Azerbaïdjan se voit comme étant simultanément une partie de l’Europe, de l’Asie centrale et du Moyen-Orient, et quel rôle vous envisagez pour l’Azerbaïdjan en tant que pont entre ces trois régions du monde. Merci.
Le président Ilham Aliyev : Cela repose en partie sur notre géographie, l’histoire du peuple azerbaïdjanais, et la manière dont l’Azerbaïdjan s’est développé au fil des siècles, étant à la fois une partie de la géographie orientale et occidentale. Bien sûr, la géographie est un facteur important pour chaque pays, mais ce n’est pas le seul facteur qui domine la politique. Nous avons basé notre politique sur cette géographie et avons établi, je pense, des liens très forts avec nos voisins de l’autre côté de la mer Caspienne et au sud de l’Azerbaïdjan, en particulier avec les pays du Moyen-Orient. En ce qui concerne la coopération de longue date avec les pays européens, l’Azerbaïdjan a signé ou adopté des déclarations sur le partenariat stratégique avec beaucoup d’entre eux. Donc, cette plateforme déjà établie nous permet de jouer un rôle important en tant que pont géographique, politique, économique et de transport entre la région d’Asie centrale et l’Europe. Nous savons qu’il y a un grand intérêt aujourd’hui en Asie centrale de la part de l’Occident, que ce soit l’Union européenne, les États-Unis ou d’autres institutions internationales. Et, bien sûr, en planifiant une coopération à long terme avec cette région, il suffit de regarder la carte pour comprendre que l’Azerbaïdjan ne peut être ignoré. Cependant, il y en a en Europe qui préféreraient séparer l’Azerbaïdjan non seulement de ce processus, mais aussi créer des lignes de division dans le Caucase, en particulier dans le Caucase du Sud. Mais ces tentatives échoueront définitivement, car non seulement la géographie, mais aussi les connexions politiques, économiques et culturelles entre l’Azerbaïdjan et les pays d’Asie centrale créent en réalité cette atmosphère très unique de partenariat. Ainsi, géographiquement, l’Azerbaïdjan est un pays du Caucase du Sud, un pays de la Caspienne, mais en même temps, nous sommes juste à côté de l’Asie centrale — seule la mer Caspienne nous sépare. Du point de vue de la coopération pratique, des transports et du Corridor Moyen, nous avons fait beaucoup pour aider à construire des ponts et augmenter le volume de marchandises. Car les grands investissements dans les infrastructures de transport de l’Azerbaïdjan, en particulier le port maritime, la fabrique de construction navale, les installations ferroviaires et autres infrastructures logistiques que nous avons créées aujourd’hui sont essentiels, et nous voyons que, année après année, le nombre de cargaisons passant par l’Azerbaïdjan augmente, non seulement d’Asie centrale, mais aussi de Chine et d’Europe vers la Chine. Donc, je pense que c’est un atout important, et pour tout acteur international qui souhaiterait rapprocher ses relations avec les pays d’Asie centrale, il suffit à nouveau de regarder la carte et l’interaction politique entre les dirigeants de l’Azerbaïdjan et des pays d’Asie centrale.
Plus ou moins, on peut dire la même chose de nos liens solides avec le Moyen-Orient et les pays membres du Conseil de coopération du Golfe. L’Azerbaïdjan a établi des relations très fortes basées sur le respect mutuel et les intérêts communs. Nous travaillons déjà activement sur différents projets d’investissement. Cela peut également s’appliquer aux pays d’Asie centrale, avec lesquels nous avons déjà créé plusieurs fonds d’investissement conjoints, en collaboration avec certains pays d’Asie centrale et du Conseil de coopération du Golfe. Ainsi, créer cette synergie sera définitivement bénéfique pour nous tous. Ces derniers temps, il y a seulement six mois, nous avons signé un accord important sur un câble d’énergie verte sous la mer Caspienne entre l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan et l’Ouzbékistan. Cela apportera les vastes ressources en énergie verte de l’Asie centrale, dont certaines sont déjà disponibles et d’autres en cours de développement, ajoutées aux vastes ressources en énergie verte de l’Azerbaïdjan pour soutenir les pays européens en matière de sécurité énergétique. Jusqu’à présent, il s’agissait de pétrole et de gaz, mais à l’avenir, il s’agira d’électricité générée à partir de l’énergie verte. Il y a seulement quelques jours, nous avons accueilli à Bakou la réunion régulière du Conseil consultatif du Corridor gazier méridional, dont une partie de l’ordre du jour était consacrée à l’énergie verte. Ainsi, le transport, l’énergie verte, la sécurité, la stabilité et, bien sûr, les efforts conjoints visant à renforcer la souveraineté et l’indépendance de notre région sont des facteurs internationaux importants.
Hikmet Hadjiyev : Notre deuxième question vient de Stephanie Fenkart, Autriche.
Stephanie Fenkart : Merci beaucoup, Monsieur le Président, de nous accueillir. C'est un plaisir. Je suis Stephanie Fenkart, de Vienne, en Autriche. Je travaille pour l'Institut international pour la paix. La dernière fois aussi j’étais ici et j'avais posé une question sur la réconciliation et la médiation entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Cette fois-ci, cependant, je souhaiterais poser une question de perspective à long terme. J’aimerais savoir si vous pourriez élaborer un peu sur votre vision à long terme pour les pays du Caucase du Sud, compte tenu du thème selon lequel nous faisons face à un nouvel ordre mondial. Peut-être voyez-vous qu'il s'agit d'un processus long entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, et qu'il faudra du temps pour parvenir à un accord de paix. Mais les obstacles peuvent être surmontés. Néanmoins, je pense qu'il est aussi important d'avoir une idée, à l'instar des États européens, et une vision sur la manière de rendre la guerre impossible à l'avenir, et, à un moment donné, parvenir à une forme institutionnalisée, comme l'Union européenne. Je ne suggère pas de suivre cette voie. Mais quelle serait votre vision à long terme pour le Caucase du Sud, d'où bénéficieraient les Azerbaïdjanais, les Arméniens et les Géorgiens, en tenant compte également de la géographie actuelle, comme vous l'avez mentionné précédemment ? Merci.
Le président Ilham Aliyev : Oui, je pense que nous pouvons même parler d'objectifs à moyen terme, qui sont réalisables et atteignables. Malheureusement, l'occupation arménienne du territoire de l'Azerbaïdjan n'a pas permis au Caucase du Sud de se développer en tant que région plus ou moins intégrée. Nous en avions toutes les chances, mais l'agression, la dévastation et la souffrance du peuple azerbaïdjanais n'ont pas permis que cela se produise. Ainsi, le Caucase du Sud n’a pas été intégré, bien que, d'un point de vue économique et au regard des routes de transport et, bien sûr, de la sécurité énergétique, cela aurait pu se faire. Si nous regardons les relations entre l'Azerbaïdjan et la Géorgie, nous verrons tous ces segments dont je viens de parler : sécurité énergétique, transports, dialogue politique, investissements, avantages économiques. Donc, l’Arménie s’en est privée, et en réalité, à cause de l'occupation et de l'agression, elle s'est privée de devenir un pays de transit important pour les ressources énergétiques de l'Azerbaïdjan et ses routes de transport. Et tout le transit, que ce soit du pétrole, du gaz ou des marchandises, en provenance d'Azerbaïdjan passe par la Géorgie. Donc, l’Arménie aurait pu faire partie de ce processus. C’est de leur faute s’ils ont mal calculé le développement futur et sacrifié leur avenir économique, leur véritable indépendance, pour ce rêve de la « grande Arménie ». Lorsqu’un accord sera signé entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, il n'y aura bien sûr plus d'obstacle pour le lancement de la coopération. Je pense que nous ne devrions pas perdre de temps, car, une fois de plus, en ce qui concerne l'accord de paix, la balle est dans le camp arménien. À de nombreuses reprises, j'ai déjà rendu publiques nos attentes vis-à-vis de l'Arménie concernant notre intégrité territoriale et leur constitution. Cela est donc évident, dès que cela sera fait et que l’accord de paix sera signé, il n’y aura plus d’obstacle pour que le Caucase du Sud tente de devenir une région intégrée. Je pense que cela pourrait être une situation gagnant-gagnant pour les trois pays du Caucase du Sud. Et, étant réalistes, bien sûr, nous ne pouvons pas imaginer que nous deviendrons amis avec l’Arménie immédiatement. Ce n'est pas réaliste, et il est même tôt de parler d'une quelconque intégration économique. Mais nous sommes prêts à commencer à faire de petits pas vers des mesures de renforcement de la confiance. Et il y a eu certaines initiatives récemment lancées par nos amis géorgiens, et nous y avons répondu positivement. Nous attendrons donc la position du côté arménien. Et si cela se produit, des petits pas pourront commencer, comme des échanges de visites entre journalistes et intellectuels, ou peut-être des sessions conjointes sur les rivières transfrontalières, car cela représente une préoccupation sérieuse pour l'Azerbaïdjan. L’Arménie pollue la rivière Araz, et, d’ailleurs, le fleuve Kur doit également être davantage pris en compte tout au long de son trajet vers l'Azerbaïdjan. Tout cela peut avoir un impact pratique. Avec ces petits pas, nous pouvons essayer de réduire la méfiance. Pour construire la confiance, cela prendra des années, mais au moins pour réduire la méfiance, nous sommes prêts à cela.
Hikmet Hadjiyev : Brenda Shaffer, États-Unis et Israël.
Brenda Shaffer : Bonjour, le Président Aliyev.
Le président Ilham Aliyev : Bonjour.
Brenda Shaffer : Nous sommes en 2025, presque cinq ans après la guerre de 44 jours. C'est un moment pour se souvenir particulièrement des martyrs qui sont tombés, notamment les jeunes qui ont défendu leur pays, ainsi que des blessés, qui font chaque jour encore partie de la lutte. Mais c'est aussi l'occasion de poser des questions au Commandant suprême et Président qui ont supervisé la préparation de l'Azerbaïdjan et de son armée pour cette guerre. Quelles sont vos conclusions après cinq ans ? On pourrait dire que, depuis la Seconde Guerre mondiale, très peu de guerres ont eu une véritable conclusion. Elles ont juste repoussé le problème, créant ainsi un conflit continu. La guerre entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, avec l'opération antiterroriste de septembre 2023, est la seule à avoir une conclusion finale. Alors, quelles sont vos leçons ? Cinq ans après la guerre, en tant que Commandant suprême, la guerre urbaine, le faible nombre de victimes civiles et de dommages à l'infrastructure civile. Quelles sont les leçons pour les guerres modernes, qui malheureusement se poursuivent encore pendant que nous sommes ici ?
Le président Ilham Aliyev : Merci. Bien sûr, il y a différents aspects pour répondre à cette question. Tout d'abord, la capacité de défense. Depuis la Seconde Guerre du Karabagh, l'Azerbaïdjan a poursuivi ses réformes dans les forces armées en raison du fait que les séparatistes existaient toujours sur notre territoire, et nous devions être prêts à toute forme de provocation. Il y a eu certaines confrontations militaires depuis la guerre de 2020 jusqu'en 2023, lorsque nous avons complètement restauré notre souveraineté. La conduite de nos opérations militaires pendant la Seconde Guerre du Karabagh a clairement démontré le niveau très élevé de capacité des forces armées azerbaïdjanaises, leur discipline et aussi la volonté politique du gouvernement azerbaïdjanais.
Nous n'avons pas pris de revanche, bien qu'on puisse imaginer les sentiments que nous avons tous vécus pendant les années d'occupation, surtout lorsque nous sommes retournés au Karabagh et nous avons vu la barbarie et le vandalisme. J'ai dit à plusieurs reprises que nous prendrions notre revanche sur le champ de bataille. Nous ne ferons rien qui dépasse le comportement humain normal et les règles de la guerre, auxquelles nous sommes attachés. Et c'est ce qui s'est passé. Nous avons mené la guerre dans le respect de toutes les règles internationales et de notre propre compréhension des valeurs.
Et cela a été apprécié par tous les experts qui ont minutieusement examiné chaque jour de la guerre de 44 jours. Ainsi, après la fin de la guerre, bien sûr, la situation ne pouvait pas être considérée comme totalement stable. Jusqu'en septembre 2023, elle ne l'était pas. Nous avons eu des victimes, et malheureusement, l'Arménie et ces forces étrangères qui étaient derrière elle lui ont donné de très mauvais conseils. En réalité, le 10 novembre 2020, l'Arménie a signé l'acte de capitulation, et nous savons tous par l'histoire ce qui se passe lorsqu'un pays capitule. Mais cela ne s'est pas produit. Ainsi, l'Arménie a essayé de continuer à se comporter comme s'il n'y avait pas eu 30 ans d'occupation, de souffrances du peuple azerbaïdjanais, ni de guerre de 44 jours, et ils ont simplement reçu de très mauvais conseils de la part de leurs soi-disant amis. Et d'ailleurs, ce processus continue. Bien que nous les ayons avertis à plusieurs reprises qu'ils ne devraient pas compter sur ceux qu'ils considèrent comme leurs amis, qu'ils soient anciens ou nouveaux, parce qu'ici, sur le terrain, ils devront faire face à nous. Nous avons suffisamment de volonté politique pour défendre nos intérêts, nos intérêts politiques sur la scène internationale, et nous ne pouvons pas être un sujet de pression internationale quelconque qui nous détournerait de notre politique. Ainsi, d'un point de vue militaire, que ce soit la Seconde Guerre du Karabagh, l'opération antiterroriste de septembre 2023, ou les mesures que nous prenons ensuite pour renforcer notre capacité militaire, tout cela est parfaitement compréhensible, en particulier en tenant compte du grand processus de militarisation de l'Arménie. Les armes létales, qui ont été fournies par les nouveaux amis arméniens, ne conduiront en réalité pas à la paix et à la stabilité. Cela ne fera que conduire à des tensions potentielles à l'avenir.
