L’interview du président azerbaïdjanais Ilham Aliyev à la chaîne Rossia 24
AzerTAg.az

Bakou, 14 avril (AZERTAC). Le Président de la République d’Azerbaïdjan, M. Ilham Aliyev, a accordé un entretien à Sergueï Brilev, animateur de l’émission «Vesti v subbotu» de la chaîne Rossia 24.
L’AZERTAC présente cet entretien.
Sergueï Brilev :Il y a 25 ans l’URSS menait une propagande de non- prolifération des armes nucléaires. Aujourd’hui, c’est devenu un leit-motiv officiel du Président américain Barack Obama. La nouvelle Russie et la Grande Bretagne partagent la même position. Est-ce le début d’une nouvelle époque ou pas ? Ce serait des anciens élèves de l’Institut d’Etat des Relations Internationales de Moscou qui pourraient le mieux répondre à cette question. Alors, nous nous sommes adressés au Président azerbaïdjanais Ilham Aliyev, l’un de ces anciens élèves. Quant à son pays, nous pouvons dire qu’il est aujourd’hui membre du Conseil de sécurité de l’ONU.
- A la fin des années 1990 on croyait que c’était la fin de l’histoire. Le politologue américain Francis Fukuyama disait à ce propos : «Le communisme s’est écroulé, et seule la démocratie libérale peut être une solution à tous les problèmes de l’humanité». En fait, les événements des cinq dernières années montrent le contraire. A elle seule la crise dans la zone européenne révèle plusieurs objectifs. A votre avis, quels nouveaux modèles pourront se faire jour ?
- A mon avis, bien sûr, nous avions tous de grands rêves. A l’étape actuelle du développement des phénomènes, je pense que l’opinion de ceux qui font état de l’absence d’un modèle dit de "démocratie libérale", comme vous l'avez mentionné, gagne du terrain. Cela n’existe même pas dans les pays qui s'en prétendent les promoteurs. Les événements actuels et la crise dans la zone euro montrent qu’il sera très difficile d’assurer un développement durable sans l’intervention de l’Etat dans le règlement des crises. Quant à la crise financière et économique, je crois que sa cause provient de l’irresponsabilité des hommes politiques. Ceux qui glissaient leur main dans la poche des générations futures ne supposaient peut-être pas, ou peut-être le supposaient-ils, à quoi aboutirait tout cela.
- Peut-être est-ce l'idéalisme ? Prenons l’euro par exemple. Vous souvenez-vous de l’enthousiasme du 1999 ? On pouvait croire que tous les problèmes seraient bientôt résolus.
Je pense que même si c’était un idéalisme, il n’existait pas chez ceux-là qui étaient les plus déterminés. Cet idéalisme existait chez ceux qui le voyaient plutôt dans l’élargissement des opportunités géopolitiques. Car si l’on regarde du point de vue de la perspective historique, il n’y a que les formes de la garantie des intérêts nationaux et globaux qui ont changé dans la politique mondiale pendant les cent dernières années. Simplement, il existe aujourd'hui des formes différentes. Ce sont pratiquement les mêmes méthodes qui sont utilisées : garantir la situation, et si cela ne marche pas, recourir à la force, si cela ne donne pas les résultats attendus non plus, on recourt à des méthodes plus autoritaires. Donc, rien n’a changé dans le monde, d'une manière générale. C’est simplement l'emballage qui a changé et certains Etats qui avaient rétabli leur indépendance dans le années 1990 ne comprenaient pas ce qui se passait. Je pense que plusieurs de ceux qui rêvent actuellement des anciens jours heureux et qui font partie de certaines organisations le regrettent profondément. En ce qui concerne les zones d’influence, il existe un certain différend, aujourd’hui encore, comme il en a existé auparavant.
Je pense que certains milieux l’acceptent naïvement. Une zone d’influence est l’espace qui donne des signes de subordination. Une zone d’influence, c’est un lieu où on ne ressent pas de concurrence, où on vous témoigne du respect, on vous soutient.
