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L'état d'urgence démographique déclaré en Corée du Sud
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Bakou, 20 juin, AZERTAC
Le président Yoon Suk Yeol a déclaré mercredi que la Corée du Sud se trouve dans une «urgence nationale démographique», du fait de son taux de natalité extrêmement faible, et a promis de faire tout ce qui est en son pouvoir pour renverser la tendance, indique l’agence de presse Yonhap.
Ces propos ont été exprimés lors d'une réunion du comité présidentiel sur le faible taux de natalité et le vieillissement de la population, alors que la situation démographique atteint des niveaux si préoccupants que certains vont jusqu'à prédire l'extinction pure et simple de la population sud-coréenne si rien n'est entrepris.
«Aujourd'hui, je déclare officiellement l'état d'urgence nationale démographique», a annoncé Yoon à cette rencontre qui a eu lieu à la garderie du centre de recherche et développement de HD Hyundai, à la ville de Seongnam, dans la banlieue sud de Séoul. «Nous allons activer un système de réponse exhaustif interministériel jusqu'à ce que le problème du faible taux de natalité soit surmonté.»
Le taux de fécondité, c'est-à-dire le nombre moyen d'enfants qu'une femme est susceptible d'avoir au cours de sa vie, est tombé en 2023 à 0,72, son pire niveau à l'année, loin en dessous du taux de 2,1 qui est recommandé pour maintenir la population au même niveau sans prendre en compte le solde migratoire. Si la tendance actuelle perdure, la Corée du Sud deviendra à l'horizon de 2072 une société très âgée, avec un âge médian qui s'établirait à 63,4 ans, contre 44,9 en 2022, et une population à 36 millions d'habitants après les 51 millions de 2023.
Le gouvernement a tenté différentes approches au cours de la décennie passée pour inciter les couples à avoir des enfants, mais les jeunes adultes restent pour la plupart réticents à l'idée de fonder une famille à cause d'un ensemble de facteurs défavorables tels que l'envolée des prix de l'immobilier, la longue durée du travail à la semaine, ainsi que les grands frais jugés nécessaires pour garantir un bon parcours scolaire. C'est pourquoi, Yoon a proposé de s'attaquer à ce problème complexe en se concentrant sur l'amélioration de trois aspects : l'équilibre entre travail et vie personnelle, les services de garde et l'accès au logement.
Une des mesures proposées sera d'augmenter les allocations versées durant le congé parental et de proposer plus de jours de congé de paternité. L'objectif sera de faire en sorte qu'à la fin du mandat de Yoon en 2027, la moitié des pères utilisent effectivement le congé dont ils bénéficient, alors que seuls 6,8% le font actuellement. A cela s'ajouteront la mise en œuvre d'heures de travail flexibles, un relèvement de l'âge de l'enfant jusqu'auquel ses parents pourront demander une réduction des heures de travail, ainsi que des subventions pour les employeurs qui doivent engager des travailleurs temporaires pour remplacer ceux en congé parental.
Yoon a également promis d'augmenter les aides pour la garde des enfants et de développer les programmes offerts après les cours dans l'enseignement primaire afin de soulager les dépenses dans l'éducation. Les ménages avec des nouveau-nés seront prioritaires dans l'attribution de logements sociaux et de prêts à faible taux d'intérêt pour l'achat d'un logement afin d'aider les couples de jeunes mariés à franchir le pas. Par la même occasion, les couples avec enfants recevront plus d'avantages fiscaux.
Afin de garantir la bonne mise en application de ces mesures, Yoon a suggéré la création d'un nouveau ministère, nommé provisoirement ministère de la Planification de la stratégie démographique.
Il aura pour tâche de mettre au point des stratégies sur toutes les questions ayant trait à la démographie, telles que le faible taux de natalité, le vieillissement de la population, ainsi que les politiques d'immigration, et disposera des prérogatives de contrôle des budgets et de consultation avec les collectivités territoriales de niveau provincial pour les projets concernés. Son chef aura également la fonction de vice-Premier ministre pour les affaires sociales. Le président a sollicité la coopération de l'Assemblée nationale, contrôlée par l'opposition, pour établir aussi vite que possible ce nouveau ministère.