Nous savons qu'il existe des groupes revanchistes assez puissants en Arménie. Je les diviserais en deux : les revanchistes actifs, ceux qui sont responsables de l'occupation de 30 ans, et les revanchistes passifs, le gouvernement actuel, qui tente de démontrer une soi-disant approche constructive, mais qui en réalité vit avec les mêmes sentiments de revanche et de vengeance. C'est la raison pour laquelle ils achètent des armes létales. Certaines d'entre elles, ils les acquièrent gratuitement. C'est la raison pour laquelle ils prévoient de nouvelles opérations militaires contre l'Azerbaïdjan. Et c'est la raison pour laquelle ils ne veulent pas simplement accepter notre proposition légitime de dissoudre le Groupe de Minsk de l'OSCE, car, comme nous le savons tous, le Groupe de Minsk a été créé pour traiter les problèmes du conflit du Karabagh. Si le gouvernement arménien considère que c'est terminé, comme ils le déclarent, et s'ils reconnaissent le Karabagh comme faisant partie de l'Azerbaïdjan, il n'y a aucune raison pour que le Groupe de Minsk ne soit pas dissous légalement. De facto, il n'est pas fonctionnel, mais le refus de signer une demande conjointe avec l'Azerbaïdjan auprès de l'OSCE pour dissoudre formellement le Groupe de Minsk est un signe qu'ils attendent simplement le bon moment. Ils attendent peut-être des changements, des avantages dans la situation internationale. Ils comptaient beaucoup sur l'administration démocrate pour continuer après les élections. Ainsi, pour eux, la victoire du président Trump a été une grande déception et frustration. Nous le savons tous. Mais néanmoins, l'establishment politique arménien n'est pas divisé sur la question de l'Azerbaïdjan. Il est consolidé. Il s'agit simplement d'un problème de vocabulaire, de comportement et de tactique. Nous devons donc être prêts à cela, du point de vue militaire et politique. Tant qu'un accord de paix n'est pas signé et que l'Arménie ne renonce pas complètement à toutes ses revendications territoriales contre l'Azerbaïdjan, qui existent encore dans sa Constitution, et ne démontre pas un comportement sincère pour normaliser les relations avec l'Azerbaïdjan, il y aura toujours une menace de nouvelle confrontation militaire. Et le dernier point est que, depuis 2020, presque cinq ans se sont écoulés, mais nous faisons toujours face à des spéculations et accusations absolument infondées selon lesquelles l'Azerbaïdjan planifierait une nouvelle agression contre l'Arménie. Ainsi, presque cinq ans se sont écoulés, mais cette propagande noire est toujours principalement générée par le gouvernement français et ceux qui suivent leur politique au sein de l'Union européenne, ainsi que par le Département d'État sous Blinken. Cette propagande noire continue, et à de nombreuses occasions, derrière des portes closes, je disais : « Regardez, si nous voulions continuer la guerre en novembre 2020, nous l'aurions continuée. Nous avons arrêté notre opération militaire aux abords de Khankendi. Nous ne voulions pas que la guerre continue parce que nous ne voulions pas que des gens meurent. Nous voulions que cela se fasse de manière pacifique. Si nous avions voulu continuer, nous étions juste à la frontière avec l'Arménie partout, à Zenguilan, à Kelbedjer et dans d'autres directions, l'armée arménienne était totalement démoralisée. » Il y a eu 12 000 déserteurs, comme le confirme le gouvernement arménien lui-même. Donc, personne n'aurait pu nous empêcher de faire ce dont on nous accuse maintenant. Nous n'avions pas ces intentions, et nous ne les avons pas. Mais en même temps, nous devons rester vigilants. Nous ne devons pas oublier 30 ans d'occupation. Nous ne devons pas oublier les rêves de la « grande Arménie », qui circulent encore, non seulement dans la diaspora, en France et aux États-Unis, mais aussi dans le gouvernement arménien et dans tout le spectre politique. Vous aurez du mal à trouver un homme politique arménien qui ne rêve pas de reprendre le Karabagh. C'est la réalité. Nous connaissons cette réalité à travers diverses sources d'information, et nous devons vivre avec. Ce sont probablement les leçons que nous avons tirées de la guerre et de la situation d’après-guerre, et la manière dont la situation d’après-guerre va se développer dépend principalement de l'Arménie. Nous avons fait ce qui était absolument légitime. Nous avons restauré notre intégrité territoriale, notre souveraineté, mis fin au séparatisme et pris le contrôle de nos frontières. Et pour nous, cette question est réglée. Cela ne signifie pas que nous allons simplement ignorer les menaces potentielles et les dangers potentiels. Nous devons toujours être prêts à riposter. Pour cette raison, nous continuons à consacrer des fonds substantiels à l’amélioration de notre capacité militaire. Ce n'est pas parce que nous planifions une prétendue agression. C'est parce que nous, en tant que victimes d'agression, voulons être capables de nous défendre et de punir l'Arménie si, encore une fois, elle décide de faire quelque chose de nuisible pour nous.
Hikmet Hadjiyev : Daria Isachenko, Allemagne.
Daria Isachenko : Cher Monsieur le Président, merci beaucoup pour cette opportunité. Je travaille au German Institute for International and Security Affairs, et ma question porte sur la Türkiye et Israël. L'Azerbaïdjan entretient de bonnes et étroites relations avec les deux pays. Étant donné les tensions actuelles entre ces deux pays, quel impact cela a-t-il sur l'Azerbaïdjan ? Et l'Azerbaïdjan est-il impliqué dans des activités visant à apaiser les tensions entre la Türkiye et Israël ? Merci.
Le président Ilham Aliyev : Oui, vous avez raison. Les deux pays sont des amis proches de l'Azerbaïdjan. Avec la Türkiye, nous sommes des alliés. Nous avons signé la Déclaration de Choucha en 2021 et sommes officiellement devenus des alliés, bien que nos relations d'alliance existaient de facto bien avant cette procédure formelle.
Israël est un pays ami de l'Azerbaïdjan, et pendant de nombreuses années, cette amitié mutuelle s'est manifestée dans des moments difficiles pour nous deux. Par conséquent, bien sûr, ces tensions entre les deux pays sont très inquiétantes pour nous et suscitent des préoccupations. Comme cela est déjà connu, bien que nous ne l'ayons jamais rendu public nous-mêmes, mais cela circule déjà assez largement. La première réconciliation réussie entre la Türkiye et Israël a été, dans une certaine mesure, facilitée par l'Azerbaïdjan. Car ce qui se passe actuellement entre les deux pays n'est pas la première crise. C'est la deuxième dans un passé prévisible. Ainsi, lors de la première crise, nous avons joué un rôle actif pour essayer de rapprocher les pays, et ce n'était pas seulement l'Azerbaïdjan. Je dirais que l'Azerbaïdjan a été le numéro un dans ce processus. Encore une fois, cela s'est fait en coulisses. Nous ne l'avons jamais rendu public. Nous n'avons jamais essayé de nous en vanter. Nous voulions simplement aider notre allié et frère, la Türkiye, ainsi que notre ami Israël, à reconstruire leur relation. Comme vous le savez probablement, il y a aussi eu des signes visibles de cette normalisation, comme la visite du président d'Israël, M. Herzog, en Türkiye, et sa rencontre avec le président Erdogan, ainsi que la rencontre entre le président Erdogan et le Premier ministre Netanyahu à New York, il y a deux ans. Maintenant, nous faisons face à ce qu'on appelle un « déjà-vu ». Nous connaissons l'algorithme de nos actions, et je peux vous assurer que nous ne ménageons pas nos efforts pour être utiles. À ce stade, il ne serait probablement pas approprié de dire quoi que ce soit de plus que cela, car, encore une fois, il s'agit d'une relation entre deux pays, et c'est à eux de décider dans quelle mesure ils souhaitent rendre public un quelconque processus entre nous, si jamais cela se produit. Encore une fois, lors du premier tour de normalisation, nous sommes restés absolument silencieux. Nous avons travaillé en coulisses. Donc, vous pouvez imaginer que nous faisons de même maintenant, et nous espérons que le processus conduira à la normalisation. C’est toujours mauvais lorsque vos amis ont de mauvaises relations. C'est mauvais pour eux, mauvais pour nous et mauvais pour le monde. Parce que je pense que malgré des préoccupations légitimes et un niveau de méfiance assez élevé, il est encore possible de trouver des bases pour la normalisation et des domaines d'intérêt mutuel. À mon avis, le processus ne devrait pas s'arrêter. L'Azerbaïdjan fait de son mieux pour faciliter ce processus.
Hikmet Hadjiyev : Ramiz Yunus, des États-Unis.
Ramiz Yunus : Cher Monsieur le Président, c'est un grand honneur pour moi d'être ici aujourd'hui, et je suis très heureux de vous revoir. Je vous remercie beaucoup pour cette opportunité et pour l'invitation. C'est déjà une grande occasion pour moi, et c'est une tradition. Je suis venu dans ma patrie, en particulier dans la région du Karabagh en Azerbaïdjan, pour des événements internationaux très importants avec votre participation. La dernière fois, c'était à Choucha, et maintenant nous sommes à Khankendi, à Bakou. En même temps, j'apprécie l'opportunité de vous poser des questions concernant des sujets géopolitiques sérieux dans le monde et autour de notre région. Cher Monsieur le Président, la dernière fois, avant les élections aux Etats-Unis, en réponse à mes questions précédentes, vous avez partagé votre excellente expérience de communication avec les démocrates et les républicains. Si je me souviens bien, vous avez dit qu'il était toujours plus facile pour vous de travailler avec l'administration républicaine. Cher Monsieur le Président, j'ai une question à vous poser. Vos attentes après le changement de pouvoir à la Maison-Blanche ont-elles été justifiées, ou est-il encore trop tôt pour en parler ? Et quels sont, selon vous, les principaux risques pour l'Azerbaïdjan et notre région aujourd'hui ? Encore une fois, je vous remercie beaucoup, cher Monsieur le Président.
Le président Ilham Aliyev : Merci. D'après mon expérience personnelle, que j'ai partagée à plusieurs reprises, bien sûr, travailler avec l'administration républicaine était beaucoup plus confortable que travailler avec l'administration démocrate. J'ai commencé mes fonctions présidentielles en 2003, sous la présidence de George Bush, et les relations entre les deux pays étaient très bonnes. Nous, les deux, avons beaucoup apprécié le soutien mutuel et avons annoncé publiquement l'importance stratégique de nos relations bilatérales. L'Azerbaïdjan a été l'un des premiers pays non membres de l'OTAN à participer aux opérations en Afghanistan et en Irak, et cela à la demande de l'administration américaine. Sinon, nous n'y serions pas allés. Nous avons fourni non seulement un soutien physique grâce à un grand nombre de nos militaires, mais aussi un lien de transport important vers l'Afghanistan, qu'il s'agisse de connexions aériennes, de nos installations terrestres ou de la mer Caspienne. Cela a été grandement apprécié par les gouvernements américains pendant l'administration du président Bush. La situation a légèrement changé après la fin du mandat du président Bush, mais pas de manière dramatique. Cependant, sous l'administration Biden-Blinken, les relations entre les États-Unis et l'Azerbaïdjan peuvent être caractérisées comme étant en crise. Et la raison de cela n'est pas de notre fait. Nous avons toujours voulu entretenir de bonnes relations avec les États-Unis, qui est le pays le plus puissant du monde, mais c'était en raison de la politique anti-azerbaïdjanaise du Département d'État dirigé par M. Blinken et de nombreuses personnes anti-azerbaïdjanaises au sein de l'administration du président Biden. Ainsi, je peux citer divers faits qui ont créé de la frustration en Azerbaïdjan. Je pense qu’il suffit de dire comment les sanctions ont été réimposées à l'Azerbaïdjan. Lorsque l'Azerbaïdjan était nécessaire aux États-Unis, du soi-disant amendement 907 du Freedom Support Act, qui était discriminatoire pour l'Azerbaïdjan, avait été levée, et chaque président des États-Unis émettait une dérogation chaque année. Mais dès que l'administration Biden-Blinken s'est retirée d'Afghanistan, et nous avons tous vu comment cela s’est produit, ils ont réimposé cet amendement contre nous. Être aussi ingrats est très nuisible pour l'administration elle-même, car qui leur fera confiance après cela ? Et notre niveau de confiance envers l'équipe Biden-Blinken était proche de zéro. Nos relations étaient en crise profonde.
