Des documents relatifs aux atrocités commises à Garadaghly examinés à l’audience VIDEO


































Bakou, 2 mai, AZERTAC
Le procès des citoyens de la République d'Arménie, à savoir Araïk Haroutiounian, Arkadi Ghoukassian, Bako Sahakian, Davit Ichkhanian, David Babayan, Levon Mnatsakanian et d'autres, accusés de crimes contre la paix et l'humanité, de crimes de guerre, y compris la préparation et la réalisation d'une guerre d'agression, de génocide, de violations des lois et coutumes de la guerre, ainsi que d'actes de terrorisme, de financement du terrorisme, de prise et de maintien du pouvoir par la force, et de nombreux autres crimes, s’est poursuivi jeudi 1er mai.
Lors de l’audience tenue au Tribunal militaire de Bakou dans le Complexe judiciaire de Bakou, présidée par le juge Zeynal Aghaïev et composée de Djamal Ramazanov et Anar Rzaïev (juge suppléante Gunel Samadova), des interprètes et des avocats de la défense ont été mis à la disposition des accusés.
Les personnes accusées et leurs avocats, une partie des victimes, leurs héritiers et représentants légaux, ainsi que des procureurs ont pris part à l’audience.
Au début de l’audience, le juge Zeynal Aghaïev a présenté Zeynab Salamova, désignée comme interprète en anglais pour l’examen des documents rédigés dans cette langue.
Il a également présenté le personnel du tribunal et rappelé aux victimes présentes pour la première fois leurs droits et obligations légaux.
Une vidéo montrant Arkadi Goukassian présent à Choucha, immédiatement après l’occupation de la ville, a été projetée lors de l’audience.
Tougaï Rahimli, assistant du procureur général pour les missions spéciales, a confirmé la date des images avant d’interroger l’accusé. Ce dernier a identifié plusieurs personnes apparaissant à ses côtés dans la vidéo, notamment Oleg Issayan, Armen Issagoulov, Zori Balayan, Vassili Atadjanian et l’évêque Parguev, et a ajouté qu’il ne conaissait pas les autres, précisant qu’ils étaient probablement des militaires.
Par la suite, le tribunal a projeté une autre vidéo dans laquelle on voit Davit Ichkhanian et son groupe bloquer la progression des soldats azerbaïdjanais tentant d’empêcher l’occupation de Choucha.
Selon les commentaires de la vidéo, Ichkhanian aurait agi sur ordre de Monte Melkonian afin de freiner l’avancée des forces azerbaïdjanaises en provenance de Khodjavend.
Le document précise également que le commandant de peloton, Armen Avokian, a été tué le 15 mai 1992, et que Davit Ichkhanian a été désigné à son poste.
L’accusé Davit Ichkhanian a contesté l’authenticité de la vidéo, affirmant qu’il s’agissait d’un film de propagande tourné début 2020, en amont des élections organisées par le prétendu régime. Il a soutenu qu’il n’aurait de toute façon pas pu y participer en raison de son état de santé, précisant qu’il marchait alors à l’aide d’une canne.
Le tribunal a ensuite examiné des images vidéo d’une interview d’Araïk Haroutiounian, dans laquelle ce dernier évoque l’implication d’un commandant de peloton arménien dans les combats à Kerkidjahan, Malybeyli et dans d’autres localités.
En répondant aux questions des procureurs, Araïk Haroutiounian a déclaré ne pas avoir pris part aux combats mentionnés, précisant qu’il était alors étudiant à l’Université d’agriculture d’Erevan. Il a reconnu avoir tenu ces propos en 2020 dans le but de renforcer sa crédibilité en tant que « candidat » lors des élections organisées par le soi-disant régime. Selon ses propres aveux, il aurait inventé son implication dans les combats en s’appuyant sur des témoignages montés de toutes pièces et des informations tirées du journal de son frère. Il a admis que sans ces affirmations, son absence de participation réelle au conflit aurait pu nuire à sa légitimité électorale.
Toutefois, interrogé cette fois par son propre avocat, Araïk Haroutiounian a déclaré s’être définitivement installé au Karabagh à la fin du mois d’août ou au début du mois de septembre 1993.
