MONDE
Pour que cessent les violences en Haïti, le retour de la sécurité doit prévaloir, martèle l’ONU
Bakou, 19 décembre, AZERTAC
La violence débridée des gangs prive Haïti d’un retour à la normale et encourage la fuite du pays des forces vives de la nation, a déploré le Président de l’Assemblée générale, Dennis Francis, lors d’un exposé informel sur Haïti tenu ce lundi matin, à New York, indique le site web de l’ONU.
Lors de sa visite dans le pays les 20 et 21 novembre, M. Francis a tenu des réunions bilatérales avec des membres du gouvernement intérimaire, dont le Premier ministre Ariel Henry, le Ministre des Affaires étrangères Jean Victor Généus, la Ministre de la Justice Emmelie Prophète Milcé, et la Ministre de la Femme Sofia Loréus.
Le manque de sécurité a dominé toutes les discussions, a rapporté le chef de l’Assemblée générale. La « terreur des gangs en maraude » impacte tous les aspects de la vie quotidienne du peuple haïtien, en le « privant de ses libertés et de ses droits » et en étouffant la marche du pays vers le développement durable.
Le Président a décrit des écoles transformées en refuges et abritant des personnes déplacées par la violence des gangs, ainsi que des parents kidnappés contre rançon en accompagnant leurs enfants à l'école. « J'ai entendu des rapports alarmants faisant état de la perte d'environ 40 % - oui, 40 % - des agents de santé d'Haïti, ces derniers ayant quitté le pays dans l'espoir de trouver un avenir meilleur ailleurs ». Il s’est aussi ému d'entendre parler de femmes et de filles soumises à des violences sexuelles brutales. « Cette violence en Haïti doit clairement cesser », a martelé M. Francis, prévenant au passage qu’en détournant le regard, la communauté internationale se décrédibilisait.
L’insécurité s’est aggravée en 2023 en Haïti a confirmé par vidéoconférence la Représentante spéciale du Secrétaire général en Haïti María Isabel Salvador. La fréquence des assassinats, des enlèvements et des incidents de violence sexuelle et sexiste a augmenté par rapport à l’année dernière. Parallèlement, la capacité de la Police nationale haïtienne (PNH) à faire face à cette insécurité croissante est en déclin. Rien que cette année, plus de 1 600 agents ont quitté la Police nationale haïtienne, la majorité cherchant des opportunités d’émigration, a développé la Cheffe du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH).
Les officiers restants sont confrontés à une situation désastreuse, aux prises avec un équipement, une formation et une rémunération inadéquats, ce qui entrave considérablement leur efficacité contre les gangs armés de plus en plus lourdement équipés. Le contexte sécuritaire désastreux et la perte de confiance dans la police ont contraint certains Haïtiens à former des groupes d’autodéfense.
L’émigration s’étend au-delà des forces de police, imprégnant tous les secteurs de la société, a-t-elle ajouté.
Sur le plan politique, des divergences significatives subsistent encore quant à la manière de procéder pour effectuer la transition.
Dans ce contexte, M. Francis a dit beaucoup attendre du déploiement de la Mission multinationale d’appui à la sécurité, autorisé par le Conseil de sécurité le 2 octobre, tout comme les partis politiques et les groupes de la société civile.
Pour l’heure, les gangs contrôlent 80 % de la capitale Port-au-Prince. Selon le BINUH, leur contrôle s’étend encore plus loin dans des zones rurales, auparavant considérées comme sûres - « tuant, violant, kidnappant et détruisant des biens », a rapporté le Président de l’Assemblée générale.
Alors que la Mission prépare son déploiement, les acteurs civils et politiques d’Haïti doivent intensifier leurs efforts pour permettre la restauration des institutions démocratiques et donner un espace à la Mission pour qu’elle remplisse son rôle, a-t-il ajouté, durcissant le ton en s’adressant aux élites politiques haïtiennes, il les a exhortés à abandonner leurs « préoccupations égoistes » et à « donner la priorité aux citoyens d'Haïti, qui ont trop enduré et méritent qu'on leur donne une chance de réussir ».
Haïti est l'un des neuf pays au monde confrontés à un risque de famine. On y dénombre 4,35 millions de personnes en situation d'insécurité alimentaire, l'un des pires taux au monde en proportion de la population du pays. « On assiste à un quasi-effondrement des services sociaux de base, comme les soins de santé et l’éducation. On estime qu’un million d’enfants ne sont pas scolarisés, ce qui accroît le risque de recrutement par des gangs », a relevé la Directrice adjointe du Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA) Victoria Saiz Omenaca. Les hôpitaux et les travailleurs de la santé sont désormais la cible de violences : la semaine dernière, Médecins Sans Frontières (MSF) a annoncé la fermeture de ses activités au centre d'urgence Turgeau à Port-au-Prince.
La Présidente du Conseil économique et social, Paula Narváez Ojeda, ainsi que le Président du Conseil de sécurité, José Javier De la Gasca Lopez Domínguez, ont également participé à l’exposé.