Haïti : La situation des déplacés internes inquiète, alertent les Nations unies

Bakou, 20 juin, AZERTAC
Les experts des Nations unies ont exprimé leur vive inquiétude face à l’escalade de violence des gangs et à l'instabilité politique qui secouent Haïti, rapporte l’agence de presse Anadolu citant les Nations unies.
En 2024, le pays enregistre un nombre record de 578 074 déplacements internes, touchant plus de 310 000 femmes et filles et 180 000 enfants, soit plus du double des chiffres de 2022. Selon l'ONU, ces déplacements massifs font d'Haïti le pays avec le plus grand nombre de déplacements liés à la violence criminelle dans le monde.
La violence sévit dans la capitale Port-au-Prince. Des groupes armés contrôlent de vastes zones, compliquant l'accès de l'aide humanitaire, indiquent les experts indépendants de l'ONU, qui précisent que les affrontements entre gangs et la police nationale haïtienne ont instauré un climat de peur, limitant la liberté de mouvement et l'accès aux services de base.
Depuis le début de l'année 2024, au moins 2 500 personnes, dont 82 enfants, ont été tuées ou blessées dans des violences liées aux gangs.
Selon l'Organisation des Nations unies pour les migrations (OIM), 80 % des déplacés sont hébergés par des familles d'accueil, tandis que 20 % vivent dans des écoles, églises ou autres bâtiments publics à Port-au-Prince, souvent dans des zones contrôlées par des gangs.
Les conditions de vie sont précaires : surpeuplement, manque d'hygiène et d'assainissement, pénuries alimentaires et médicales sévères. Ces conditions augmentent les risques de maladies et de violences, notamment sexuelles, prévient l’institution onusienne.
- Les enfants, premières victimes de la crise et un système de santé sous pression
Plus de 500 000 enfants vivent dans des quartiers contrôlés par des groupes armés, exposés à la violence et au recrutement par les gangs, indiquent les experts onusiens. La fermeture de près de 900 écoles a affecté 200 000 enfants, interrompant leur éducation et augmentant leur vulnérabilité à l'exploitation.
La résurgence du choléra et de la tuberculose, exacerbée par les pénuries de carburant, met le système de santé haïtien à rude épreuve. Selon les experts de l'ONU, la couverture de financement actuelle de 21 % pour le Plan de réponse humanitaire 2024 est largement insuffisante pour répondre à la crise.
L'ONU exhorte la Mission multinationale d'appui à la sécurité (MMAS) à soutenir la police nationale haïtienne pour rétablir la sécurité et protéger les droits humains. Les experts demandent une formation complète pour la mission MMAS, notamment sur la protection des enfants et la distinction des opérations humanitaires.
Les donateurs, partenaires du développement et acteurs humanitaires sont appelés à donner la priorité à la protection des déplacés, à fournir une aide d'urgence et à renforcer les capacités des organisations communautaires. Les ressources financières doivent être mobilisées pour accroître les capacités d'intervention autour des sites de déplacement, soutient l'ONU.
- Importance du leadership féminin
La participation des femmes et des filles dans la prise de décision est cruciale pour la réussite de la transition politique en Haïti. Le rétablissement de la sécurité dans les quartiers d'origine des déplacés doit être une priorité pour s'attaquer aux causes des déplacements et améliorer leur situation.
L'ONU insiste sur la nécessité de consulter les personnes déplacées lors de la planification de projets de réinstallation ou de solutions durables, comme le retour en toute sécurité, la réinstallation ou l'intégration locale, pour résoudre les causes profondes du déplacement.