POLITIQUE
Le Président Macron et l’Azerbaïdjan
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Bakou, 4 juillet, AZERTAC
Lors de sa visite à Marseille, le Président de la République française, M. Macron a tenu à s’entretenir avec des représentants de la diaspora arménienne, assez volumineuse dans cette ville. Il s’est exprimé sur la situation du Karabagh et la volonté d’engagement de la France dans cette problématique. Saisi par une sorte d’ubris, paraissant oublier tout sens de la mesure, il a déclaré « qu’il exerçait plus de pression sur le Président de l’Azerbaïdjan Ilham Aliev que le Président d’Arménie n’en exerçait lui-même », ajoutant sans un battement de cil, que lui, le Président Macron, « était le seul à avoir une position claire sur la question et à l’exprimer sans ambages ». Emporté par son personnage et convaincu de son importance, il concluait d’un air entendu que « la France avait appointé un attaché militaire à Erevan » ; il détient les clefs du problème à lui seul.
Nous croyons à ce stade qu’il faut rappeler au Président Macron que le concept fondateur de souveraineté n’est pas encore mort. Ce n’est pas parce que la France a perdu la sienne, ou y a renoncé, que les autres nations lui ont tourné le dos. L’ingérence n’est pas un droit et le bavardage sur un présumé « droit d’ingérence » sonne comme l’expression d’un désir hégémonique.
Que cherche la République française ? Agit-elle en son nom ou au nom d’une syndication d’intérêts, comme il arrive lorsqu’on a perdu sa souveraineté ? Le Président Macron espère-t-il prendre pied durablement dans le Caucase avec ses relations diasporiques arméniennes et géorgiennes ? Mais le contexte caucasien est hérissé de piquants pour les Caucasiens eux-mêmes tandis que plusieurs grandes puissance régionales y tâtonnent… La lointaine République française paraît excessivement téméraire à s’y essayer à son tour.
Peut-être le Président Macron a-t-il quelques rancunes contre le Président Erdogan mais cela même ne le dispenserait pas d’ignorer les graves problèmes dans son pays : économie, finances et endettement, pour ne rien dire des émeutes de grand format qui affectent en ce moment l’ensemble du territoire…Combien il est difficile de comprendre cette arrogance sur la scène internationale si on la met en face de la triste réalité de la situation intérieure !
Sa posture à Marseille plonge l’observateur dans un abîme de perplexité car sa déclaration réussit l’exploit de manifester une hostilité verbale à l’encontre tant de l’Azerbaïdjan que de l’Arménie du Président Pachinian. Il se constitue ainsi gratuitement deux solides inimitiés pour l’ivresse d’une parade devant un parterre de la diaspora arménienne. Le Président Macron a de mauvais conseillers ou il néglige les avis de ses bons conseillers.
Nous espérons résoudre cette question et découvrir le brillant aréopage qui l’entoure sur ces questions, un aréopage qui ne l’a pas dissuadé de se rendre à un concert d’Elton John alors que les villes de France n’étaient plus éclairées que par les incendies criminels et les gyrophares des véhicules des forces de l’ordre.
Quand ce pouvoir échoue à contrôler les multiples zones de non-droit et se résout à assister impuissant aux pillages massifs et au saccage de son pays, on ne peut reprocher à l’observateur de sourire tristement à l’idée que l’équipe qu’il dirige puisse penser s’imposer dans l’arène internationale au milieu du Caucase.