Les États-Unis, sous l'équipe Biden-Blinken, ont pris parti de manière unilatérale en faveur de l'Arménie. C'était la première fois officiellement que les États-Unis faisaient cela depuis le déclanchement du conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Oui, nous savions tous quel genre de soutien l'Arménie avait reçu de toutes les administrations démocrates, mais néanmoins, jamais dans l'histoire du processus de médiation américain, ils n'avaient pris de manière unilatérale parti en faveur de l'Arménie. Il suffit de se souvenir du 5 avril de l'année dernière, d'une rencontre très étrange à Bruxelles avec la participation de M. Blinken, de Mme Ursula von der Leyen, de M. Borrell et de M. Pachinian – une rencontre sans précédent, que cette équipe de politiciens américains et européens n'avait jamais eue avec aucun autre pays dans le monde, pas seulement dans l'espace post-soviétique. Nous avons eu suffisamment d'informations crédibles pour savoir qu'une partie du protocole convenu était consacrée au renforcement militaire. Nous avons soulevé cette question à l'avance afin de l'empêcher. Ensuite, elle a été retirée du texte du document. Mais de facto, elle existait, et sur cette base, la soi-disant Facilité européenne pour la paix a alloué une première tranche à l'Arménie pour l'achat d'armements. Un autre moment important dans la détérioration des relations américano-azerbaïdjanaises sous M. Blinken a été la déclaration sur le partenariat stratégique, signée cinq jours avant l'entrée en fonction du président Trump. Le 14 janvier dernier à Washington, le Secrétaire d’Etat Blinken et le ministre des Affaires étrangères arménien ont signé à la hâte, comme des voleurs, cette déclaration sur le partenariat stratégique. Vous savez, en seulement cinq jours, la nouvelle équipe est arrivée. Le président Trump allait déterminer la politique.
Quelle en est la raison ? C'était un autre geste anti-azerbaïdjanais de la part de M. Blinken. Je le regrette beaucoup, car j'avais beaucoup confiance en lui au début de nos communications, mais, malheureusement, je me suis trompé. Ainsi, les tentatives de tracer des lignes de division dans le Caucase, d'isoler l'Azerbaïdjan, de nous discriminer et de propager des rumeurs à notre sujet. Dès que l'équipe Biden-Blinken a quitté ses fonctions, toutes ces insinuations contre l'Azerbaïdjan ont immédiatement cessé. Leurs médias, qui étaient très agressifs envers nous, ceux que le président Trump appelle « les fausses nouvelles », comme The Washington Post, The New York Times, Politico, etc., ont immédiatement cessé de publier tous les articles odieux sur l'Azerbaïdjan. Nous savions que la source de ces articles venait du Département d’État. Il en a été de même avec l'USAID. D'ailleurs, notre procureur général enquête sur les activités illégales de l'USAID. J'ai déjà été informé des résultats préliminaires de l'enquête, et cela montre l'ampleur des activités anti-azerbaïdjanaises et des tentatives de saper notre gouvernement, des tentatives claires d'intervenir et de s'ingérer dans nos affaires intérieures. Dès que le dossier sera prêt, nous le soumettrons à l'administration du président Trump, afin qu'ils puissent prendre des mesures sérieuses contre cette USAID corrompue et ses dirigeants corrompus. Voilà l'histoire, et bien, je pourrais en parler pendant plusieurs heures, mais le plus important maintenant, c'est de savoir si nous avons déjà obtenu ce que nous attendions. Je dirais que oui, car, d'abord, la tendance anti-azerbaïdjanaise dans la politique américaine a cessé, et cela, déjà, est un aspect positif. Ensuite, il y a déjà eu des contacts de haut niveau entre les membres de l'administration Trump et l'équipe azerbaïdjanaise à différents niveaux, avec un programme très productif et mutuellement acceptable. Et troisièmement, compte tenu de l'agenda de l'administration Trump, nous pouvons prévoir que cette période dans nos relations sera une excellente opportunité pour renforcer notre partenariat, et nous avons également de l'expérience de travailler avec l'administration Trump lors de son premier mandat, qui a également été très positif. Nous n'avons eu aucune crise dans nos relations. Oui, nos relations n'étaient pas aussi actives que nous l'aurions voulu, mais c'était le premier mandat. Maintenant, lorsque le président Trump et son équipe ont vu l'hypocrisie de l'Union européenne à son égard, comment les dirigeants européens étaient derrière le complot contre lui en soutenant Madame Harris. Son second mandat, c'est définitivement mon évaluation, sera beaucoup plus actif et beaucoup plus concentré sur les intérêts nationaux américains que le premier. En ce qui concerne les intérêts nationaux américains, je peux dire avec certitude que des relations solides avec l'Azerbaïdjan sont très importantes pour cette région. L’Azerbaïdjan est un pays leader du Caucase du Sud. En tant que membre du Sud global, avec une position forte dans le Mouvement des non-alignés, que nous avons présidé avec succès pendant quatre ans, et avec nos fortes connexions avec la région d'Asie centrale, comme nous l'avons déjà évoqué, ainsi que nos capacités, notre potentiel économique, nos ressources énergétiques, et une armée qui a démontré sa force sur le champ de bataille, et non lors des défilés, ainsi que nos connexions politiques, l'Azerbaïdjan peut être un partenaire très important pour les États-Unis. Nous voulons que cela se produise. Nous voyons que cela se produit en même temps, et nous comprenons qu'à présent, le président Trump et son équipe sont préoccupés par des questions beaucoup plus urgentes et importantes de l'agenda mondial. Nous attendons le moment où nous nous engagerons ou peut-être réengagerons dans une relation stratégique forte, prévisible et à long terme avec la nouvelle administration.
Hikmet Hadjiyev : Thembisa Fakude, Afrique du Sud.
Thembisa Fakude : Merci. Bonjour, Monsieur le Président, merci beaucoup de nous avoir accueillis. C'est ma deuxième visite en Azerbaïdjan. Nous vous avons rencontré la dernière fois à Choucha lors du Sommet mondial des médias. Merci encore pour l'invitation. L'Azerbaïdjan est, du moins de là où nous le voyons en Afrique, un acteur géopolitique puissant et engagé, notamment avec sa présidence du Mouvement des non-alignés. Vous êtes également impliqué cette année dans votre rôle de leadership pour la COP29, et nous suivons tous cela avec intérêt. Mais surtout, l'Azerbaïdjan investit également dans des projets sociaux et éducatifs en Afrique, et de nombreux Africains, bien sûr, en sont heureux. Nous avons de plus en plus d'étudiants en Azerbaïdjan venant d'Afrique, et vous êtes également en train de transférer des compétences en matière de formation et de professionnalisation de certains services publics. Et cela est largement apprécié. Mais les Africains observent aussi l'implication croissante de l’Azerbaïdjan, en particulier dans la partie sud de l'Afrique, d'où je viens. Ma question est la suivante, et c'est la réponse que je dois ramener chez moi : avez-vous des projets d'élargir votre engagement social, éducatif et académique, en particulier en Afrique australe ? Si tel est le cas, quels sont ces projets ? Merci.
Le président Ilham Aliyev : Merci beaucoup. Tout d'abord, je voudrais dire que l'Afrique du Sud est l'un des rares pays du continent africain où nous avons déjà une ambassade depuis de nombreuses années. Nous n'avons pas beaucoup d'ambassades en Afrique, mais le nombre d'ambassades augmente. Je pense que celle en Afrique du Sud a été l'une des premières. Cela démontre notre grand intérêt à travailler avec votre pays sur différents fronts. Oui, nous avons toujours été très soutenants envers nos amis en Afrique. Lorsque leurs besoins étaient urgents, notamment pendant la période du COVID, nous avons fourni du soutien financier et humanitaire à plus de 80 pays, dont la majorité étaient des pays du continent africain. Par différents moyens, nous soutenons des programmes éducatifs et médicaux. Nous offrons des bourses pour les étudiants africains. Nous le faisons grâce à nos fonds d'État, à travers des ONG, l'Agence azerbaïdjanaise d’aide au développement international, relevant du ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères. Tout cela se fait, et oui, nous aimerions voir une interaction plus active. Je pense que les visites de cette année des dirigeants africains en Azerbaïdjan démontrent cet immense intérêt mutuel.
En ce qui concerne le Mouvement des pays non-alignés, nous avons été très utiles à tous les États membres pendant quatre ans. Nous avons laissé un bon héritage au sein du Mouvement des pays non-alignés. À un certain moment, ce mouvement a commencé à se détériorer un peu, alors nous y avons apporté un nouveau dynamisme. Nous avons initié la création de la Plateforme parlementaire, qui a été établie avec succès, et de la Plateforme jeunesse. Ce sont deux héritages importants de l'Azerbaïdjan. Nous avons également travaillé activement sur le développement institutionnel du Mouvement des pays non-alignés et sa transformation potentielle en organisation. Notre présidence a été unanimement soutenue, lorsque nous avons été élus pour trois ans, mais ensuite, les États membres ont décidé de prolonger notre présidence pour une année supplémentaire, ce qui est un cas sans précédent dans l'histoire du mouvement. Par décision unanime, la présidence azerbaïdjanaise a été prolongée. Cela démontre que, malgré le fait qu'il existe certaines incompréhensions bilatérales ou multilatérales entre les États membres, 120 pays, ce qui est compréhensible, en ce qui concerne l'Azerbaïdjan, tous étaient unis pour apprécier notre rôle. Lors de la COP, nous avons annoncé publiquement que notre objectif principal serait de soutenir les pays les moins développés, de soutenir les pays confrontés à des menaces existentielles. Et nous l'avons fait. Et en ce qui concerne les résultats de la COP, bien que je sache que certains soi-disant experts, dont l'objectif était de discréditer la présidence de l'Azerbaïdjan, disaient que le financement n'avait pas été atteint, nous avons augmenté à 300 milliards le financement de 100 milliards de dollars américains, le niveau atteint lors des 28 précédentes COP. N'est-ce pas un succès ? Mais si. Nous avons triplé le financement. Nous avons lancé un programme spécial pour les petits États insulaires en développement et l'Azerbaïdjan a alloué 10 millions de dollars américains en soutien direct aux petits États insulaires en développement face à leurs menaces existentielles, car le changement climatique est un problème pour tout le monde, mais pour eux, c'est simplement leur vie. C'est leur avenir. Lors de la COP, une autre réalisation importante a été l'accord sur la mise en fonction du marché du carbone. Cette question n’avait pas été réglée depuis au moins 10 ans. Elle a été convenue en Azerbaïdjan, grâce à notre présidence, grâce à la confiance en nous. Et bien sûr, nous avons joué un rôle important dans l'établissement de ponts entre le Sud global et le Nord global. C'était l'une des missions clés que nous nous étions fixées. La manière dont nous avons abordé le COVID, la manière dont nous avons accueilli la COP, et d'ailleurs, nous serons président jusqu'à la fin de l'année, ainsi que nos contacts bilatéraux avec les pays africains montrent clairement notre agenda. Nous constatons une très bonne réaction à nos efforts dans de nombreux pays africains. Notre politique étrangère visant à renforcer les liens avec les pays africains est déjà fixée et approuvée par moi. En réalité, c'est moi qui l'ai initiée. À ce stade, nous devons être beaucoup plus actifs.
Revenant également sur ce dont nous avons déjà discuté concernant l'occupation et les relations avec l'Arménie, pendant toutes ces années d'occupation, notre priorité principale en matière de politique étrangère était la restauration de l'intégrité territoriale. Tous nos efforts avaient pour objectif ultime de restaurer la souveraineté et l'intégrité territoriale. C'est pourquoi de nombreuses autres questions importantes de notre potentiel agenda de politique étrangère ont été éclipsées, et cela est compréhensible, car c'était l'idée nationale du peuple azerbaïdjanais et de l'État azerbaïdjanais. Maintenant que cette question a été résolue, nous avons beaucoup plus de temps et de nombreuses opportunités pour établir des relations plus fortes avec les pays que nous considérons comme amis, ceux qui n'ont jamais fait quoi que ce soit de nuisible à l'Azerbaïdjan, contrairement à certains autres pays d'autres continents, et ceux qui apprécient l'amitié. Nous sommes prêts à travailler sur les questions que vous avez mentionnées, ainsi que sur d'autres questions. Nous sommes déjà dans la phase de fourniture de prêts à faible taux d'intérêt à certains pays d'Afrique pour traiter des problèmes importants. Nous sommes également en train d'élaborer notre portefeuille d'investissements pour certains pays africains avec lesquels nous avons des relations étroites. Cela ne sera pas seulement humanitaire, cela inclura aussi des affaires, des investissements, et bien sûr, des liens politiques.
Hikmet Hadjiyev : Antun Dujmovic, Croatie.
Antun Dujmovic : Merci, Monsieur le Président. C’est un honneur d’être ici. Je viens de Croatie. Nous avons eu une visite réussie en Croatie du ministre de l'Économie, M. Djabbarov. Nous sommes un pays ami qui soutient l'Azerbaïdjan parce que notre territoire a été soumis à l’occupation, et nous vous soutenons fermement maintenant, après l'opération réussie menée pour ne pas permettre que l'impunité soit appliquée, et pour poursuivre chaque criminel de guerre impliqué dans des lieux comme Gandja. Ma question concerne maintenant ma région. Actuellement, l'Albanie envisage d'investir des milliards dans l’approvisionnement en gaz, car elle a le TAP, mais le pays n'est pas approvisionné en gaz. La Croatie utilise actuellement des fonds européens pour étendre son système de pipelines de gaz. Pensez-vous que c’est une opportunité, en fait, de dire à Bruxelles qu'il est temps d'inclure ces projets d’approvisionnement en gaz dans le plan d'investissement pour les Balkans et d'avoir l'Azerbaïdjan comme pays partenaire, pas seulement comme une plateforme pour les combustibles fossiles et le gaz, mais aussi pour ouvrir des portes à l'énergie verte et à la coopération entre la région, et en particulier la Croatie, dans de nombreux domaines, y compris des projets de l'Azerbaïdjan pour la reconstruction, l'intelligence artificielle, etc. ? Merci, Monsieur le Président.