En réponse aux nouvelles questions posées par les procureurs, Araïk Haroutiounian a confirmé que les responsables de l’opération de Choucha avaient également pris part à l’occupation de la région de Latchine.
Il a déclaré connaître les responsables de l’opération de Choucha (Samvel Babayan, Seyran Ohanian, Valeri Tchitchian et Arkadi Karapetian), à l’exception de Valeri Tchitchian.
Il a reconnu que l’opération avait été menée de manière coordonnée, entre les 17 et 19 mai. Il a par ailleurs confirmé que Zori Balayan se rendait souvent au Karabagh, où il rencontrait les dirigeants locaux.
Le tribunal a ensuite présenté et examiné des documents portant sur des actes criminels commis avant l’occupation du village de Garadaghly, notamment la destruction d’un hélicoptère azerbaïdjanais.
Ces documents font état d’attaques arméniennes contre Garadaghly en 1989, 1990 et 1991, au cours desquelles des civils azerbaïdjanais ont été tués, certains corps incendiés, d’autres blessés. Les documents relatent également des cas de pillage, de vols de bétail et d’attaques répétées contre des bus transportant des passagers azerbaïdjanais, attaques qui ont fait plusieurs morts et blessés.
Le tribunal a également étudié les procès-verbaux relatifs au crash d’un hélicoptère survenu le 20 novembre 1991 à Garakend, qui avait coûté la vie aux 22 personnes à bord. Une enquête criminelle avait été ouverte à l’époque par le parquet militaire de Khankendi. Il a toutefois été souligné que les armes appartenant à Mohammed Assadov, Ismet Gaïbov, Igor Plavski et Nikolaï Zinkin, de même que la caméra du caméraman Fakhraddin Chahbazov, n’avaient jamais été retrouvées sur les lieux du drame.
Lors de l’audience, un extrait du livre « La route de mon frère » de Markar Melkonian a été lu à haute voix. Le passage indiquait que jusqu’à 17h00, les forces armées arméniennes avaient atteint leurs objectifs militaires, avec un combattant arménien tué, deux Azerbaïdjanais tués et 48 autres capturés puis chargés à bord d’un camion.
Le livre rapportait également un épisode particulièrement choquant : un soldat arménien identifié sous le nom de « Chram Edo » aurait versé de l’essence sur plusieurs soldats azerbaïdjanais blessés avant de les brûler vifs. L’auteur décrivait alors la scène comme « une boucherie, avec des morceaux de chair éparpillés ».
Des témoins oculaires et des victimes ont ensuite été appelés à témoigner et ont répondu aux questions portant sur les événements relatés.
La victime Vidadi Husseynov, habitant de Garadaghly, a témoigné devant le tribunal, affirmant que les attaques contre les Azerbaïdjanais avaient commencé depuis 1988. Il a évoqué des agressions ciblées contre des bus transportant des civils, des cas de personnes brûlées vives et des pillages, notamment le vol de bétail. Selon lui, lors de l’assaut de février 1992, entre 400 et 500 Arméniens armés auraient attaqué 118 civils azerbaïdjanais — parmi lesquels des femmes, des enfants et des personnes âgées — avant d’occuper le village le 17 février.
Une autre victime, Ilgar Husseynov, a témoigné avoir été pris en otage, transporté à bord de camions, et assisté à l’exécution de 33 personnes dans un endroit appelé « le jardin de Beylik ». Il a raconté avoir ensuite été torturé à Khankendi avant d’être échangé, au bout de 45 jours, contre des prisonniers arméniens.
Emiraslan Gouliyev a déclaré que plus de 30 otages azerbaïdjanais avaient été abattus après avoir été sortis de camions le 17 février 1992, leurs corps ayant été jetés dans un puits à proximité. Il a également précisé que les véhicules transportant les prisonniers avaient été arrêtés à plusieurs reprises en chemin, certains captifs étant exécutés sur place. D’autres ont été conduits à Khankendi, où ils auraient subi des actes de torture.
