MONDE
Le conflit et la crise économique alimentent l’insécurité alimentaire au Yémen
Bakou, 27 mai, AZERTAC
Malgré de « légères améliorations » au cours des cinq premiers mois de cette année, presque tous les districts sous le contrôle du gouvernement yéménite sont confrontés à des « niveaux élevés d’insécurité alimentaire », ont mis en garde vendredi des agences des Nations Unies, relevant que la malnutrition aiguë a aussi augmenté par rapport à la même période en 2022, selon le site officiel de l’ONU.
La nouvelle analyse du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) sur le Yémen, publiée vendredi, note que le nombre de personnes susceptibles de connaître des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë (phase 3 de l’IPC ou pire) devrait passer à 3,9 millions (41%), dont 2,8 millions de personnes en situation de crise et 1,1 million en situation d’urgence (phase 4).
L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) prévoient également une hausse de 20% du nombre de personnes confrontées à la phase 3 et plus. Il s’agit de plus 638.000 personnes supplémentaires au cours de la période allant de juin à décembre.
« Les Nations Unies et leurs partenaires ont fait des progrès pour faire reculer l’insécurité alimentaire la plus grave l’année dernière, mais ces progrès restent fragiles et 17 millions de personnes sont toujours en situation d’insécurité alimentaire au Yémen », a déclaré dans un communiqué, David Gressly, Coordinateur résident et humanitaire des Nations Unies pour le Yémen.
Ces « modestes » améliorations sont un « sursis temporaire »
Plus largement, le document montre qu’entre janvier et mai 2023, environ 3,2 millions de personnes ont connu des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë dans les zones du gouvernement. Ces personnes sont classées dans la catégorie de l’insécurité alimentaire grave (phase 3 de l’IPC et plus), ce qui représente une réduction de 23% par rapport aux estimations d’octobre à décembre 2022.
Le document fait état de légères améliorations. En effet, le nombre de personnes en situation d’urgence (phase 4) a presque diminué de moitié pour atteindre 781.000 personnes par rapport aux estimations du dernier trimestre de 2022. « Avec des ressources suffisantes, nous pourrons apporter à des millions de Yéménites une aide alimentaire et nutritionnelle essentielle », a ajouté M. Gressly.
Les trois agences onusiennes ont averti que ces modestes améliorations n’étaient qu’un « sursis temporaire » car les principaux facteurs d’insécurité alimentaire demeurent et devraient s’aggraver au cours de la période allant de juin à décembre 2023.
La situation risque d’être aggravée par une diminution de 20% des niveaux de l’aide alimentaire humanitaire et par l’augmentation prévue des prix des denrées alimentaires. « Bien qu’il y ait eu un calme relatif, des combats sporadiques pourraient se poursuivre dans les districts de la ligne de front, ce qui aurait un impact supplémentaire sur la sécurité alimentaire », ont averti les agences.
Davantage d’investissements nécessaires
Le Yémen reste l’un des pays les plus touchés par l’insécurité alimentaire dans le monde, principalement en raison de l’impact du conflit et du déclin économique. Le rapport montre que ce pays continue de nécessiter une attention particulière, la faim frappant des millions de personnes, et la situation pourrait s’aggraver si rien n’est fait pour s’attaquer aux principaux facteurs de l’insécurité alimentaire dans ce pays du Moyen-Orient.
« L’aide du PAM est essentielle pour permettre à la population de retrouver un terrain plus ferme, pour éviter la crise et la famine, pour un avenir meilleur, et nous demandons instamment à nos donateurs de renouveler leur engagement à soutenir les Yéménites les plus vulnérables », a affirmé Richard Ragan, Représentant du PAM. « La situation d’insécurité alimentaire au Yémen reste fragile et les gains durement acquis au cours des 12 derniers mois seront perdus sans un soutien continu et urgent de la part de nos donateurs ».
Alors que la malnutrition aiguë continue de s’aggraver dans le Sud, un demi-million d’enfants souffriront de malnutrition aiguë cette année, dont près de 100.000 enfants susceptibles de souffrir de malnutrition sévère.
Enfants, femmes enceintes et mères allaitantes
Selon l’ONU, jusqu’à un quart de million de femmes enceintes et allaitantes souffriront de malnutrition aiguë. Dans le même temps, les niveaux de retard de croissance des enfants sont également très élevés, allant de 35,9% dans la plaine d’Abyan à 64,3% dans la plaine méridionale de Hodeïda.
« Les niveaux de malnutrition restent critiques dans de nombreuses régions des gouvernorats du sud. Il est essentiel d’adopter une approche multisectorielle pour lutter contre toutes les formes de malnutrition et, avec ses partenaires, l’UNICEF renforce l’offre de soins de santé primaires, y compris la détection précoce et le traitement de la malnutrition aiguë sévère », a dit Peter Hawkins, Représentant de l’UNICEF au Yémen.
Des situations critiques de malnutrition aiguë (phase 4) persistent dans certaines parties des zones méridionales. La classification au niveau de la zone devrait encore se détériorer au cours de la période de projection pour la malnutrition aiguë, les 16 zones des gouvernorats du sud étant classées dans les phases 3 (grave) et supérieures, dont sept zones dans la phase 4 (critique) de l’IPC.
Face à cette situation préoccupante, le rapport indique la nécessité d’investir davantage dans les programmes, car les améliorations modestes pourraient s’éroder, ont averti les agences de l’ONU. La FAO est saisie de cette situation et nous travaillons directement avec les agriculteurs sur le terrain pour leur permettre de maintenir leurs moyens d’existence. Nous veillons à ce que les petits exploitants agricoles du Yémen puissent résister aux chocs qui affectent la sécurité alimentaire », a conclu le Représentant de la FAO au Yémen, Hussein Gadain.