Le président Ilham Aliyev : Merci. Comme je viens de le mentionner, il y a cinq jours, nous avons tenu à Bakou la 11e réunion du Conseil consultatif du Corridor gazier méridional et la 3e réunion du Conseil consultatif sur l'énergie verte et c'était une initiative que nous avons lancée il y a de nombreuses années, sous les auspices de l'Azerbaïdjan et de la Commission européenne. Dans mon discours d’introduction à cette occasion, en plus de donner des informations sur ce que nous avons fait l'année dernière sur le marché européen du gaz, j'ai soulevé deux questions importantes qui doivent être abordées par les institutions financières européennes et la Commission européenne si elles veulent continuer à recevoir de grands volumes de gaz et augmenter l'approvisionnement en gaz en provenance d'Azerbaïdjan. La première question est la politique des institutions financières. Dans tous nos projets énergétiques, qu'il s'agisse de pétrole ou de gaz, en amont ou en aval, il y avait un ratio convenu entre le financement des entreprises et les fonds empruntés. Il s'agissait généralement de 70 % de fonds empruntés et de 30 % de fonds propres. Maintenant, l'Union européenne souhaite davantage de gaz en provenance d'Azerbaïdjan, et c'est pour cette raison que la présidente de la Commission européenne, Madame Ursula von der Leyen, a effectué une visite en Azerbaïdjan en juillet 2022, lorsque l'Union européenne était très préoccupée par les approvisionnements en gaz, et nous avons signé la Déclaration de partenariat stratégique dans le domaine de l'énergie. Depuis lors, sur demande de la Commission européenne, nous avons augmenté l'approvisionnement en gaz vers l'Europe, atteignant presque 60 %, passant de 8 milliards de m3 en 2021 à presque 13 milliards de m3 en 2024. Beaucoup plus de pays européens, la Croatie y comprise, sont devenus les acheteurs du gaz azerbaïdjanais. Aujourd'hui, nous avons plus de gaz à exporter des champs existants, où nous aurons une nouvelle phase de développement. Des champs qui produisent du gaz en phase initiale, et nous aurons plusieurs milliards de mètres cubes de gaz simplement parce que nous installerons des centrales d'énergie verte qui nous permettront d'économiser le gaz que nous utilisons actuellement pour produire de l'électricité. Ainsi, tout cela augmente globalement notre potentiel d'approvisionnement en gaz d'au moins 10 milliards de m3.
Je ne veux pas être plus précis. Mais quand je parle de minimum, j'essaie toujours d'être très conservateur dans mon évaluation. Cela signifie donc qu'il s'agit d'un très petit minimum. L'infrastructure de transport, le Corridor gazier méridional, est totalement saturée. Il n'y a plus de place. Elle doit être élargie. Encore une fois, comment ? Avec des fonds empruntés et des fonds propres. Mais ici, nous arrivons au point où la Banque européenne d'investissement (BEI) a complètement cessé de financer les projets liés aux combustibles fossiles. C'est une stratégie, et nous savons tous que la Banque européenne d'investissement est bien intégrée à la Commission européenne. La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), bien que n'ayant officiellement pas fermé la section des combustibles fossiles, la maintient à une part très marginale. Lors de ma communication avec le président de la BERD en janvier dernier à Davos, j'ai soulevé cette question. J'ai soulevé cette question lors de la visite du président allemand il y a quelques jours, car l'Allemagne, en tant que pays leader en Europe, dispose de nombreux instruments pour influencer la politique. J'ai soulevé cette question, comme je l'ai dit publiquement lors de mes commentaires sur le Conseil consultatif le 4 avril, et j'ai soulevé cette question avec le Commissaire européen à l'énergie lors de notre rencontre. Donc, c'est le premier point. Cet embargo sur le financement des combustibles fossiles doit être levé. Eh bien, ils n'ont qu'à regarder ce que fait le président Trump en matière de combustibles fossiles et ne pas être en retard.
Deuxièmement, un facteur important est celui des contrats à long terme. Lorsque l'Union européenne dit qu'en 2050, elle sera neutre en carbone, et qu'ensuite elle me demande d'investir de l'argent et de produire plus de gaz, où ce gaz va-t-il aller ? Si vous ne l'obtenez pas de notre part, pourquoi devrais-je investir ou pourquoi devrais-je considérer votre marché comme mon principal marché ? Oui, le marché de l'Union européenne est premium en termes de législation, de règles, de procédures et d'interconnexion, ainsi qu'en ce qui concerne le prix. Mais nous pouvons chercher d'autres marchés, la demande de gaz azerbaïdjanais dans notre voisinage, nous ne devons pas seulement regarder vers l'Ouest, nous pouvons regarder vers l'Est, vers le Sud. C’est important pour le développement futur de l'industrie gazière de l'Azerbaïdjan et pour la sécurité énergétique de l'Europe.
Nous connaissons les problèmes de la sécurité énergétique européenne. Malgré le fait qu'ils pensent maintenant être en sécurité, nous connaissons les besoins de l'industrie. Nous connaissons même les besoins en énergie verte, malgré les grands investissements dans l'énergie verte, l'Union européenne sera toujours en pénurie d'électricité, et c'est pour cette raison que nous travaillons actuellement sur le câble d'énergie verte sous la mer Noire, depuis l'Azerbaïdjan jusqu’à la Roumanie. Quatre gigawatts, d'ailleurs, et ce n'est que le début. Ainsi, la Commission européenne devrait enlever ses lunettes, regarder le monde d'un point de vue réaliste et apprécier des pays comme l'Azerbaïdjan, plutôt que d'essayer de diviser le Caucase entre leurs favoris et ceux qu'ils n'aiment pas. Ils devraient se comporter en bons partenaires. Nous sommes prêts pour cela.
En ce qui concerne la Croatie, nous avons commencé à fournir du gaz à la Croatie l'année dernière. À présent, notre approvisionnement en gaz couvre 12 pays, dont dix en Europe, et huit membres de l'UE. Vous avez également mentionné l’approvisionnement en gaz de l'Albanie. J'aimerais vous informer que le projet d’approvisionnement en gaz de la ville de Korça en Albanie sera financé par l'Azerbaïdjan. C'est déjà convenu. Le gouvernement albanais a sélectionné cette ville, et je pense que cette année, nous commencerons les investissements dans la fourniture de gaz. Nous avons de l'expérience dans ce domaine. Nous avons beaucoup investi dans l’approvisionnement en gaz de la Géorgie, où, à présent, je pense que le taux de l’approvisionnement en gaz est d'environ 80 %, probablement. Il était de 30 % lorsque nous avons commencé avec notre propre argent. Nous discutons maintenant du projet d’approvisionnement en gaz en Bulgarie. Oui, la Bulgarie est approvisionnée en gaz mais de manière limitée. Aujourd'hui, si je ne me trompe pas, environ 50 % de leur consommation de gaz provient de l'Azerbaïdjan, et nous sommes prêts à faire de même dans d'autres pays. Au fait, avec la Croatie, nos discussions ne se limitent pas à la livraison ou à l'approvisionnement en gaz, mais couvrent également d'autres questions liées à l'énergie. Merci pour cette question, elle m'a permis encore une fois de porter cette question importante à l'attention de nos partenaires en Europe.
Hikmet Hadjiyev : Omar Ashour, Qatar, Royaume-Uni.
Omar Ashour : Merci beaucoup, Monsieur le Président. C'est un plaisir et un honneur d'être ici. Merci de nous recevoir. Félicitations encore pour la libération des territoires et pour la reconstruction que nous avons vue hier. Je suis Omar Ashour de l'Institut de Doha au Qatar, et également de l'Université d'Exeter au Royaume-Uni. Ma question porte sur l'Ukraine. Quelle est la position de l'Azerbaïdjan vis-à-vis de la guerre russe en Ukraine ? À présent, cette guerre dure depuis presque 12 ans, et elle affecte à la fois l'environnement mondial et régional, y compris le Caucase, l'Europe, le Moyen-Orient et même la région indopacifique. En tant que président d'un pays ayant de grandes réalisations militaires et diplomatiques, comment envisagez-vous la fin de cette guerre ? Merci.
Le président Ilham Aliyev : Tout d'abord, concernant notre position sur la guerre entre la Russie et l'Ukraine, nous avons toujours soutenu, soutenons et continuerons de soutenir l'intégrité territoriale et la souveraineté de l'Ukraine. En tant que pays ayant souffert de l'occupation et de la dégradation de notre intégrité territoriale, nous comprenons pleinement cette situation. Si vous demandez à n'importe qui, il vous dira : « Nous voulons que la guerre s'arrête immédiatement. » Oui, nous le voulons aussi. Cependant, la question clé est comment, et si ce cessez-le-feu, ou le cessez-le-feu temporaire potentiel, sera durable. En tant que pays ayant connu deux guerres actives et une période entre les deux, je peux vous dire que le cessez-le-feu ne met jamais fin à la guerre. Jamais, et cela n'a pas arrêté dans notre cas. C'est juste un soulagement temporaire pour les pays, pour se regrouper, se mobiliser et recommencer. Deuxièmement, ce que signifie un cessez-le-feu ? C'est aussi important, car ces termes sont très importants pour ceux qui veulent aider à mettre fin à la guerre, afin qu'ils comprennent clairement de quoi nous parlons. Tout le monde dira, je veux que la guerre s'arrête. Oui, applaudissons. Et alors ? Que signifie cela ? Cela signifie-t-il qu'il n'y aura plus d'artillerie, plus de bombes aériennes, plus de guerre de snipers, plus de groupes de sabotage ? Que cela signifie-t-il ? La ligne de contact entre les troupes russes et ukrainiennes est bien plus longue que la nôtre. Oui, c'est différent aujourd'hui. Dans notre cas, la ligne de contact était très avantageuse pour l'Arménie, car elle bénéficiait d'un relief avantageux, ce qui les protégeait et les aidait à maintenir l'occupation. De plus, pendant la période de cessez-le-feu de 26 ans, ils ont construit cinq, parfois six, voire davantage de lignes d'ingénierie : tranchées, fils barbelés, champs de mines, etc. Ainsi, chaque semaine, nous avons des victimes des mines. Elles constituent près de 400 personnes, dont plus de 70 tuées et d'autres gravement blessées. Alors, lorsque les gens parlent de cessez-le-feu en Ukraine ou de paix en Ukraine, comprennent-ils à quel point il sera difficile de contrôler les troupes ? Quel est le niveau de discipline dans l'armée ukrainienne et dans l'armée russe ? Je ne sais pas. Peut-être que je sais, mais je ne veux pas commenter. Le niveau de discipline dans l'armée azerbaïdjanaise est bien connu. Nous nous sommes arrêtés aux abords de Khankendi sur un seul ordre du commandant suprême des armées. Alors, cette ligne de contact sera-t-elle sûre et sécurisée ? Ceux qui veulent jouer le rôle de médiateurs exigeront-ils des forces internationales de maintien de la paix le long de cette ligne de contact ? Ils nous l'ont demandé pendant toutes les années d'occupation, l'un des messages consolidés des États-Unis, de la Russie et de la France était d'amener des soi-disant forces de maintien de la paix sur la ligne de contact. Alors, qu'est-ce que cela signifiait ? Cela signifiait qu'ils voulaient que nous acceptions l'occupation. Si un soldat de maintien de la paix vient sur la ligne de contact, qui est occupée, cela signifie qu'il faut dire adieu à votre territoire. Aucun pays, du moins à ma compréhension, ne sera prêt à faire des compromis sur l'intégrité territoriale, et s'attendre à ce que l'Ukraine accepte de sacrifier son territoire internationalement reconnu en échange de la paix n'est ni juste ni réaliste. Je pense que ce n'est ni juste ni réaliste, car une chose est de dire de belles paroles — arrêtons la guerre — et une autre est d'aller un peu plus loin, et peut-être de demander à ceux qui ont récemment vécu la guerre quel type d'arrangements sont nécessaires pour créer une paix durable. Depuis mai 1994, lorsque nous avons eu un cessez-le-feu avec l'Arménie, la guerre n'a jamais cessé. Il y a eu différents affrontements. Il y a eu en avril 2016, lorsque nous avons montré aux Arméniens qu'ils devaient quitter les territoires. Nous ne voulions pas entrer dans une opération militaire à grande échelle, c'est pourquoi cela n'a duré que trois jours. Mais nous leur avons montré que nous pouvions libérer des territoires, et nous l'avons fait — des petits territoires, mais ils n'ont pas tiré la leçon. Et puis il y en a eu plusieurs autres. La guerre des snipers n'a jamais cessé pendant ces 26 années, et même maintenant, on peut voir que beaucoup de tirs à notre frontière proviennent de l'Arménie, et si nos forces tirent, c'est seulement en réponse. La discipline dans l'armée arménienne est très faible. Ils ont recruté des gens qui n'ont jamais servi, ou qui ont peut-être servi il y a 30 ans dans l'armée — des civils, des soi-disant groupes paramilitaires, des groupes d’anciens combattants, et des personnes qui ne servent pas dans l'armée régulière, en raison du manque de ressources humaines en Arménie. Toutes ces questions, bien sûr, sont un grand sujet, donc nous pourrions en parler pendant des heures, mais sans aborder cette question majeure, cela ne fonctionnera pas. Personnellement, étant un réaliste, je ne vois pas, dans un avenir prévisible, de perspective de paix entre l'Ukraine et la Russie. La Russie a déclaré les territoires occupés comme faisant partie de la Russie. Comment peuvent-ils revenir en arrière ? L'Ukraine considère, comme le monde entier, ces territoires occupés comme faisant partie de l'Ukraine, et l'Azerbaïdjan les considère également comme faisant partie de l'Ukraine. Comment peuvent-ils sacrifier cela et dire : « Non, ce n'est pas une partie de l'Ukraine » ? Eh bien, si cela se produit, cela signifie que je ne comprends rien à la politique internationale. Et malheureusement, malheureusement, les guerres se terminent lorsqu'il y a un acte de capitulation final. Comme notre ami l'a mentionné de Croatie, ils ont libéré leur territoire, sont arrivés à leur frontière, et se sont arrêtés. Et nous avons fait de même. Nous sommes arrivés à notre frontière et nous nous sommes arrêtés. C'est ainsi que les guerres se terminent, c'est le monde réel.
