POLITIQUE
Un colloque intitulé « Quel avenir pour la Kanaky-Nouvelle-Calédonie ? » organisé à l’Assemblée nationale française VIDEO
Paris, 28 février, AZERTAC
Un colloque intitulé « Quel avenir pour la Kanaky-Nouvelle-Calédonie ? » a été organisé par André Chassaigne, président du groupe Gauche démocratique et républicaine à l’Assemblée nationale française, Cécile Cukierman, présidente du groupe Communiste, républicain, citoyen et écologiste, le sénateur Robert Xowie, membre du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLINKS), à l’Assemblée nationale française. Le colloque a réuni aussi des représentants de la Kanaky-Nouvelle-Calédonie, ainsi que ceux du peuple kanak qui avaient participé à la conférence organisée par le Groupe d’initiative de Bakou à Istanbul.
Lors du colloque, les questions qui inquiètent le peuple kanak, la situation politique en Nouvelle-Calédonie, l’avertissement concernant une impasse politique éventuelle et les désaccords juridiques ont fait l’objet de discussions lors du colloque. Au cours de ces dernières années, le peuple kanak a montré qu’il était plus résolu à réaliser son rêve d’indépendance. L’État français a de plus en plus recours à la force contre lui.
Etant intervenu au colloque, Mickaël Forrest, vice-président de l’Union Calédonienne (UC), membre du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, a passé en revue l’histoire politique de l’île, a abordé le lobbying, ainsi que les mesures prises au niveau international. Il a déclaré que les groupes souhaitant l'indépendance et la souveraineté de l’île se servent de différentes plateformes. Il a spécialement mentionné le Groupe d'Initiative de Bakou créé dans le cadre de la présidence azerbaïdjanaise du Mouvement des non-alignés et a évoqué son activité au cours de la période écoulée. Ayant rappelé les remarques relatives au gouvernement français faites à l'Assemblée générale de l’ONU grâce aux efforts déployés par le groupe, Mickaël Forrest a déclaré : « L’Assemblée générale a officiellement appelé Paris à enquêter sur les graves problèmes de racisme au sein des forces de l’ordre, à respecter et à promouvoir le droit de réunion pacifique, mais l’État français ignore toujours ces appels. Le ministre a appelé la France à se conformer aux appels mentionnés ci-dessus et à respecter les droits des nations, en même temps, il a évoqué le travail accompli au niveau international en faveur de l’indépendance de l’île grâce au Groupe d’initiative de Bakou.
Les autres intervenants ont souligné que le peuple kanak tente à empêcher les élections relatives à l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, ainsi qu’à la détermination des électeurs jouant un rôle décisif dans le destin du pays (c’est-à-dire si jusqu'à présent ceux qui vivaient depuis au moins 10 ans en Kanaky-Nouvelle-Calédonie avaient le droit de vote, maintenant ceux qui vivent depuis 7 ans ont le droit de voter), de même que le report des élections provinciales du mai prochain. Ces deux changements, que le gouvernement français veut mettre en œuvre de manière obligatoire, ont soulevé le peuple kanak. En réponse, la police française a arrêté 5 militants pour faire taire la population, ce qui a poussé à bout la patience les Kanaks, déjà mécontents du gouvernement français. Ainsi, les représentants du peuple kanak, ainsi que les indépendantistes de la Nouvelle-Calédonie, ont intensifié leurs efforts de sensibilisation sur la situation politique du pays. Ils ont alors parcouru une longue distance pour prendre part à ce colloque très important portant sur le sort de leur pays.
Les intervenants du colloque ont abordé l’Accord de Nouméa ayant scellé la décolonisation de la Nouvelle-Calédonie en 1998 et ayant coûté le sang des Kanaks, l’attaque meurtrière de la grotte d’Ouvéa par la police française, ainsi que les tensions survenues dans les années 1980. Dans le même temps, ils ont évoqué l’opération « Victor », qui s'était soldée par la mort de deux militaires et de 19 Kanaks tués d’une balle dans la tête. A cette époque, ils ont mentionné que les militants kanak se révoltant contre l’injustice, l’oppression et le colonialisme français avaient été tués, blessés et arrêtés.
Il a été indiqué que lors du référendum organisé en novembre 1988, avec les traités ratifiés par les Français, la Nouvelle-Calédonie avait été découpée en trois provinces : la province Nord, la province Sud et la province des îles Loyauté, et l’île est censée décider de son droit à l’autodétermination au cours des 10 prochaines années. Bien que seulement 37 pour cent des Français aient participé au référendum, l’accord a été accepté par 80 pour cent. 57 pour cent des habitants de la province Sud ont dit « non » à l’accord de Matignon. Pourtant, après 10 ans, cette période a été prolongée de 20 ans supplémentaires et on tente aujourd'hui de mettre fin avec deux modifications de loi à l’espoir des Kanak suscité par ces accords.
Pourtant, après les accords de Matignon et de Nouméa, le peuple kanak espérait que sa souveraineté serait bientôt garantie, mais depuis 36 ans, ce processus a été à chaque fois reporté et prolongé. Il a été souligné que le dernier référendum de 2021 est un manque de respect par l’État français vis-à-vis des valeurs fondamentales de la culture kanak et un échec historique.
Il a été souligné qu’ils se trouvent aujourd’hui confrontés au gouvernement français qui n’a pas l’intention d’écouter et de comprendre le peuple kanak, mais veut simplement effacer le projet indépendantiste de la carte politique de la Calédonie et ne cherche qu'à préserver sa « domination » pour ses ambitions dans la région du Pacifique. Il a été déclaré qu’aujourd’hui, l’État français tente de mettre en œuvre le projet d’intégration complète de la Nouvelle-Calédonie au sein de la république.
Il a été indiqué que le 13 février dernier, lors de l’audition sur les projets de lois constitutionnelles au Sénat, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer a déclaré qu’il disposait d'un document signé par les responsables du FLNKS acceptant la tenue des élections. Personne n’a encore vu un tel document.
Il a été souligné que les manifestations du 21 février à Nouméa et du 23 février à Koné, Maré et Ouvéa reflètent la désapprobation de ces deux dernières modifications par le peuple autochtone de Nouvelle-Calédonie. Il a été déclaré qu'aujourd'hui, l’intransigeance et les actes violents du gouvernement Macron conduisent à l’incitation à la guerre chez chacune des parties. Ils ont déclaré espérer que la France adopterait une approche sage pour éteindre cette étincelle et permettre des négociations et un consensus. Les Kanak sont contre l’amendement à la loi fondamentale. Ils ont affiché fermeté dans leur revendication d’indépendance.
Le colloque s’est poursuivi par une séance de questions/réponses.