Bakou, 18 octobre, AZERTAC

Le président de la République turque de Chypre du Nord, Ersin Tatar, en visite en République d'Azerbaïdjan, a accordé ce lundi un entretien exclusif à l’AZERTAC pour discuter des résultats de sa visite dans le pays. L’AZERTAC présente l’entretien.

- Monsieur le Président, vous êtes en Azerbaïdjan depuis quatre jours. Veuillez partager avec nous vos impressions sur la visite.

- Je peux dire que ma visite se passe très bien. Nous sommes arrivés en Azerbaïdjan avec une grande délégation, qui comprend des ministres, des groupes folkloriques et des représentants d'agences de voyages - au total plus de 150 personnes engagées dans divers domaines. Notre objectif est de présenter les opportunités touristiques et la culture de Chypre du Nord. Nous avons tenu un certain nombre de réunions avec des responsables gouvernementaux et des représentants d’organisations non gouvernementales. Plus important encore, j'ai été reçu en audience par le président Ilham Aliyev et nous avons discuté de nombreuses questions.

Nous, à Chypre du Nord, disons « une nation, trois États ». L’Azerbaïdjan entretient aujourd’hui des liens étroits avec la Türkiye. Nous nous réjouissons de tous les succès de l’Azerbaïdjan et soutenons votre pays. En particulier, le monde entier a constaté que grâce à la victoire au Karabagh et aux mesures antiterroristes effectuées ces derniers jours, la souveraineté de l’Azerbaïdjan est pleinement assurée. Je félicite encore une fois cordialement le Président de la République et Commandant suprême des armées, M. Ilham Aliyev, ses compagnons d’armes et les forces armées azerbaïdjanaises à cette occasion. C’est une grande victoire. Sous la présidence du Leader national Heydar Aliyev et pendant les 20 années de la présidence d’Ilham Aliyev, qui poursuit avec succès son chemin en tant que président, l’Azerbaïdjan a parcouru un chemin de développement très sérieux. Nous, les Turcs d’Oghouz, sommes liés les uns aux autres par des liens historiques, culturels et spirituels. Lors de toutes nos réunions, nous avons examiné les questions de l'unification de tous les États turcs sous l’égide de l’Organisation des États turciques, du renforcement des liens économiques, commerciaux et culturels entre nous, afin que ces relations deviennent encore plus fortes et que les générations futures se connaissent de plus près.

Nous avons vu une attitude fraternelle et d'amour en Azerbaïdjan. De retour chez moi aujourd'hui, je porterai d'ici mes salutations et mon amour à Chypre du Nord. Bien que géographiquement nous soyons éloignés les uns des autres, l’ère de la technologie élimine cette distance.

- Monsieur le Président, pendant votre séjour en Azerbaïdjan, à l'approche de celui-ci, notre pays a vécu un événement historique. Le président azerbaïdjanais a hissé notre drapeau à Khankendi, Khodjaly, Aghdéré, Askéran et Khodjavend. Il serait intéressant d’avoir votre avis là-dessus.

- C’est un événement qui suscite un sentiment de fierté. Je suis heureux que M. Ilham Aliyev ait hissé le drapeau azerbaïdjanais à Khodjaly et dans les autres villes à l'occasion du 20e anniversaire de son élection à la présidence et que cela se soit également produit lors de ma visite. Il est également très important pour nous que notre drapeau flotte toujours à Chypre du Nord. Il y a un mois, M. Ilham Aliyev, en recevant les participants à la réunion, parmi lesquels notre ministre de l’Intérieur, a déclaré que le drapeau de Chypre du Nord flotterait lui aussi lors de leur événement. Il attache une grande importance au drapeau. Nous, à Chypre du Nord, traitons le drapeau de la même manière, car le drapeau est un attribut de nos valeurs nationales, de notre détermination nationale, de notre indépendance et de notre souveraineté. En Azerbaïdjan, j’ai vu des drapeaux turcs partout. Cette proximité des deux États turcs et l’alliance établie après la signature de la Déclaration de Choucha sont extrêmement importantes. Ces liens se développent entre Chypre du Nord et la Türkiye, ainsi qu’avec l’Azerbaïdjan, que nous appelons un pays frère. Par conséquent, le fait que cet événement important ait coïncidé avec ma visite rend cette visite encore plus importante.

- Monsieur le Président, lors de la conférence de presse à Bakou, vous avez dit que le tourisme et les échanges d’étudiants étaient les éléments essentiels du partenariat entre l’Azerbaïdjan et Chypre du Nord. Je me demande combien d’étudiants azerbaïdjanais se trouvent actuellement en République turque de Chypre du Nord ? Avez-vous un chiffre exact ?

- Depuis de nombreuses années, des milliers d’étudiants azerbaïdjanais suivent leurs études en République turque de Chypre du Nord. Ces dernières années, ce nombre a légèrement diminué. Il y a plusieurs raisons à cela. Cependant, je peux dire qu'il y a aujourd'hui environ 500 étudiants azerbaïdjanais à Chypre du Nord. En outre, de nombreux enseignants azerbaïdjanais travaillent à Chypre du Nord. De nombreux événements liés à l’Azerbaïdjan y sont organisés, de nombreuses figures de l’art viennent à Chypre. M. Ilham Aliyev a exprimé le souhait que davantage d’Azerbaïdjanais étudient à Chypre du Nord. Je souhaite le même. Je pense que nos étudiants devraient venir faire leurs études ici. En plus des étudiants, il est possible d’organiser un échange d’enseignants. La République turque de Chypre du Nord est aujourd’hui plus accessible. Il y a des vols quotidiens depuis n'importe quel aéroport de la Türkiye vers l’aéroport d’Ercan à Chypre du Nord, ce qui signifie que cette distance peut être parcourue en trois heures. Je crois qu'à mesure que les contacts politiques se multiplient, les liens entre nous, ainsi que ceux dans les domaines du tourisme et de l’éducation deviendront encore plus forts.