Hikmet Hadjiyev : L’ambassadeur Hulusi Kiliç, Türkiye.
Hulusi Kiliç : Merci beaucoup, M. Hadjiyev. Votre Excellence, Monsieur le Président, c'est un grand honneur d'être à cette conférence en votre présence distinguée. Je suis reconnaissant à Son Excellence l'Ambassadeur Pachaïev, ainsi qu'à son équipe estimée, de m'avoir invité à cette conférence très importante. L'Université ADA est une institution unique dans la région qui a organisé une conférence internationale significative sur le sujet actuel. Monsieur le Président, je suis fier de dire qu'avec la victoire historique dans la guerre et l'opération antiterroriste de 23 heures, vous avez écrit l'histoire pour deux générations. Elles se souviendront toujours de vous et de votre héritage. Vous avez restauré non seulement l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan, mais aussi la justice internationale. Avant de poser mes questions, je voudrais attirer l'attention des participants distingués sur vos deux récents grands succès historiques. Premièrement, votre remarquable réalisation en tant que président du Mouvement des non-alignés pendant quatre ans. Vous avez véritablement revitalisé ce mouvement durant votre présidence, dont les deux premières années ont coïncidé avec la pandémie mondiale. Nous n'oublierons jamais la donation de vaccins de l'Azerbaïdjan à de nombreux pays africains et l'importance que vous avez accordée aux femmes et à la jeunesse durant votre mandat, comme vous l'avez dit. Deuxièmement, votre succès dans l'organisation de la COP29. En seulement huit mois de préparatifs, vous avez réalisé un miracle – l'organisation de la COP29 a été excellente. Malgré les appels au boycott de certains dirigeants européens, comme le président Macron, près de 80 000 invités et 70 chefs d'État et de gouvernement ont assisté à l'événement. J'ai été très fier d'être témoin de ce simple succès. Je tiens à vous adresser mes plus sincères félicitations. Votre Excellence, nous savons très bien que vous accordez une grande importance à l'Organisation des États turciques, et cette année, l'Azerbaïdjan accueillera le prochain sommet. Le mois prochain, le sommet informel se tiendra à Budapest. Votre Excellence, pourriez-vous nous parler de votre évaluation de l'Organisation des États turciques ? Merci beaucoup.
Le président Ilham Aliyev : Merci, Monsieur l'Ambassadeur, pour vos paroles agréables à propos de notre pays. Vous êtes un grand ami de l'Azerbaïdjan. Pendant votre activité ici en tant qu'ambassadeur, et après, vous avez toujours affiché une attitude fraternelle envers notre pays, notre peuple. Je suis votre activité et je suis très heureux que vous soyez avec nous. L'Azerbaïdjan est un pays qui a toujours joué un rôle très actif dans la coopération entre les pays du monde turcique. Nous avons initié le premier sommet informel l'été dernier à Choucha, car j'ai dit à mes homologues qu'il n'était pas suffisant de se rencontrer une fois par an. Organisons deux sessions par an. Cette initiative a été soutenue, et la tradition existe déjà. Les dates ne sont pas encore fixées, mais probablement le mois prochain, nous aurons un deuxième sommet informel, puis un sommet officiel en Azerbaïdjan. Les relations entre les pays du monde turcique sont extrêmement importantes pour nous. Pour nous, elles font partie des principales priorités de notre politique étrangère. Ce sont l'histoire, les racines ethniques, les similitudes linguistiques, la culture et les traditions qui nous unissent, et nous souhaitons voir l'organisation plus consolidée et plus axée sur les résultats. À cette fin, l'Azerbaïdjan fait tout son possible. En ce qui concerne l'interaction entre les États membres, je pense que nous avons une très bonne atmosphère. Je suis de près tout cela sur le plan bilatéral entre les États membres et je constate que nous n'avons aucun point de désaccord sur les plans bilatérale et multilatérale. Mais en même temps, je pense que les efforts que nous déployons tous ne sont pas suffisants dans le monde en rapide évolution d'aujourd'hui. Comme le suggère le thème de votre forum, nous ne devons pas être trop tard et ne devons pas manquer cette opportunité de transformer notre organisation en un acteur mondial important. Il existe un grand potentiel pour cela. Une vaste géographie, des ressources humaines, des ressources naturelles, des routes de transport, et cette organisation repose sur des racines ethniques.
Nous savons que de nombreuses organisations ne veulent pas être comparées à d'autres, mais l'unicité de l'Organisation des États turciques réside dans le fait qu'elle est fondée sur l'ethnie, les racines communes, les traditions et les valeurs communes, et nous partageons ces valeurs. Encore une fois, il est difficile de ne pas faire de comparaison. Mais excusez-moi, je vais le faire. Si l'on regarde l'Union européenne, nous avons des pays qui poursuivent des valeurs absolument différentes. Des pays, dont les peuples sont totalement différents les uns des autres. Si l'on prend le Sud et le Nord, si l'on observe les développements politiques dans certains pays, ils sont totalement différents des autres. Nous voyons beaucoup de désaccords maintenant au sein de l'Union européenne concernant les valeurs, la culture, les traditions, les migrants, les tarifs, etc. Avons-nous quelque chose de semblable dans l'organisation turcique ? Non, nous n'avons pas cela, c’est ce qui nous rend uniques. Alors, qu'est-ce qui nous manque ? C'est notre action internationale consolidée. Cela n'est pas suffisant, et nous voulons être plus présents, plus actifs et avoir notre mot à dire dans les affaires mondiales. En tenant compte de la géographie, de la population, et si l'on y ajoute la capacité militaire, il est bien connu que l'armée turque est la plus forte d'Europe. La capacité militaire de l'Azerbaïdjan a également été démontrée. Donc, si l'on ajoute cela, nous pouvons vraiment devenir un centre d'activité internationale à l'échelle mondiale, surtout quand nous voyons certaines organisations confrontées à des disputes internes, à la méfiance et au manque de confiance mutuelle. J'ai mentionné l'Union européenne. Je peux aussi mentionner l'OTAN. Nous savons tous ce que certains pays membres de l'OTAN pensent maintenant de l'article 5. Eh bien, que ce soit pris en compte ou non, il existe une certaine méfiance au sein de l'OTAN, qui est considérée comme l'une des organisations internationales les plus fortes au niveau mondial. Nous devons être plus actifs. Nous devons, peut-être que ce n'est pas le mot juste, combler le fossé, mais nous devons devenir le centre du processus décisionnel dans une vaste zone de l'Eurasie, du moins.
Hikmet Hadjiyev : Victor Kipiani, Géorgie.
Victor Kipiani : Monsieur le Président Aliyev, merci pour nous réserver du temps. Merci d'être toujours aussi franc et ouvert d'esprit en répondant à nos questions, ce que j'apprécie et respecte personnellement beaucoup. Il peut y avoir un certain chevauchement entre les différentes questions, ce qui est tout à fait compréhensible. Nous avons abordé la région du Caucase du Sud, qui est notre habitat géopolitique et géoéconomique. Cependant, si nous pouvions nous recentrer sur cette région, étant donné que le concept de la région prend de l'ampleur et un nouveau dynamisme en cette période de volatilité, notamment en termes de redéfinition des chaînes d'approvisionnement mondiales, etc., comment la région pourrait-elle mettre en avant son identité géopolitique et géoéconomique et se rendre plus compétitive ? Pourriez-vous développer un peu plus sur ce sujet ? Et aussi, en tant que représentant de la Géorgie, je pose la question dans le cadre de nos relations bilatérales, quelque chose que nous apprécions énormément, en tant qu'héritage des deux grands leaders posés au début des années 1990. Par conséquent, ma question à vous, en tant que leader visionnaire de la région, est la suivante : comment voyez-vous les perspectives de ces relations bilatérales ? Je suis convaincu que nous avons les portes ouvertes pour les succès futurs de chacun. Merci beaucoup.
Le président Ilham Aliyev : Merci. Les relations avec la Géorgie sont certainement d'une importance stratégique pour nous. Et en raison des liens historiques entre nos peuples, de notre passé commun d'absence de liberté et d'indépendance, ainsi que de la période d'indépendance, où, dès le début, la Géorgie et l'Azerbaïdjan ont fait preuve d’un très haut niveau de compréhension mutuelle, de partenariat, d'amitié, et ont en fait réussi à transformer la région du Caucase du Sud en une région stratégiquement importante. Cela a été fait par nous, uniquement par la Géorgie et l'Azerbaïdjan. Situés entre deux mers, la mer Caspienne et la mer Noire, nous sommes la porte d'entrée pour que nous puissions nous connecter avec différentes régions et continents. Donc, les perspectives seront aussi brillantes que notre présent, j'en suis sûr.
Parmi les dernières évolutions, qui témoignent de l'étroite coopération et de l'amitié entre les deux pays, je citerais la visite du Premier ministre géorgien, la première après les élections, qui a généralement une signification très symbolique. Ainsi, la première visite a été en Azerbaïdjan. De plus, nous attendons bientôt la première visite post-électorale du président de la Géorgie, également en Azerbaïdjan. Ces deux faits constituent un indicateur clair de nos relations, de notre engagement mutuel et de notre amitié. Bien sûr, nous pourrions parler longtemps des projets qui nous unissent. Ils sont bien connus. C'est pourquoi je ne veux pas prendre trop de votre temps, mais ces projets sont importants, non seulement pour nous, nos peuples et nos pays, mais aussi pour une grande géographie, surtout maintenant, lorsque nous ajoutons à cela l'agenda vert, dont nous avons brièvement parlé. C'est un corridor vert pour l'Azerbaïdjan et la Géorgie, un corridor de transport, le Couloir médian. Il ne peut pas être évité.
Franchement, j'ai été surpris lorsque j'ai été informé des commentaires de la présidente de la Commission européenne, Madame Ursula Von Der Leyen, qu'elle a faits en Ouzbékistan, lors du sommet des dirigeants d'Asie centrale avec la direction de la Commission européenne, lorsqu'elle a parlé de l'ouverture des frontières entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie, et l'Arménie et la Türkiye, afin de faciliter le Couloir médian, tel qu'ils l'appellent en Europe, le Global Gateway. C'était très étrange, car ce corridor existe déjà, et l'Arménie n'y joue aucun rôle. Nous pouvons comprendre les sentiments des bureaucrates européens envers l'Arménie, mais on ne peut pas ignorer la carte. Et nous, en Géorgie et en Azerbaïdjan, avons fourni toutes ces infrastructures qui aident aujourd'hui les Européens à communiquer avec l'Asie centrale — les ports maritimes géorgiens, le chemin de fer Bakou-Tbilissi-Kars, le port maritime azerbaïdjanais à Alat, la navigation sur la mer Caspienne, qui joue un rôle clé dans les transports. Tout cela est ignoré — combien d'argent a été investi ? Tout cela est ignoré. Ils veulent juste ouvrir la frontière entre la Türkiye et l'Arménie, ouvrir la frontière entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Qu'est-ce que l'Europe a à voir avec cela ? Ce n'est pas de leurs affaires. Les relations entre la Türkiye et l'Arménie, et entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie — plus l'Union européenne se tient à l'écart de ces questions, mieux ce sera pour tout le monde.
Mais il n'y a pas eu un seul mot sur la Géorgie. Comme si la Géorgie n'existait pas. C'est injuste, et l'attitude de la Commission européenne envers les processus internes de la Géorgie est absolument inacceptable. C'est un comportement colonialiste. Ils essaient de regarder la volonté du peuple géorgien à travers les principes d'un passé colonial. C'est absolument inacceptable, et le peuple géorgien sait que nous sommes avec eux, et le gouvernement géorgien le sait. Les problèmes internes de la Géorgie doivent être résolus par le peuple géorgien, pas par des bureaucrates de Bruxelles. Donc, en ce qui concerne tout cela, nous devons renforcer notre partenariat entre la Géorgie et l'Azerbaïdjan.
Comme nous l'avons déjà évoqué lors des précédentes questions, nous devons examiner les opportunités dans le Caucase du Sud pour établir des liens sans aucun facilitateur. Nous en avons assez de ces facilitateurs. Nous en avons eu pendant 28 ans — le tristement célèbre Groupe de Minsk de l'OSCE, dont le seul objectif était de consolider l'occupation et de rattacher le Karabagh à l’Arménie. Et maintenant, quand nous entendons parler de quelqu'un qui veut faciliter, nous sommes un peu préoccupés. Alors, laissons-nous faire cela nous-mêmes. Nous vivons ici, dans la région. Nous, en tant qu'Azerbaïdjan, voulons avoir de bonnes relations avec les institutions européennes, principalement la Commission européenne, mais pas au détriment de nos intérêts, pas en faveur de leur ingérence constante dans nos affaires intérieures, du financement de divers segments de notre société, du lavage de cerveau de notre jeunesse, de l’empoisonnement des esprits des gens vivant dans notre région. Tout cela, nous n’en avons pas besoin. Donc, c'est ainsi que nous voulons voir le Caucase du Sud. Les pays leaders du Caucase du Sud, l'Azerbaïdjan et la Géorgie, bien sûr, devraient porter le principal fardeau de la coopération. Mais bien sûr, l'Arménie, si et quand elle accepte de modifier sa constitution concernant ses revendications territoriales contre l'Azerbaïdjan, pourra rejoindre le processus, et nous pourrons envisager une situation future prévisible à long terme dans notre région.
