POLITIQUE
Appel du Milli Medjlis de la République d’Azerbaïdjan au Sénat de la République française
Chers collègues,
La nouvelle de l’adoption le 22 décembre de l’année courante de la décision de l’Assemblée Nationale française d’un projet de la loi pénalisant la négation du «génocide arménien» nous préoccupe à l’extrême. L’étape suivante prévoit d’inscrire ce projet à l’ordre du jour des débats au Sénat de la République française. A cet égard, nous vous invitons à être prudents dans cette approche d’événements historiques très lointains qui sont incomplètement éclaircis. Il ne fait aucun doute qu’au cas où une telle loi serait adoptée, elle viendrait se placer en contradiction aux principes de la liberté d’expression et de pensée qui sont au cœur de la philosophie des Droits de l’Homme et des libertés régnant dans un régime démocratique.
Actuellement, à un moment où se fait jour la nécessité d’approfondir le dialogue interculturel et interreligieux, l’adoption d’une telle loi confirmera dans l’opinion l’existence d’une attitude de « deux poids, deux mesures». Dans le destin de chaque pays il existe des moments historiques qui restent obscurs et cela fait naître le besoin de les étudier d’une manière scientifique. Ce qui a été dit sur le soi-disant « génocide arménien » sur le territoire de la Turquie ottomane en 1915 compte parmi les hypothèses qui appellent des études sérieuses. Par ailleurs, nous tenons à rappeler que récemment les archives ottomanes en Turquie ont été ouvertes et que tous ceux qui souhaitent, y compris les politiciens et les scientifiques arméniens, ont été invités à prendre connaissance des documents historiques se rapportant aux débuts du XX siècle. Malheureusement, la partie arménienne est restée indifférente à cette proposition de conduire une discussion saine.
Nous attirons votre attention sur le fait qu’à l’époque où s’est supposément déroulé le «génocide arménien», des centaines de milliers de Turcs et des Azerbaïdjanais ont été tués massivement par les nationalistes arméniens. Dans un passé très récent, le 26 février 1992, des centaines d'habitants parmi la population civile de la ville de Khodjaly, en Azerbaïdjan, ont été tués par les forces armées de l’Arménie au seul motif qu'ils étaient des Azerbaïdjanais. Si tous ces facteurs sont pris en compte, il est probable que vous allez consentir avec nous à ce que la tentative de juger des événements historiques en ne prenant en considération que la seule position d’une partie ne peut que conduire à la méconnaissance des réalités historiques. Cette loi qui risque d’être adopté sur la base des mauvaises intentions de certains groupes politiques et de lobbyistes ethniques, fait craindre le risque que cela nuise à l’image d’un pays comme la France, porteuse des traditions anciennes de la Démocratie. En outre, une telle loi est de nature à semer un doute sur l’objectivité de la France en sa qualité de coprésident du groupe de Minsk de l’OSCE, voué au règlement pacifique du conflit arméno-azerbaïdjanais du Haut-Karabagh. C’est pourquoi le Milli Médjlis de la République d’Azerbaïdjan invite ses homologues au Sénat de la République française à être très attentif et à faire preuve de sensibilité lors de la discussion de cette question.
(Cet appel a été adopté pendant la session du 30 décembre 2011
du Milli Médjlis de la République d’Azerbaïdjan)