- Monsieur le Président, comment évaluez-vous le potentiel de développement du commerce entre l’Azerbaïdjan et Chypre du Nord ?

- Les domaines les plus importants pour nous sont le tourisme et l’éducation, car Chypre du Nord est construite autour d’une économie insulaire. J’ai vu ici des gens engagés dans l’agriculture. J’ai vu des gens qui peuvent commercialiser nos produits ici et je crois que nous pouvons travailler ensemble dans divers domaines au fil du temps.

- Monsieur le Président, avez-vous abordé lors de votre visite des sujets liés aux nouveaux domaines de coopération ?

- Ma visite est principalement politique. Le soutien que nous a apporté le président Ilham Aliyev, les discours et les déclarations prononcés par un dirigeant mondial tel que M. Ilham Aliyev pour faire connaître au monde entier la vérité sur Chypre du Nord sont très importants pour nous. Bien sûr, à nos côtés se trouvent la Türkiye, que nous appelons la « Patrie », et son président Recep Tayyip Erdogan. Mais M. Ilham Aliyev jouit lui aussi d’une grande réputation dans le monde. Grâce à lui, l’Azerbaïdjan a réalisé de grands progrès au cours des 20 dernières années. Je pense que son soutien à Chypre du Nord sera également efficace pour le monde entier, car nos réunions ici contribuent beaucoup à la protection des droits des Turcs de Chypre du Nord. Le monde entier considère déjà qu’avec la Türkiye, l’Azerbaïdjan est également proche des Turcs de Chypre du Nord. Il existe de nombreux pays amis avec nous au sein de l’Organisation des États turciques et de l’Organisation de la coopération islamique. Mais le monde occidental, sous l’influence des Grecs de la région, refuse de coopérer avec nous. Leur solidarité est ancrée dans l’histoire, notre solidarité est, elle aussi, ancrée dans notre histoire et notre culture. En ce sens, le soutien que nous recevons de M. Ilham Aliyev est pour nous très important et précieux. Notre visite actuelle est historique. Nous avons constaté ici un grand soutien, pour lequel nous sommes reconnaissants au président Ilham Aliyev ainsi qu’au peuple azerbaïdjanais dans son ensemble.

- Monsieur le Président, vous participez depuis un certain temps à l’Organisation des États turciques en tant qu’observateur, c’est pourquoi je voudrais aussi avoir votre avis à ce sujet.

- Il y a un an, lors du neuvième Sommet des chefs d’État à Samarcande, nous avons obtenu à l’unanimité le statut d’observateur. Le président Recep Tayyip Erdogan a joué un rôle majeur à cet égard. C’était un événement historique. La République turque de Chypre du Nord y participe en tant qu’État turc. Il peut y avoir d’autres jugements aussi. Nous avons été traités injustement, les gens disaient qu’« il n’y a que la République de Chypre à Chypre », que « les Turcs sont des séparatistes ». Mais ils doivent être conscients que nous sommes un État à part. Nous sommes une nation à part entière avec sa propre langue, sa religion, sa race, son passé, sa lutte, sa culture, ses valeurs nationales et spirituelles. Et cette nation a créé son propre État, un État démocratique moderne reconnu par la Türkiye. Vivre sur son propre territoire est d’une importance vitale pour les habitants de Chypre du Nord. Autrement, la population de Chypre du Nord disparaîtrait. Dans la lutte contre ceux qui nous ont expulsés il y a 60 ans par la force des armes du territoire que nous appelons la République turque de Chypre du Nord, qui ont commis un génocide contre nous et qui nous ont réduit à vivre sous des tentes, nous avons construit un État avec le soutien de la Türkiye et la paix a été établie à Chypre en 1974, après l’Opération de paix pour Chypre. Cette paix a profité aux Turcs, mais elle a encore plus profité aux Grecs, car après que les soldats turcs ont apporté la paix dans le sud, l’État de Chypre du Sud, avec le soutien du monde entier, a pu obtenir de grands avantages économiques et se développer. Mais c’est grâce à la paix dans la région qu’ils ont pu se développer. En cas de guerre, une telle évolution ne se serait jamais produite. Il est très important que la paix établie sur l’île avec l’arrivée des soldats turcs en 1974 perdure.

Nous nous lançons désormais dans la mise en œuvre d’une nouvelle politique. Ce qui se passe aujourd’hui en Israël et en Palestine montre à quel point le monde est loin de résoudre ces problèmes. Alors ils regarderont Chypre, ils regarderont les réalités à Chypre, il y a deux États à Chypre depuis 60 ans. Ces deux nations vivent séparément depuis 60 ans. Que personne n’essaye de nous unir, car ce n’est pas bien. S’ils le font, le sang coulera à nouveau. Les soldats et l’armée turque seront là pour maintenir la paix. La garantie de la Türkiye sera poursuivie. Dans ce cas, la paix durera pour toujours. Par conséquent, le fait que la Türkiye soit avec nous est d’une importance vitale.

- Monsieur le Président, merci beaucoup d’avoir pris le temps pour l’entretien.

- Encore une fois, je voudrais remercier tout le peuple azerbaïdjanais. Le peuple turc de Chypre du Nord est un peuple frère du peuple azerbaïdjanais. Votre lutte et votre victoire au Karabagh nous ont rendus très heureux. La population de Chypre du Nord est toujours à vos côtés. Je vous transmets une fois de plus l’amour de notre peuple.