Hikmet Hadjiyev : Rick Fawn, Royaume-Uni.
Rick Fawn : Monsieur le Président, merci encore pour cette formidable opportunité. Je suis Rick Fawn du Royaume-Uni. Si vous me le permettez, j'aimerais aussi profiter de cette occasion pour dire que l'ambassade à Londres mène un excellent travail de communication, et c'est un privilège et un plaisir de travailler avec eux. Monsieur le Président, pourriez-vous nous donner une mise à jour sur les perspectives des relations avec l'Iran, en particulier à la lumière de certaines réunions de haut niveau et des perspectives avec le nouveau président iranien, qui a des origines azerbaïdjanaises ? Merci beaucoup.
Le président Ilham Aliyev : Nous attendons la visite du président Pezechkian en Azerbaïdjan ce mois-ci. Nous considérons cette visite comme très importante pour le développement futur des relations bilatérales et le développement régional. Plusieurs visites de hauts responsables des deux pays ont eu lieu ces derniers mois. Nous avons été très encouragés par le processus électoral en Iran, qui a conduit à la victoire du président, et par les messages que nous recevons de l'Iran. Ainsi, nous souhaitons entretenir de bonnes relations avec tous nos voisins, l'Iran y compris.
Il existe une partie importante de l'agenda économique et de transport, car nous avons parlé du Couloir médian. En même temps, l'Azerbaïdjan fait partie d'un autre corridor important, le corridor Nord-Sud. Il suffit de regarder la carte pour voir qu'il sera très difficile de se passer de l'Azerbaïdjan lors de la construction de ces lignes de connectivité. Et sur le territoire azerbaïdjanais, tout le travail lié aux infrastructures routières et ferroviaires a été réalisé. Nous sommes maintenant en train de moderniser notre réseau ferroviaire en tenant compte des volumes de marchandises attendus. Il existe déjà, mais nous devons en augmenter la capacité pour pouvoir recevoir toutes les marchandises du Sud au Nord et vice-versa.
De nombreuses questions liées à l'infrastructure énergétique et aux lignes électriques ont été résolues. Nous exportons de l'électricité vers l'Iran. De plus, nous travaillons sur des questions liées à la coopération multilatérale dans la région. Oui, nous ne pouvons pas oublier les événements tragiques qui se sont malheureusement produits, comme l'attaque terroriste contre notre ambassade, mais cela s'est produit avant l'arrivée au pouvoir du président Pezechkian, et nous sommes absolument certains qu'il s'agissait d'un acte de terrorisme organisé contre l'Azerbaïdjan, et toutes les narrations selon lesquelles cela aurait des raisons personnelles sont totalement infondées. Pendant 40 minutes, le terroriste a essayé et a en fait réussi à pénétrer dans le bâtiment, et ensuite, lorsqu'il a été repoussé par un agent de sécurité armé, il avait déjà réussi à tuer une personne et à en blesser deux autres gravement. Et pendant 40 minutes, il n'y avait pas de police aux alentours, en plein centre-ville. Pouvez-vous imaginer cela ? Il est impossible de l'imaginer. Et le terroriste était armé d'un Kalachnikov, d'un marteau, d'un cocktail Molotov. Tout cela a été filmé par nos caméras à l'intérieur et à l'extérieur.
Et l'officier de police, qui était censé défendre l'ambassade, a fui. Bon, peut-être qu'il avait peur. Mais pourquoi n'a-t-il pas informé le commissariat, qui est juste à côté, qu'il y avait une attaque terroriste contre l'ambassade ? Et j'ai demandé à nos visiteurs iraniens : si vous étiez à ma place, qu’en penseriez-vous ? C'était très regrettable, et vous savez que nous avons évacué complètement notre personnel diplomatique de l'ambassade. Ensuite, j'ai reçu la promesse du défunt ministre des Affaires étrangères d'Iran. C'était déjà il y a longtemps, plus d'un an, que l'auteur de l'attaque serait traduit en justice et qu'il recevrait la peine la plus sévère possible. Mais cela n'a pas eu lieu jusqu'à maintenant. Plus de deux ans se sont écoulés, et immédiatement après que l'attentat a été commis, le terroriste est apparu dans les médias, donnant des interviews. Avez-vous déjà vu quelque chose de semblable, qu'une personne ayant tué quelqu'un dans l'ambassade d'un autre État donne une interview immédiatement après ? Et le même jour, on a annoncé qu'il souffrait d’une maladie mentale. Mais vous savez, nous savons tous que la procédure d'expertise médicale prend du temps, car parfois les criminels ou les auteurs d'actes criminels prétendent avoir une maladie mentale. Pour définir s'ils sont fous ou non, s’ils souffrent ou non d’une maladie mentale, il faut du temps. Il faut une commission médicale. Et il a été officiellement annoncé qu'il avait une maladie mentale. Et maintenant, plus de deux ans se sont écoulés, et la peine n'a pas été exécutée. Bien que nous sachions que, dans des cas moins graves, l'exécution des décisions en Iran prend peut-être quelques mois, mais dans notre cas, cela fait plus de deux ans. Alors, pouvons-nous l'oublier ? Non, non. Cela assombrit les relations, et notre espoir est que le nouveau gouvernement tiendra la promesse du gouvernement précédent — pas seulement celui qui a commis cet acte terroriste, mais aussi ceux qui étaient derrière lui et ceux qui l'ont envoyé attaquer l'ambassade d’Azerbaïdjan, devront être punis. Donc, après avoir dit tout cela, nous avons également des relations de travail avec la nouvelle administration. Nous nous attendons à ce qu'ils abordent cette question. Nous comprenons la complexité du système politique, nous comprenons les limitations du pouvoir exécutif. Nous savons tout cela. Mais néanmoins, pour normaliser complètement les relations entre les deux pays, cet acte terroriste, ceux qui l'ont perpétré et ceux qui étaient derrière les terroristes, doivent être traduits en justice et punis.
Hikmet Hadjiyev : Talat Shabbir, Pakistan.
Talat Shabbir : Merci, Monsieur le Président. Je représente l'Institut d’études stratégiques d’Islamabad, au Pakistan. Je vous remercie beaucoup pour l'opportunité d'être pour la première fois en Azerbaïdjan. C'était merveilleux d'être aussi au Karabagh hier. Ma question porte sur le rôle de la Chine dans le Sud global. Nous savons que les initiatives de la Chine, comme l'Initiative « Une ceinture, une route », favorisent le développement mutuel. Malgré les défis liés à la durabilité à long terme dans le monde en développement, l'influence diplomatique, économique et politique de la Chine croît en Afrique, en Amérique latine et en Asie. La Chine offre également un modèle alternatif aux institutions dirigées par l'Occident, telles que le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. Comment l'engagement de la Chine, avec le Sud global, redéfinit-il l'ordre mondial traditionnel dominé par l'Occident ? Merci.
Le président Ilham Aliyev : Eh bien, en ce qui concerne la partie financière de votre question, je tiens à dire qu'en Azerbaïdjan, nous avons, pendant de nombreuses années, presque complètement réduit notre dépendance vis-à-vis des institutions financières internationales. Nous avons arrêté de coopérer avec le Fonds monétaire international peu après ma première élection à la présidence. Avec d'autres institutions financières, nous avons soit complètement vidé notre portefeuille, soit étions très proches de cela. Notre dette extérieure directe est de plus de 5 milliards de dollars américains seulement. C'est donc moins de 7 % de notre PIB, ce qui est un indicateur que nous ne sommes pas dans le besoin de financement. Au contraire, nous avons été approchés par des institutions financières avec des offres de prêts, et nous travaillons maintenant avec elles car nous ne voulons pas complètement vider notre portefeuille. Parmi nos principaux partenaires, en ce qui concerne les institutions financières, nous avons également la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures, qui a été créée à l'initiative de la Chine. Donc, sous cet angle, il est difficile de commenter, car en réalité, cela ne figure pas dans mon agenda, puisque cela est déjà fait.
Sur le plan politique et au niveau des transports, oui, nous observons de nombreux développements positifs. Parmi ceux-ci, je citerais la Déclaration de partenariat stratégique entre la Chine et l'Azerbaïdjan, qui a été adoptée l'année dernière à la suite de ma rencontre avec le président Xi Jinping. C'est un jalon très important dans nos relations bilatérales, car avoir un format de partenariat stratégique avec un grand pays comme la Chine est bien sûr d'une importance capitale pour nous. Nous travaillons activement maintenant avec des entreprises chinoises. Nous les avons invitées à être nos partenaires stratégiques dans différents domaines, y compris l'énergie verte. Je peux dire que leurs entreprises ont été sélectionnées comme nos partenaires dans la fabrication de véhicules de transport public écologiques. La première production est attendue cette année, et elles sont également fournisseurs de panneaux solaires, qui sont installés en Azerbaïdjan avec les investissements d'autres pays. Nous sommes aussi en phase de négociations avec certaines entreprises chinoises concernant des investissements directs dans l'énergie verte.
Nous entamons un dialogue sur la coopération dans l'industrie de la défense, et nous pensons que cela pourrait être un processus très prometteur, car, comme nous l'avons déjà discuté, l'Azerbaïdjan continue de moderniser ses forces armées. Bien sûr, pour nous, il sera également intéressant de diversifier la géographie des approvisionnements et d'engager des fabrications conjointes. Et définitivement, le Couloir médian, l'Initiative « Une ceinture, une route » du président Xi Jinping, que l’on veut appeler, comme je l'ai dit, le « Global Gateway » en Europe. Franchement, je ne sais pas ce que cela signifie, mais « Une ceinture, une route » est un projet que nous avons soutenu dès le début – pas seulement soutenu publiquement, mais également investi dedans. Nous avons construit le plus grand port au bord de la mer Caspienne. Nous fabriquons maintenant six navires dans notre chantier naval. Notre chantier naval est désormais complètement saturé de commandes. Nous avons modernisé notre chemin de fer et avons même investi des fonds supplémentaires pour augmenter la capacité du chemin de fer Bakou-Tbilissi-Kars sur le territoire géorgien. Sa capacité est désormais de 5 millions de tonnes. Nous pensons qu'une partie des cargaisons en provenance de Chine passera également par Zenguézour, via Zenguilan.
Au fait, pour revenir à la question précédente, l'un des sujets que nous discutons avec la partie iranienne est de construire un itinéraire de contournement – en contournant l'Arménie – et de connecter le Nakhtchivan au reste de l'Azerbaïdjan via le territoire iranien. Le contournement routier est en cours. Nous construisons le pont. Et le contournement ferroviaire est quelque chose sur lequel l'Iran et l'Azerbaïdjan doivent s'entendre, car l'Arménie bloque notre accès au Nakhtchivan. Nous ne pouvons pas rester assis et attendre. Ainsi, nous avons convenu que nous construirons un contournement, et l'Arménie continuera à être un point de blocage dans la région. Donc, le transport, sans aucun doute, et le Couloir médian seront l'un des facteurs les plus importants de notre agenda bilatéral d'un point de vue pratique. Bien sûr, l'Azerbaïdjan est également un pays actif du Sud global, et la Chine joue un rôle très important dans le Sud global. La Chine est aussi membre du Mouvement des non-alignés, que nous avons présidé pendant quatre ans. C'est donc une relation très diversifiée - très forte et avec un grand potentiel pour l'avenir.
Hikmet Hadjiyev : Monsieur le Président, cela fait presque deux heures que nous sommes en discussion, et étant donné votre emploi du temps chargé, et le fait que nous avons également un nombre assez substantiel de questions, avec votre permission, à ce stade - bien qu'il nous reste environ huit ou neuf questions - je peux essayer de combiner les questions.
Le président Ilham Aliyev : Si le public n'est pas fatigué, nous pouvons continuer.
Hikmet Hadjiyev : La prochaine question vient de Jordi Xucla, Espagne.
Jordi Xucla : Merci beaucoup. Merci, Monsieur le Président, pour cette opportunité. Un court commentaire et une question. Actuellement, je suis professeur de relations internationales, mais dans l'une de mes fonctions précédentes, en tant que membre du Parlement espagnol et en tant que membre de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, j'ai passé des années à essayer de trouver une solution pour le Karabagh conformément au droit international. Une conclusion de cela est un échec, un échec absolu des organisations internationales à aider à parvenir à des solutions. Donc, félicitations pour les compromis bilatéraux réalisés sans l'ingérence des organisations internationales.
Et voilà ma question, Monsieur le Président : Un nouvel ordre mondial est en train de se mettre en place, mais certains schémas politiques demeurent comme de bons outils pour les relations internationales. Un exemple de cela est la pensée stratégique dans le cadre du Mouvement des non-alignés, que vous partagez depuis 2014. Quel est le rôle de l'Azerbaïdjan en tant que puissance intermédiaire dans ce nouvel ordre mondial, à la lumière de l'expérience de la présidence du Mouvement des non-alignés ? Merci beaucoup.
