Espace - Une fusée Soyouz va décoller depuis la France
Bakou, 19 octobre (AZERTAC). Une grande première. Le petit monde du secteur spatial est unanime : le lancement, prévu jeudi midi (heure française), d'une fusée russe Soyouz depuis le port spatial de l'Europe à Kourou en Guyane française va avoir un impact important sur le marché des lancements commerciaux. Signé en 2003, le partenariat entre Starsem, qui exploite Soyouz, et l'Agence spatiale européenne (ESA) doit permettre au vénérable lanceur de construction soviétique d'entamer une nouvelle (et énième) vie.
Après avoir été lancée depuis Baïkonour (Ouzbékistan) et Plessetsk (Russie), Soyouz va profiter d'une position géographique très avantageuse. Plus proche de l'Équateur, Kourou est un site idéal pour les fusées, qui peuvent bien mieux profiter de la force liée à la rotation de la Terre (effet "de fronde"). Alors qu'elle pouvait emporter 1,7 t depuis ses anciens sites, Soyouz pourra désormais placer 2,8 t en orbite. Pour le Centre spatial guyanais, Soyouz STK (sa version européenne) permet de compléter la gamme. Le lanceur lourd Ariane 5 est étudié pour placer sur orbite des charges de 5 à 10 tonnes, réparties sur un seul ou plusieurs satellites placés sous la coiffe. Le lanceur léger Vega, qui doit effectuer son premier vol en 2011, pourra emporter jusqu'à 1,5 t. Le nouvel ensemble de lancement Soyouz, dont la construction a été achevée il y a quelques mois, a été construit à 12 kilomètres des installations de son ancienne rivale, Ariane.
Ces derniers mois, les lanceurs Soyouz ont subi une inquiétante série d'avaries côté russe. De nombreux lancements ont été reportés, après plusieurs échecs. "Il a été établi que deux incidents étaient dus à la négligence d'employés d'entreprises relevant de l'Agence spatiale russe (Roskosmos) lors d'examens de contrôle" des lanceurs, a expliqué, mardi, le parquet général russe.
Soyouz reste le lanceur le plus fiable et le plus utilisé au monde. Il n'a connu que quelques échecs sur plus de 1 800 vols. Relativement simple à mettre en oeuvre avec les installations modernes, il est connu pour sa conception rustique (c'était déjà lui pour Spoutnik en 1957, tout comme pour Gagarine en 1961). Il a toutefois été adapté, notamment pour intégrer un système de destruction en cas de déviation de la trajectoire. Cette sécurité manque cruellement près de Baïkonour, où des fusées retombées au sol ont pollué durablement l'environnement et où le centre spatial russe n'est plus le bienvenu.
La mission de jeudi doit placer sur orbite les deux premiers satellites du programme européen Galileo, futur concurrent du GPS américain et du Glonass russe. Le lancement pourra être suivi en direct sur le site d'Arianespace.