Accession des filles au trône : la monarchie britannique fait sa révolution
Bakou, 17 octobre (AZERTAC). Le Royaume-Uni aime ses reines. Ne serait-ce que parce que trois de ses monarques les plus remarquables sont des femmes : la grande Elizabeth, qui a vaincu la supposée Invincible Armada en 1588, Victoria, symbole de la puissance impériale et industrielle britannique du XIXe siècle, et la Reine actuelle, Elizabeth II, dont la popularité demeure inchangée depuis près de 60 ans. Et pourtant, lorsqu'il s'agit des règles de succession, les filles de la famille royale ont jusqu'ici dû laisser la place à leurs frères cadets, n'accédant au trône qu'en l'absence d'héritier mâle.
Mais cela pourrait bientôt changer. David Cameron espère, en effet, mettre fin à la règle de primogéniture masculine, à temps pour que les futurs enfants de William et Catherine puissent en bénéficier. "Nous encourageons l'égalité des sexes dans tous les domaines, et il est donc totalement anormal de continuer à discriminer en faveur d'une supposée supériorité masculine pour le poste public le plus important", a ainsi déclaré le Premier ministre britannique, le 12 octobre dernier, dans une lettre adressée aux leaders des pays du Commonwealth. Coïncidence ou non, il y a un mois, une fuite dans la presse avait révélé la volonté du gouvernement de cibler le vote féminin...
La loi, si elle est adoptée, ne sera cependant pas rétroactive : la princesse Anne restera donc en dixième position pour accéder au trône, derrière son aîné le prince Charles et ses deux fils, mais aussi derrière ses cadets Andrew et Edward et leurs enfants. Selon la règle de primogéniture masculine, mise en place en 1700, les héritiers des fils de monarque ont aussi précédence sur leurs sœurs, ce qui signifie que les filles d'Andrew, Eugénie et Béatrice, et les enfants d'Edward, James et Louise, ont priorité à la succession sur leur tante.
Le Premier ministre britannique souhaite aussi mettre fin à l'interdiction d'accéder au trône pour les héritiers de la couronne mariés à des catholiques, une règle qu'il a qualifiée d'"anomalie historique". L'interdiction serait néanmoins maintenue pour le monarque même, qui est aussi gouverneur suprême de l'Église anglicane. Un troisième changement pourrait porter sur la loi des mariages royaux de 1772, qui oblige tous les descendants du roi George II à demander la permission de se marier au monarque. Le gouvernement propose de limiter cette obligation aux six premiers successeurs au trône.
David Cameron discutera de ces propositions de réforme au prochain sommet du Commonwealth, qui se déroulera à Perth à la fin du mois d'octobre. Pour modifier les règles de succession, le gouvernement britannique a, en effet, besoin de l'accord des gouvernements des pays qui reconnaissent le souverain britannique comme leur chef d'État, à savoir le Canada, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Jamaïque, Antigua et Barbuda, les Bahamas, la Barbade, Grenade, Belize, Saint-Christophe et Nevis, Sainte-Lucie, les îles Salomon, Tuvalu, Saint-Vincent et les Grenadines, et la Papouasie-Nouvelle-Guinée.