Le président Ilham Aliyev : Nous avons abordé notre présidence avec une grande responsabilité. Nous étions un membre relativement nouveau du Mouvement des non-alignés. Lorsque nous avons été choisis comme pays président, il y avait moins de 10 ans depuis notre adhésion. Cela signifie que notre décision stratégique de rejoindre cette organisation était absolument opportune et correcte. Et au cours de ces années, comme je l'ai dit, nous avons beaucoup travaillé pour essayer de transformer cette organisation. Nous comprenons que c'est un processus long, mais certaines plateformes institutionnelles ont été créées, nous en avons déjà parlé. De plus, pour nous, cela a été une opportunité de nous démontrer. D'une part, malheureusement, le COVID est survenu, mais d'autre part, cela nous a également donné l'opportunité de démontrer que nous ne faisons pas que parler, mais que nous agissons, et nous avons agi de manière très responsable, en aidant les pays qui ont beaucoup souffert. Nous avons fourni 10 millions de dollars américains en aide directe, et 10 millions de dollars américains par l’intermédiaire de l'Organisation mondiale de la santé. Et, au passage, la base de données pour le COVID, que nous avons élaborée pendant cette période, a été prise comme plateforme par l'Organisation mondiale de la santé. Il s’agissait donc d’un soutien et d’un processus de solidarité très diversifiés. Un autre héritage de la présidence azerbaïdjanaise est que nous avons initié la création d'une Troïka pour maintenir la synergie, ce qui a été soutenu. Ainsi, bien que nous ne soyons plus en position de présider, nous faisons partie de la Troïka, ce qui nous donne certains instruments pour faire avancer l'organisation, et nous continuerons à travailler dans ce sens.
Vous avez mentionné le Conseil de l'Europe, et en fait, l'incapacité des organisations internationales à faciliter le règlement du conflit avec l'Arménie. Oui, je me souviens de l'époque où nous avons rejoint cette institution. À ce moment-là, j'étais membre du parlement, et nous avions de grandes attentes, espérant que rejoindre le Conseil de l'Europe nous aiderait à placer cette question à l'agenda international, à obtenir le soutien des institutions européennes. Car il était évident qui était la victime et qui était l'agresseur.
Mais malheureusement, cela ne s'est pas produit. Après que nous avons rejoint le Conseil de l'Europe en 2001, et d'ailleurs j'étais le premier chef de la délégation d'Azerbaïdjan là-bas, nous avons commencé à constater que, malheureusement, notre position juste n'était pas soutenue. Nous avons vu beaucoup de lobbyistes pro-arméniens là-bas. Et je me souviens même de ceux que nous appelions, entre nous, « haïsseurs de l'Azerbaïdjan », et il y en a encore beaucoup, même maintenant.
Ainsi, nos attentes ne se sont pas réalisées, nous n'avons même pas pu engager sérieusement l'Assemblée parlementaire pour traiter cette question. Le maximum que nous avons atteint, je pense, si je ne me trompe pas, c'était en 2005 une résolution qui reflétait le conflit et l'occupation. Cela en raison de deux faits : premièrement, l'Assemblée parlementaire était principalement anti-Azerbaïdjan ; et deuxièmement, le Groupe de Minsk de l'OSCE bloquait toute organisation de traiter cette question.
Je sais que les coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE ont même visité Strasbourg pour transmettre un message consolidé des États-Unis, de la France et de la Russie au Conseil de l'Europe : « Éloignez-vous de ce processus ; c'est notre monopole. Ne vous en mêlez pas. » Voilà comment cela s'est passé. Ainsi, nos attentes quant à l'utilisation de cette plateforme pour traiter cette question ne se sont pas réalisées. De plus, l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a décidé de punir l'Azerbaïdjan pour la restauration de notre souveraineté. En septembre 2023, les séparatistes ont été totalement éradiqués au Karabagh. En janvier 2024, ils ont décidé de priver notre délégation de ses droits de vote simplement à cause de cela. Oui, ils veulent l'enrober dans une question de droits de l'homme, mais ce n'est pas vrai.
Comme je l'ai dit, nous faisons partie de cette institution depuis 2001, et jamais auparavant la crédibilité ou les qualifications de la délégation de l'Azerbaïdjan n'avaient été remises en question. Ainsi, c'est précisément parce que nous avons restauré notre souveraineté et notre intégrité territoriale qu'ils ont décidé, plusieurs mois plus tard, de nous priver de nos droits de vote. Et nous avons décidé que, dans ces circonstances, nous rentrerions simplement chez nous. Depuis ce moment-là, nous n'avons plus participé à leurs sessions.
D'ailleurs, en tenant compte du fait que nous n'avons pas participé à l'élection des juges pour la Cour européenne des droits de l'homme, toutes les décisions de la Cour européenne sont, pour nous, invalides. C'est une position que nous avons élaborée, et je profite de cette occasion pour annoncer qu'aucune des décisions de la Cour européenne n'est valide pour nous, car nous avons été privés de nos droits de vote. Nous n'avons pas voté pour ces juges. Nous ne savons pas qui sont ces juges. Ainsi, je pense que le Conseil de l'Europe s'est tiré une balle dans le pied. Ils voulaient discriminer l'Azerbaïdjan, nous isoler, mais en réalité, ils se sont eux-mêmes retrouvés isolés du Caucase. Et regardez, récemment, les Géorgiens ont fait de même. Je soutiens pleinement la décision du gouvernement géorgien de mettre fin à leur présence là-bas, car, encore une fois, c'était de la discrimination.
Malheureusement, cette pensée coloniale parmi certains politiciens européens, en particulier ceux qui n'ont pas pu ou n'ont pas réussi à être élus au Parlement européen et ont trouvé leur place dans l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, est contre-productive. J'ai dit à l'époque : quelqu'un en Azerbaïdjan a-t-il remarqué que nous n'y sommes plus ? Non. Nous pouvons vivre ainsi.
D'ailleurs, le Secrétaire général du Conseil de l'Europe est venu à Bakou en novembre dernier pour assister à la COP29 et m'a demandé de ne pas nous retirer complètement de l'organisation. J'ai répondu : « D'accord, si vous le demandez, nous resterons. » Mais que nous restions ou partions, rien ne change ici.
Le monde a changé depuis que nous avons rejoint cette institution, et l'Europe a changé de manière dramatique. Nos aspirations à l'égard de l'Union européenne ont changé de manière considérable, et le sujet de votre discussion a également évolué.
Après l'arrivée au pouvoir du président Trump, ce changement est devenu total, et se comporter comme si rien ne s'était passé et continuer de penser que certaines résolutions au Conseil de l'Europe ou au Parlement européen ont une quelconque importance pour nous est très naïf. Notre attitude envers ces institutions correspond parfaitement à cette inadéquation. Nous, en tant qu'Azerbaïdjan, nous nous sentons très à l'aise dans notre région.
Nous avons déjà abordé cette question, que ce soit pour le Caucase du Sud, une plus grande région de l'Asie centrale ou le Moyen-Orient. Nous avons une économie très confortable et autosuffisante, un système politique stable, une pleine consolidation de la société autour d'une idée nationale, et bien sûr, la victoire dans la Seconde Guerre du Karabagh a encore renforcé cette solidarité. Les bureaucrates à Bruxelles et à Strasbourg vivent simplement sur leur propre planète. Ils pensent que tout le monde autour d'eux essaie de se rapprocher.
Non, ce temps est révolu depuis de nombreuses années, du moins pour l'Azerbaïdjan. Partenariat ? Oui. Amitié ? Oui aussi, si vous ne vous ingérez pas dans nos affaires et si vous ne souhaitez pas imposer vos soi-disant valeurs à notre société. Oui, mais rien de plus.
Donc encore une fois, merci beaucoup d'avoir soulevé cette question. Vous m'avez donné l'opportunité de dévoiler un peu notre manière d'aborder la situation et comment nous essayons de trouver notre place dans ce monde en changement.
Hikmet Hadjiyev : Anatoly Boyashov, Bélarus.
Anatoly Boyashov : Merci, Monsieur le Président. C'est un honneur et un plaisir d'être ici. Je représente l'Institut biélorusse d’études stratégiques, créé par le président Loukachenko en 2019. Notre principale fonction est de fournir à notre président des informations analytiques. Il a été difficile de choisir une seule question, compte tenu du renforcement de notre coopération bilatérale. Néanmoins, nous observons que les technologies d'ingérence électorale sont devenues plus sophistiquées récemment, et malgré cela, l'Azerbaïdjan a organisé des élections présidentielles avec un degré élevé de stabilité et de résilience politique. Ma question est la suivante : quelle est la formule de la souveraineté électorale azerbaïdjanaise ? Et si je puis me permettre, observez-vous un changement dans les technologies d'ingérence électorale ?
Le président Ilham Aliyev : Eh bien, l'ingérence dans nos élections au cours des années précédentes ne se faisait pas par des processus technologiques, mais par des instruments très simples. D'abord, l'argent canalisé par les soi-disant ONG occidentales vers l'Azerbaïdjan, ensuite, la propagande anti-azerbaïdjanaise dans les médias occidentaux — ceux que le Président Trump appelle des fausses nouvelles, comme The Washington Post, The New York Times, et bien sûr, les médias français pro-gouvernementaux, également des médias de fausses nouvelles comme Le Figaro ou Le Monde. Ainsi, ils ont créé une sorte d'atmosphère selon laquelle l'Azerbaïdjan est une dictature, que l'Azerbaïdjan n'a pas d'expérience démocratique, que les droits de l'homme y sont brutalement violés, que l'opposition est composée d'anges et que le gouvernement est le diable. C'était donc très simple. À l'époque, nous étions un peu naïfs et ne pouvions même pas imaginer que ceux qui nous souriaient en face voulaient nous poignarder dans le dos. En réalité, nous ne contrôlions pas entièrement les flux financiers de ces fonds, et c'est la raison pour laquelle des institutions aussi notoires que le National Democratic Institute (NDI) tramaient en fait un coup d'État ici. Cela a été détecté. Nous avons tracé plus d'un million de dollars américains provenant d'un compte bancaire, qui ont été retirés en espèces, et nous avons ensuite trouvé une partie de cet argent dans des appartements loués par des militants pro-opposition, avec des cocktails Molotov et des instructions sur la façon d'attaquer des bâtiments gouvernementaux, sur la façon d'attaquer des policiers. Nous avons donc vécu tout cela. Les tentatives de Révolution orange ici en 2005, inspirées par le Département d'État américain, nous nous en souvenons tous, et nous n'oublions jamais. C'était donc très simple. Maintenant, c'est plus difficile à réaliser, car, d'abord, nous avons un contrôle total sur le système financier. Ensuite, toutes les soi-disant subventions accordées à ces soi-disant ONG locales, en réalité des branches de l'opposition, doivent maintenant être enregistrées, et il est très difficile de faire passer de l'argent ici. Mais malheureusement, certaines institutions occidentales sont très « créatives ». Elles trouvent de nouvelles façons de faire passer de l'argent ici, par différents courriers. Elles obtiennent cet argent principalement en Géorgie. En disant en Géorgie, je ne veux pas faire en sorte que cela semble venir de la Géorgie elle-même, non, cela provient de ces organisations non gouvernementales occidentales qui sont encore opérationnelles en Géorgie. Par le biais de banques géorgiennes contrôlées par des étrangers, des cartes de crédit sans nom, et de l'argent liquide sont amenés ici pour déstabiliser la situation. Mais quand nous traçons cela, quand nos organismes chargés de l’application de la loi traduisent ces trafiquants d'argent en justice, ils commencent à nous accuser de faire des choses antidémocratiques. Voilà comment cela se passait en Azerbaïdjan. J'espère que cela prendra fin, car c'est absolument inutile. Cela n'a aucun sens, et tout le monde sait qui est qui. Mais néanmoins, nous ne sommes pas garantis qu'un jour ils ne décideront pas de ramener une marionnette et de la mettre au poste de président pour diriger l'Azerbaïdjan comme ils le veulent.
Ce que le président Trump a commencé à faire est très prometteur, mais je pense qu'il ne devrait pas s'arrêter là. L’USAID, bien sûr, est le principal monstre, c'est une institution totalement corrompue. J'en ai déjà parlé un peu. Les radios Radio Liberty et Voice of America, c'est très bien qu'elles aient déjà arrêté leur activité. Mais ce n'est pas suffisant. Il faut aller plus loin. Human Rights Watch, Freedom House, Amnesty International, Transparency International, toute cette infrastructure de ses ennemis politiques doit être rendue totalement non opérationnelle.
Et encore une fois, nous, en tant que pays qui avons fait face à toutes ces campagnes de diffamation et attaques coordonnées contre l'Azerbaïdjan, savons très bien comment cela fonctionne et comment cela opère. Nous connaissons les personnes, nous connaissons ceux dans les ambassades qui sont impliqués dans des activités illégales, et nous sommes prêts à fournir au parquet et aux organes chargés de l’application de la loi des États-Unis toutes les informations sur les activités illégales et destructrices des prédécesseurs de M. Trump. Donc, je pense avoir répondu à votre question à ce sujet. Merci d'être avec nous.
Hikmet Hadjiyev : Ahmed Taher, Égypte.
Ahmed Taher : Merci, Votre Excellence, cher Président, de me donner l'opportunité d'être ici pour la deuxième fois. J'ai un commentaire et une question. Tout d'abord, le commentaire : Ce que j'ai vu hier à Karabagh — j'ai visité le Karabagh trois fois — et hier, j'ai vu que c'est la troisième histoire à succès de l'Azerbaïdjan depuis son indépendance en 1918, et plus tard en 1991. Aujourd'hui, la reconstruction du Karabagh après sa libération est, je pense, très, très importante pour nous. J'aimerais savoir comment l'Azerbaïdjan a reconstruit le Karabagh après sa libération. Je vois que cela représente un succès unique, et je vous félicite. Deuxièmement, en ce qui concerne ma question : L'Azerbaïdjan joue un rôle important dans le monde islamique. Nous aimerions mettre en lumière la politique de l'Azerbaïdjan face à la crise récente au Moyen-Orient, en particulier en ce qui concerne ce qui s'est passé à Gaza, en Syrie et au Liban.
