MONDE
La mobilisation des agriculteurs en France : Acte II
Bakou, 28 novembre, AZERTAC
La colère des agriculteurs français ne retombe pas. Face à la baisse de leurs revenus, à la hausse des charges, à la concurrence déloyale engendrée par les accords de libre-échange dont celui de l’UE-Mercosur, aux normes liées à une réglementation européenne complexe et rigide en matière agricole et au carcan bureaucratique de la France, les syndicats agricoles français ont haussé d’un cran la mobilisation, devenue radicale.
Si l’Acte I de cette colère a été marqué par le siège de la capitale parisienne par les agriculteurs et la perturbation du Salon de l’agriculture, l’Acte II est émaillé par des actions-chocs menées dans la France profonde par la Coordination rurale, un syndicat à la tête de la mobilisation agricole dans l’Hexagone.
Fouille des locaux de l’Office français de la biodiversité, Camions-citernes vidés, bâtiments recouverts de lisier, blocage de la frontière franco-espagnole, blocage du port maritime de Bordeaux, la Coordination rurale a radicalisé ses actions notamment en Gironde, dans la Creuse, dans les Pyrénées-Orientales, en Lot-et-Garonne et en Dordogne, lors d’une première semaine de mobilisation.
Depuis Buenos Aires, le président français Emmanuel Macron, avait déclaré que "la France ne signerait pas en l'état" l'accord UE-Mercosur, soulignant que "l'agriculture française et européenne n'est pas un facteur d'ajustement à de mauvais accords".
L'accord entre l’UE et les pays latino-américains du Mercosur (l’Argentine, le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay et la Bolivie) est sous le feu des critiques, ses détracteurs l’accusant notamment de contribuer à importer plus de produits agricoles dans l’UE sans pour autant respecter toutes ses règles, favorisant une concurrence déloyale et exerçant une pression sur le marché européen.
Les agriculteurs ont entamé, lundi 25 novembre, une deuxième semaine de mobilisation. Après des premières actions contre le traité de libre-échange UE-Mercosur, les syndicats agricoles ont poursuivi leur mouvement notamment dans le Pas-de-Calais et les Ardennes avec des actions contre la préfecture à Arras et à Charleville-Mézières.
Le président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), Arnaud Rousseau, avait annoncé mercredi 20 novembre sur Franceinfo de nouvelles actions "mardi, mercredi et jeudi" prochains, les 26, 27 et 28 novembre, avec les Jeunes Agriculteurs (JA), qui viseront des administrations pour dénoncer les "entraves" à l’agriculture. Selon Arnaud Rousseau, l’alliance majoritaire FNSEA-JA a déjà organisé des actions cette semaine, dans 85 départements.
La semaine du 25 novembre, "dans chaque département ces syndicats cibleront des contraintes ou des entraves qu’ils jugent importantes. Ça peut être des représentants de l’Etat, des agences, ça peut être des liens avec les administrations", avait détaillé le chef de la FNSEA.
‘’L’objectif est, encore une fois, de mettre la pression pour dénoncer aujourd’hui ce qui n’est pas acceptable. Et, je le redis, toujours dans le respect des biens et des personnes’’, a-t-il insisté.
Un débat s’est tenu à l’Assemblée nationale, mardi 26 novembre, sur le très controversé projet de traité de libre-échange entre l’UE et les pays du Mercosur, au cœur des contestations des agriculteurs. Les députés ont massivement dénoncé cet accord, qu’ils ont rejeté en bloc lors d’un vote.
Le gouvernement Barnier éprouve toujours des difficultés à convaincre le monde paysan de ces avancées, surtout avec le retard pris par la loi d'orientation agricole, à cause de la dissolution de l’Assemblée. Le texte reprendra finalement son chemin parlementaire à partir du mardi 14 janvier 2025 au Sénat.
Selon un sondage Elabe rendu public le 20 novembre, 81% des Français affichent de la sympathie voire du soutien vis-à-vis de la mobilisation des agriculteurs. Un soutien "quasi intact" par rapport aux actions du début d’année. (Anadolu)