Bakhcheych Husseynov a déclaré devant le tribunal qu’il avait été fait prisonnier lors de l’occupation de Garadaghly en février 1992. « J’ai été transporté avec d’autres captifs à Khankendi, où nous avons été soumis à des tortures chaque jour. On nous a percé le corps avec des poinçons », a-t-il affirmé, ajoutant qu’il était resté en captivité pendant 56 jours avant d’être libéré.
La partie civile Chamkhal Chirinov a déclaré que le village de Garadaghly avait été régulièrement la cible de tirs nourris entre 1991 et 1992. Il a évoqué des attaques répétées contre les habitants, au cours desquelles des civils azerbaïdjanais ont été tués et leurs biens pillés.
Chamkhal Chirinov a poursuivi son témoignage en affirmant que Garadaghly se trouvait, à l’époque, dans un état de siège total, toutes les communications avec les autres régions ayant été interrompues. Cette situation aurait entraîné une grave pénurie de nourriture pour les habitants.
Il a indiqué avoir été fait prisonnier lors de la prise du village. Certaines personnes en captivité avec lui ont été abattus. Il a affirmé avoir été soumis à des tortures particulièrement violentes en captivité. « Ils m’ont arraché les dents, m’ont battu, et infligé de nombreuses blessures sur tout le corps », a-t-il déclaré.
La prochaine audience a été fixée au 2 mai.
Il convient de noter que 15 personnes d'origine arménienne sont accusées dans le cadre d'une affaire pénale portant sur de nombreux crimes commis au cours de la guerre d'agression menée par l'État arménien et de l’organisation criminelle susmentionnée. Cette guerre a été menée sous la direction et avec la participation directe des organismes étatiques arméniens, de leurs responsables, de leurs forces militaires et d’unités armées illégales. Elle s'est déroulée sous la gestion centralisée et le contrôle strict de l'Arménie, avec des ordres, directives et instructions donnés à la fois verbalement et par écrit, ainsi qu'un soutien matériel, technique et en personnel fourni par l'État arménien. L'affaire concerne également la création d’entités illégales sur le territoire de l'Azerbaïdjan dans le but d'agresser militairement le pays, en violation des normes du droit interne et international. Parmi les figures impliquées directement ou indirectement dans ces actes figurent Robert Kotcharian, Serge Sarkissian, Vazgen Manoukian, Vazgen Sarkissian, Samvel Babayan, Vitali Balassanian, Zori Balayan, Seyran Ohanyan, Archavir Karamian, Monte Melkonian et d'autres encore.
Il est à noter que 15 personnes, dont Araïk Haroutiounian, Arkadi Ghoukassian, Bako Sahakian, Davit Ichkhanian, David Manoukian, David Babayan, Levon Mnatsakanyan, Vassili Beglaryan, Erik Ghazaryan, Davit Allahverdian, Gourgen Stepanian, Levon Balayan, Madat Babayan, Garik Martirossian et Melikset Pachayan, sont inculpées en vertu des articles 100 (planification, préparation, déclenchement et conduite d'une guerre d'agression), 102 (attaque contre des personnes ou des organisations bénéficiant d'une protection internationale), 103 (génocide), 105 (extermination de la population), 106 (réduction en esclavage), 107 (déportation ou déplacement forcé de la population), 109 (persécution), 110 (disparition forcée de personnes), 112 (privation de liberté contraire au droit international), 113 (torture), 114 (mercenariat), 115 (violation des lois et coutumes de la guerre), 116 (violation du droit international humanitaire en temps de conflit armé), 118 (pillage militaire), 120 (meurtre intentionnel), 192 (entrepreneuriat illégal), 214 (terrorisme), 214-1 (financement du terrorisme), 218 (création d'une association (organisation) criminelle), 228 (acquisition, transfert, vente, stockage, transport et possession illégaux d'armes, de leurs composants, de munitions, d'explosifs et de dispositifs), 270-1 (actes menaçant la sécurité de l'aviation), 277 (assassinat d'un fonctionnaire d'État ou d'une personnalité publique), 278 (prise et maintien du pouvoir par la force, changement forcé de la structure constitutionnelle de l'État), 279 (création d’unités et groupes armés non prévus par la loi) ainsi que d'autres articles du Code pénal de la République d'Azerbaïdjan.