SOCIETE
L’Assemblée générale des Nations Unies va demander l’avis de la CIJ sur l’action climatique
Bakou, 30 mars, AZERTAC
L'Assemblée générale des Nations Unies va demander l'avis de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur les obligations des pays en matière de lutte contre le changement climatique, suite à l'adoption par consensus d'une résolution mercredi, selon le site officiel de l’ONU.
La résolution a été présentée par le Vanuatu, pays insulaire du Pacifique affecté par les cyclones, et soutenue par un groupe de 17 pays de diverses régions. Elle est axée sur les effets néfastes du changement climatique sur les petits États insulaires en développement ainsi que sur la justice climatique.
La CIJ, également connue sous le nom de Cour mondiale, est le principal organe judiciaire des Nations Unies. Bien que ses avis consultatifs ne soient pas juridiquement contraignants, ils ont une autorité juridique et un poids moral.
Une action plus audacieuse
S'exprimant avant le vote, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a noté que les avis consultatifs de la Cour ont une importance considérable.
« S'il est rendu, cet avis aidera l'Assemblée générale, les Nations Unies et les États membres à prendre les mesures climatiques plus audacieuses et plus fortes dont notre monde a désespérément besoin », a-t-il déclaré.
M. Guterres a rappelé les dernières données scientifiques sur le climat, dévoilées ce mois-ci, qui confirment que l'être humain est responsable de la quasi-totalité du réchauffement de la planète au cours des 200 dernières années.
Le rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) montre en outre qu'il est possible de limiter l'augmentation de la température mondiale à 1,5 degré Celsius par rapport aux niveaux préindustriels, mais que le temps presse.
Justice climatique et coopération
Le chef de l'ONU a souligné qu'il était temps d'agir en faveur du climat et de la justice climatique.
« La crise climatique ne peut être surmontée que par la coopération, entre les peuples, les cultures, les nations et les générations. Mais l'injustice climatique qui s'envenime alimente les divisions et menace de paralyser l'action climatique mondiale », a-t-il averti.
Le Premier ministre du Vanuatu, Alatoi Ishmael Kalsakau, a déclaré que l'ambition d'atteindre l'objectif de 1,5 degré « est encore loin de ce qui est nécessaire », et qu'un avis consultatif de la CIJ pourrait apporter une clarté qui bénéficierait aux efforts mondiaux pour faire face à la crise climatique et stimulerait davantage la coopération.
Il a indiqué que le texte final de la résolution était le résultat de longues consultations et délibérations, et il a également souligné le rôle important joué par les jeunes étudiants en droit du Pacifique qui ont inspiré l'initiative.
« Les négociations intenses et engagées avec le groupe principal et avec l'ensemble des membres de l'ONU témoignent de l'importance de cette initiative, mais aussi de la volonté collective de s'attaquer à la crise climatique », a-t-il déclaré.
« Ce n'est pas une solution miracle, mais elle peut apporter une contribution importante au changement climatique, à l'action climatique, notamment en catalysant une ambition beaucoup plus élevée dans le cadre de l'Accord de Paris », a-t-il ajouté, faisant référence au traité international de 2015 sur le changement climatique.
Une résolution historique
Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Türk, a publié une déclaration saluant chaleureusement la « résolution historique ».
Un avis consultatif de la CIJ « pourrait être un catalyseur important pour l'action climatique urgente, ambitieuse et équitable qui est nécessaire pour arrêter le réchauffement de la planète et pour limiter et réparer les préjudices causés aux droits de l'homme par le climat », a-t-il déclaré.
Il s'est également félicité que la résolution « reconnaisse clairement la pertinence d'une action aujourd'hui pour les générations à venir ».
Le chef des droits de l'homme de l'ONU a indiqué que son bureau, le HCDH, avait largement documenté les incidences du changement climatique sur les droits de l'homme et défini les obligations des États et d'autres acteurs en la matière.
« Les États ont l'obligation d'atténuer les effets du changement climatique, de s'y adapter et de remédier aux pertes et dommages qui en résultent », a déclaré M. Türk. « Nous sommes impatients de partager cette expertise dans le cadre de ce processus très important devant la Cour internationale de justice ».