CULTURE
Amazing Azerbaijan by Sandrine Robson
Trésors du passé
Il faut déambuler dans la vieille ville, Icheri Sheher, particulièrement bien conservée et mise en valeur pour plonger dans le passé multiséculaire de Bakou. Les remparts (patrimoine mondial de l’UNESCO), la tour Giz Galacy, le palais Chirvanchah, mais aussi les usines de tapis orientaux me laissent imaginer le carrefour commerçant qui a pu être cité née de l’exploitation, dès le 8ème siècle, des propriétés d’un étrange liquide huileux.
On constate que certains bâtiments ont de charme : l’hôtel de ville imposant que je visite un peu rapidement ou encore l’Institut des manuscrits de l’Académie Nationale des Sciences, mais surtout le musée Nizami de la littérature. Les Azerbaïdjanais sont des gens cultivés qui portent un amour immodéré à leurs écrivains nationaux. Sur la façade du bâtiment datant de 1915, veille donc les monuments d’écrivains.
Audaces Architecturales
Le cœur historique, où se mêlent harmonieusement les influences arabes, ottomanes, russes, soviétiques mais aussi occidentales par des aspects haussmanniens, à lui seul vaut le détour. Cependant c’est grâce à une politique audacieuse en matière d’innovation architecturale que l’Azerbaïdjan réussi à se placer sur l’échiquier international. En 48 heures, j’ai pu visiter les réalisations récentes ou en cours de pas moins de 4 bureaux d’architectes de renommée mondiale : HOC, Zaha Hadid Architects, Foster - Partners, Heerim Architects & Planners Co. Ltd.
On accède au sommet de la colline la plus au sud (comme toutes les villes mythiques, Bakou a ses collines) grâce à un funiculaire qui me dépose non loin de l’Avenue des Patriotes, un mémorial en l’honneur des victimes tombées pour la patrie. De là, je me rends aux pieds des Flame Towers (maître d’œuvre : HOC). Les bâtiments sont superbes mais il me semble que si les 190 mètres de hauteur en imposent, c’est de loin et à la nuit tombée qu’on apprécie mieux le vacillement des flammes simulé par les milliers d’écrans led sur les façades. En cette douce après-midi, c’est la vue - gendre voir Naples et puis mourir - sur la ville en contrebas et la mer caspienne qui me ravit.
Douceur de vivre
La mer fait déjà partie intégrante de la ville, mais le réaménagement de la ligne côtière sous la houlette de Norman Foster donnera un nouveau visage à Black City, l’ancien port pétrolier. Ces anciennes installations à l’Est seront ainsi transformées en zone d’habitation, de loisirs et de commerces reliant la promenade existante à une avancée sur la mer.
Aujourd’hui cette promenade bordée d’arbres et donc à l’ombre - ce qui n’est pas un détail en été - a des airs de Riviera : les 5 étoiles s’y poussent du coude. Les fontaines qui rythment ces boulevards sont des lieux de rencontre et je lis souvent une curiosité amusée dans le regard des habitants.
Je signale au passage que la ville est propre à faire pâlir d’envie les Bruxellois que nous sommes, et que les gens sont d’une extrême gentillesse. Bref, non loin du boulevard, je m’asseois à la table d’un salon de thé en plein air. Le samovar fournit un thé brûlant et le serveur m’apporte diverses coupelles remplies de confitures de pêches, de cerises blanches et d’abricots, qu’il convient de manger à la petite cuillère.
Le temps presse si je veux voir tout ce que Bakou a à offrir à un touriste, mais toutes ces douceurs me rendent dolent et je vois l’ombre des arbres s’étirer sur le dallage banc. Bakou décidemment mérite que l’on s’y attarde un peu. Bakou se visite en quelques jours, mais les environs immédiats sont riches en découvertes. Le contraste entre la ville et la province est saisissant .
En allant visiter des peintures rupestres, j’ai fait un crochet par la fabrique de pianos Beltmann à Gabala. Cette entreprise est emblématique des efforts menés par le gouvernement pour vivifier l’économie rurale. La famille hollandaise Beltmann, active dans le secteur du piano depuis 1901, y a été installé en 2008, emploie 140 personnes et produit désormais 1000 pianos par an, made in Azerbaïdjan.