Le président Ilham Aliyev : Merci pour vos commentaires sur notre pays, et je vous suis très reconnaissant d'avoir déjà visité le Karabagh à plusieurs reprises. Merci pour cela. En ce qui concerne la situation à Gaza, l'Azerbaïdjan plaide activement depuis les premiers jours de la crise pour un cessez-le-feu et l'arrêt des opérations militaires, et notre position reste inchangée. Quant à la situation dans n'importe quel pays, il appartient à ces pays eux-mêmes de décider ce qui est prioritaire pour eux. Par conséquent, nous essayons généralement de ne pas commenter les situations internes de n'importe quel pays – même en Arménie, pendant les périodes d'occupation, nous n'avons jamais commenté leur agenda intérieur. Mais en même temps, en ce qui concerne la Syrie, je peux dire que nous sommes heureux qu'il y ait eu un changement de gouvernement. Sous la direction précédente, la Syrie a malheureusement adopté une position très pro-arménienne et anti-azerbaïdjanaise. Il y avait beaucoup de contacts politiques entre la direction arménienne et la direction syrienne. Auparavant, il y avait des lettres de félicitations, des visites mutuelles. Maintenant, le gouvernement arménien actuel pense que personne ne se souvient de cela. Mais nous nous souvenons tous à quel point ils étaient proches du gouvernement du président Assad, comment ils communiquaient, comment ils coopéraient. Maintenant, lorsque nous voyons qu'ils tentent d'envoyer de l'aide humanitaire en Syrie, cela démontre à nouveau l'hypocrisie arménienne, et j'espère que le nouveau gouvernement syrien ne permettra pas à ces hypocrites et ennemis du nouveau gouvernement d'essayer de trouver une terre d'accueil en Syrie. Donc, nous soutenons le nouveau gouvernement syrien. Nous avons échangé des lettres officielles et nous les avons félicités. Et bien sûr, nous sommes très heureux qu'enfin, à la frontière sud de notre pays frère, la Türkiye, il y ait de la paix. Pour la Türkiye il n'y aura plus de menace venant de la Syrie. C'est pour nous un développement très important. C'est aussi une partie des changements mondiaux. Et au-delà de cela, nous sommes heureux pour nous-mêmes, pour le peuple syrien, et pour la Türkiye.
En général, en ce qui concerne notre rôle dans le monde islamique, il est grandement apprécié par les communautés musulmanes. L'Azerbaïdjan a été choisi à de nombreuses reprises comme pays hôte pour différents événements, et nous accueillerons également le Sommet de l'Organisation de la Coopération Islamique. L'Organisation du Monde Islamique pour l'Éducation, les Sciences et la Culture (ICESCO) a élu Choucha comme capitale de la culture islamique. Et en mai dernier, à Choucha, le Secrétaire général de l'ICESCO et moi-même avons inauguré cet événement. Ainsi, notre rôle en matière de solidarité entre les nations musulmanes est grandement apprécié par les leaders religieux et politiques du monde musulman, y compris par l'Organisation de la coopération islamique et la Ligue arabe. Notre soutien à nos frères est très apprécié par eux. Et le dernier point à ce sujet : je pense que les pays du monde musulman, lorsqu'ils évaluent ou élaborent leur politique vis-à-vis de la situation dans n'importe quel pays arabe, devraient d'abord recevoir des orientations de la part de la Ligue arabe. Je pense que ce sera la meilleure façon de traiter ces questions et d'exprimer leur position, car ils savent mieux. La Ligue arabe unit tous les pays arabes. La politique de la Ligue arabe sur chaque question liée à la situation dans les pays arabes devrait être un guide, du moins pour nous c'est le cas, et je pense que cela devrait être ainsi pour tout le monde.
Hikmet Hadjiyev : Monsieur le Président, Urs Unkauf, Allemagne.
Urs Unkauf : Votre Excellence, Cher Président Aliyev, c'est un honneur de vous avoir parmi nous aujourd'hui. Je vous remercie beaucoup pour cela. Je voudrais attirer l'attention sur les relations bilatérales avec l'Allemagne. Vous avez mentionné que notre président Frank-Walter Steinmeier a récemment effectué une visite officielle en Azerbaïdjan, et il y a eu une certaine incompréhension de la part de l'administration du Président allemand avant la visite, lorsqu'ils ont publié un drapeau du soi-disant régime illégal et occupant. Heureusement, ils l'ont retiré du site web du président allemand, et une note d'excuses vous a été envoyée. Ma question est donc la suivante : j'ai lu la déclaration officielle, mais quelles sont les attentes de l'Azerbaïdjan concernant l'Allemagne, en ce qui concerne la coopération politique et économique, alors que nous sommes actuellement dans les dernières étapes de la formation d'un nouveau gouvernement ? Merci beaucoup.
Le président Ilham Aliyev : Merci beaucoup. Tout d'abord, en ce qui concerne cette situation avec le drapeau, bien sûr, nous avons tous été très surpris de le voir. Et, pour être honnête, j'essaie d'être aussi franc que possible. Comme toujours, il nous a été très difficile de penser qu'il s'agissait d'une erreur, car l'Allemagne est un pays avec de longues traditions de l'État. Tous les attributs sont soigneusement pris en charge. Ce n'était pas seulement le drapeau, qui était celui des séparatistes, d'une entité séparatiste déjà morte. Il y avait aussi un commentaire où nous avons vu le « Haut-Karabagh ». Il n'existe plus. Il existe, comme nous le disons, seulement dans les rêves des revanchistes arméniens et de ceux qui les soutiennent. Donc, mettre cette formulation dans cette déclaration, nous l'avons considéré comme une insulte à l'Azerbaïdjan. Un autre facteur, qui ne nous a pas permis de considérer cela comme une erreur, est que, si vous vous en souvenez, l'image du drapeau était déchirée. S'ils avaient pris le drapeau de l'Arménie, pourquoi ont-ils mis un drapeau déchiré ? Donc, le drapeau déchiré, probablement dans l'esprit de ceux qui ont mis cette image, signifiait peut-être le soi-disant Artsakh blessé. C'était le message envoyé à l'Azerbaïdjan. Nous l'avons pris très au sérieux, et pour être franc, il y avait plusieurs options pour nous de réagir. Si l'excuse n'avait pas été présentée, alors probablement, le moment de la visite aurait pu être modifié. Donc, c'est juste, je vous dis, notre cuisine interne. L'ambassadeur d'Allemagne a été convoqué au ministère des Affaires étrangères pour clarifier la situation, et il a dit, si je ne me trompe pas, qu'ils ne s'excuseraient pas. C’est ça, Hikmet ? Alors, cela a été une autre surprise. Ensuite, mon assistant Hikmet Hadjiyev a contacté le chef de l'administration du Président Steinmeier. Et quelle a été la réponse, Hikmet ?
Hikmet Hadjiyev : Monsieur le Président, au stade initial, Madame la cheffe de Cabinet a dit qu'il s'agissait d'une erreur technique et « veuillez accepter nos excuses et nous allons le supprimer ». Mais c'était juste des excuses bien intentionnées entre nous. Cependant, j'ai reçu des instructions supplémentaires de votre part, et « l'Azerbaïdjan insiste, nous attendons des excuses publiques et formelles de la part de nos homologues allemands ». Par la suite, cela a été communiqué par écrit.
Le président Ilham Aliyev : Oui, merci. C'est ainsi que cela a été résolu. Mais, bien sûr, ils n'auraient pas dû le faire. C'était une tentative absolument inutile et dénuée de sens de nous nuire. Je suis absolument sûr que le président Steinmeier n'en savait rien, et c'est ce qu'il m'a dit, et je lui crois totalement. D'abord, parce que je le respecte énormément. Et ensuite, pour être honnête, je ne surveille pas ce qu'ils mettent sur mes photos. Si quelque chose de faux y était mis, vous savez à qui attribuer la faute. Mais si quelque chose de faux avait été mis, nous nous serions certainement excusés sans même en faire la demande.
La visite elle-même a été un succès. Le président Steinmeier et moi nous connaissons depuis de nombreuses années, depuis qu’il était ministre des Affaires étrangères. Il nous a rendus visite à plusieurs reprises, et l'année dernière, nous nous sommes rencontrés à Berlin. C'est toujours un plaisir de discuter avec lui. C'est un homme politique très habile et un grand homme d'État. Ainsi, le peuple allemand peut être fier de lui. En ce qui concerne le fond et la forme de la visite, comme l'ont montré les médias, tout le monde peut voir qu’elle a été très amicale, très cordiale, avec un programme culturel et beaucoup de temps pour discuter de divers sujets. Bien sûr, le fond de notre coopération dans le domaine des affaires est très vaste, et nous considérons cette visite, d'ailleurs, la première visite d'un président allemand en Azerbaïdjan, comme une étape importante dans nos relations. Ainsi, tous les messages, qui ont été donnés depuis Bakou par les deux présidents, étaient extrêmement positifs et opportuns. Je pense que c'est aussi un bon message pour les communautés d'affaires de nos pays, afin qu'elles s'engagent plus activement sur la voie bilatérale. Nos attentes vis-à-vis de l'Allemagne, en particulier du nouveau gouvernement, concernant l'Union européenne, sont de continuer à mener une politique indépendante, car, comme vous le savez, il y a un pays au sein de l'Union européenne qui fait beaucoup de mal à l'Azerbaïdjan et prétend être un leader sans aucune raison. L'économie leader est l'Allemagne, et la force politique principale en Europe est l'Allemagne. J'espère donc que l'Union européenne ne faiblira pas sous l'influence de groupes pro-arméniens.
Hikmet Hadjiyev : Notre dernière question vient de Huseyin Isiksal, Chypre du Nord.
Huseyin Isiksal : Monsieur le Président, c’est un grand plaisir de vous revoir ici à nouveau depuis l’octobre 2023 où j’ai accompagné mon Président et où vous nous avez reçus dans le cadre d’une visite officielle. Je suis le conseiller spécial du président de la République turque de Chypre du Nord. Alors, tout d'abord, permettez-moi de vous transmettre les salutations les plus chaleureuses de mon président. C'est toujours agréable d'être ici, car nous sommes des frères, et je me sens généralement chez moi. Je veux dire, je n'ai pas l'impression d'être dans un pays étranger. Je voulais poser une question sur l'Organisation des États turciques, mais leur ambassadeur Hulusi Bey, l'a déjà posée. Donc, je ne veux pas vous prendre de temps. Je souhaite simplement entendre vos précieux commentaires et recommandations sur la manière dont nous pourrions approfondir nos relations entre mon pays et l'Azerbaïdjan. Je vous remercie beaucoup.
Le président Ilham Aliyev : Le président Ersin Tatar a effectivement visité l'Azerbaïdjan, et nous trouvons toujours du temps pour nous rencontrer lors des événements internationaux. Il y a eu un grand événement, les Journées culturelles de Chypre du Nord en Azerbaïdjan. Et l'Azerbaïdjan, comme vous le savez, a joué un rôle important dans le fait que la République turque de Chypre du Nord soit devenue un observateur au sein de l'Organisation des États turciques. Et donc, vous savez comment cela s'est passé, je ne veux pas entrer dans les détails, mais nous avons été parmi ceux qui ont activement plaidé en faveur de cela. Le président Tatar a été invité par moi à assister au Sommet informel de l'Organisation à Choucha, et il était avec nous avec le drapeau de Chypre du Nord. Ainsi, nos contacts se poursuivent. Vous savez que différents représentants de la société civile, du gouvernement et du parlement azerbaïdjanais visitent fréquemment la République turque de Chypre du Nord, et il y a également des visites de Chypre du Nord en Azerbaïdjan. Nous sommes donc toujours avec nos frères. Notre politique est toujours très claire et directe. Nous n'avons aucun autre agenda que de voir comment nous pouvons être utiles à nos frères de Chypre du Nord, qui méritent d'avoir leur propre État. Ils le méritent par l'histoire et par leurs actions. Nous nous souvenons tous du référendum, initié par l'ancien secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, lorsque les Turcs de Chypre a voté pour l'unification, et que les Grecs de Chypre ont voté contre. Et qu'est-il arrivé ensuite ? Chypre du Sud a été invitée et est devenue membre de l'Union européenne. Est-ce juste ? Bien sûr que non. S'agit-il de doubles standards ? Bien sûr, oui. Mais malheureusement, peu de politiciens veulent en parler. Ils préfèrent ne pas le faire, afin de ne pas avoir de maux de tête, car on peut imaginer que cela pourrait causer beaucoup de maux de tête, et ces maux de tête ne sont pas les choses les plus nuisibles qu'ils puissent créer. Mais en ce qui concerne l'Azerbaïdjan, je pense qu'il n'y a aucun doute parmi nos frères de Chypre du Nord, nous serons avec vous jusqu'à la fin. Jusqu'à ce qu'un pays indépendant soit établi, et bien sûr, reconnu par la communauté internationale.
Hikmet Hadjiyev : Nous tenons à vous exprimer notre reconnaissance et nos remerciements. Nous avons presque eu une discussion de trois heures. Merci de nous réserver du temps.
Le président Ilham Aliyev : Merci beaucoup.
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Une photo de famille a été prise à la fin.