- C'est-à-dire, c’est l’espace où l’on peut venir participer au Forum ?
- On peut y venir et s’y sentir comme chez soi.
Nous avons spécialement réservé encore un sujet pour cette large émission sur la chaîne Rossia 24. Comment se fait-il que le personnel de la station russe de radiolocalisation à Gabala quitte l’Azerbaïdjan sous la Présidence d’Ilham Aliyev, l'ancien élève de l’Institut d’Etat des Relations Internationales de Moscou du Ministère des Affaires étrangères de l’URSS ?
- Pour présenter le point de vue de l’Azerbaïdjan en ce qui concerne cette question, il faut en parler de manière un peu détaillée. Le fait est que le prix de location de la station de radiolocalisation de Gabala constituait au total 7 millions de dollars pour 300 hectares de superficie dans un des secteurs les plus pittoresques, la deuxième région touristique azerbaïdjanaise après Bakou. Les gens qui habitent loin de la mer viennent en villégiature près de la mer, tandis que nous, qui habitons près de la mer Caspienne, nous allons en vacances dans les régions montagneuses. C’est pour cette raison que nous voulions mettre le prix de location de cet établissement en conformité avec les réalités du marché.
Ce serait tout d’abord une sorte de compensation pour les dix ans écoulés. Parce que l’Azerbaïdjan n’avait jamais soulevé la question de revoir les prix pendant ces dix ans, alors que tout le monde pense que le prix est pour ainsi dire symbolique, et on le comprenait bien en Russie. Pourtant, le fait de vouloir hausser le prix de location a été justifié parce qu’une avancée importante était observée pendant ces 5 ou 6 dernières années dans la coopération entre l’Azerbaïdjan et la Russie dans le domaine militaro-technique. Cela était évalué à des milliards de dollars. Moi, je ne veux plus continuer à compter les contrats réalisés et signés. Nous achetons les équipements militaires russes conformément aux prix internationaux.
- Bien sûr, vous n’êtes pas membre de l’Organisation du Traité de Sécurité Collective.
- Bien sûr. Nous considérons que si nous achetons conformément aux prix internationaux, si nous effectuons aussi toutes les autres transactions conformément aux prix internationaux, le prix de location doit être alors conforme ou approchant de cela. En plus, la station de radiolocalisation de Gabala n’a aucune importance pour l’Azerbaïdjan. Nous n’avons simplement pas besoin des ’informations qu’elle collecte. Nous ne disposons pas les moyens de prendre une quelconque mesure pratique dans la foulée d'une ’information qui nous serait communiquée de la station de Gabala. C’est pour cette raison que cette question doit être réglée sur la base de relations amicales et commerciales.
Nous avons aussi proposé à la partie russe de prolonger la validité du contrat pour cinq ou dix ans. Mais sur la base des nouveaux prix. Cette proposition a été rejetée. Ce que nous avons compris, c'est qu'il est probable qu’elle n’était d'aucun besoin. Les commentaires des personnalités officielles, ainsi que du Ministère de la Défense, montrent que la Russie dispose d’une autre station qui est plus moderne que celle de Gabala. En fait, c’est cela qui constitue l’essence de la question. Cette question, si nous ne tenons pas compte des médias, ne présentait aucun intérêt dans les relations bilatérales.
- Les médias diffusaient des informations selon lesquelles les Américains vous auraient contraint de prendre cette décision.
- Non, c’est tout à fait faux. Tout d’abord, je tiens à dire que personne ne peut nous contraindre. L' histoire des développements récents dans les questions régionales, les initiatives que ceux dont vous avez parlé veulent prendre dans la région et nos actions contre ces initiatives montrent que personne ne peut rien nous imposer. Surtout il est impossible de nous obliger à agir contre notre partenaire stratégique. Donc cette affaire de Gabala dépendait bien de ce que je disais et pas d'autre chose.
- Merci pour ces propos. Il y en avait besoin depuis longtemps.
- Je vous en prie.
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